Loupe du ‘Le Rénovateur’ ! : Mbout, c’est la Mauritanie toute entière !

Ce qui s’est passé à Mbout dépasse de loin les sinistres que bien des localités du pays ont connues. L’ampleur du drame est immense. Il ne reste de la vieille cité que quelques maisons que les eaux n’ont pas fini d’engloutir. 
Quand on sait que la digue de protection a cédé sous la pression des eaux, on ne peut que s’inquiéter pour le reste des habitations qui tiennent encore sur un sol humide et très argileux. Le malheur ne vient jamais seul surtout en période d’hivernage où les inondations causent des dégâts énormes à l’endroit surtout de constructions précaires situées dans des marécages.

Mbout n’est pas à sa première catastrophe. Cette fois est la plus dramatique. Des milliers des sans abris s’interrogent sur leur sort eux qui ont tout perdu et qui se retrouvent réfugiés à quelques pas de chez eux. Ce cauchemar terrible ne fait que commencer pour des familles que ni les bâches de fortune, ni les kits de secours ne sauraient consoler. Il faut plus que cela.

L’Etat doit lancer dans les meilleurs délais un plan de reconstruction de Mboutaprès le retrait des eaux vers des sites plus sûrs. Le pire serait de laisser pourrir la situation et livrer les sinistrés à leur propre et triste sort. Mbout est l’une des plus vieilles cités du pays à disposer d’une école coloniale.

Aujourd’hui le plus vieux ancien combattant est issu de cette ville dont la structure sociale reflète la Mauritanie plurielle. Temple du savoir religieux Mbout est le creuset d’une Mauritanie dans toutes ses racines historiques. Là de grands érudits ont dispensé des cours de théologie à des générations de toutes les origines sociales.

Tout n’est plus aujourd’hui que symboles et vieux souvenirs. Cette cité reste l’une des plus oubliées dans les financements attribués par l’Etat pour la construction d’infrastructures urbaines. Pendant qu’on créé ex- nihilo des villes en plein désert, Mbout se délabre et se meurt à petit feu.

Aujourd’hui les eaux de pluie sont venues faire le reste. Où sont passés tous les cadres que cette ville a tout donné ? Que sont devenues les promesses électorales ?

Le Président ne doit pas se contenter d’envoyer quelques tonnes de vivres. Il devait se rendre pour voir l’ampleur de cette catastrophe et compatir au malheur des sinistrés. L’urgent est de lancer des études pour envisager un plan de reconstruction de la ville.

Ceux qui ont perdu leurs maisons sont des victimes qu’il faut dédommager comme bien d’autres en pareilles situations. Le cas de Mbout mérite plus de sérieux et de célérité dans l’action publique et dans l’élan de solidarité internationale. C’est triste de voir des hommes, des femmes et des enfants réduits à des pauvres sans abris.

L’Etat doit leur redonner espoir par des actes forts et rapides qui ne doivent pas se limiter à quelques semaines de distributions de vivre. Le drame n’est pas seulement local il est national. Mbout c’est la Mauritanie toute entière.

Cheikh Tidiane Dia
Source : Temps Forts (Mauritanie)