Exclusion de la Mauritanie de l’AGOA : « C’est une forme de sanction », explique l’abolitionniste Bakary Tandia

Exclusion de la Mauritanie de l'AGOA : Donald Trump a annoncé son intention d’exclure la Mauritanie de l’AGOA, pour pratique d’esclavage.

«C’est une forme de sanction, mais c’est le régime au pouvoir qui en est le seul responsable», a dit à VOA Afrique l’abolitionniste Bakary Tandia, qui demande la libération des militants détenus, notamment Biram Dah ABEID, président d’IRA-Mauritanie, en prison depuis le 7 Août 2018.

Personne ne souhaiterait voir son pays être sanctionné. En fait, cette décision est une forme de sanction, car elle prive le pays d’avantages commerciaux considérables et a un effet négatif sur l’image du pays. Le problème, c’est le régime qui est au pouvoir en Mauritanie qui en est le seul responsable, à cause de la situation catastrophique des droits de l’Homme.

Il y’a le problème de l’esclavage, la question de la discrimination raciale, l’injustice et j’en passe. Et je vous donne quelques exemples : depuis l’arrestation de Biram Dah ABEID, qui est le président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA-Mauritanie), le 7 août 2018, on assiste à une recrudescence de la répression contre les activistes, particulièrement activistes anti-esclavagistes. Nous avons l’exemple du sénateur Mohamed Ould Ghadda, le jeune Mohamed Mkheitir, le blogueur qui avait été condamné à mort et sa peine a été communiée en deux ans de prison en appel. Normalement, il devait être en toute liberté mais il est encore détenu. Nous n’avons aucune idée de son lieu de détention.

VOA Afrique : alors, justement, est-ce que vous pensez que cette initiative de la part des Etats-Unis, de la part du président américain, va permettre à tous ces prisonniers notamment d’être libérés ou en tout cas pour certains ?

Bakary Tandia : Nous pensons que cette décision va être un signal très fort indiquant la position des Etats-Unis par rapport à la situation des droits de l’Homme en Mauritanie. Nous espérons, en tout si le régime au pouvoir est intelligent, ils vont faire le nécessaire pour respecter les droits fondamentaux de ces personnes-là. D’autant plus qu’il n’y a aucune base légale pour les maintenir en prison.

VOA Afrique : Le communiqué précise également espérer que la Mauritanie travaillera avec les Etats-Unis pour éliminer le travail forcé, l’esclavage héréditaire afin que son illégibilité à l’AGOA soit rétablie à l’avenir et il pointe du doigt le fait que le Gouvernement ne permet à la société civile de travailler justement pour lutter contre l’esclavage. Est-ce que vous pensez qu’à partir de là, le Gouvernement fera peut-être plus d’efforts notamment pour collaborer avec vous contre ce fléau ?

Bakary Tandia : Au lieu de collaborer avec la société civile, pour atteindre ses objectifs qui consistent à supprimer et à éliminer totalement toutes les formes d’esclavage en Mauritanie, le Gouvernement s’est engagé dans une répression aveugle ces organisations et contre ces personnes-là. Donc, nous pensons que, s’ils se soucient de l’avenir de la Mauritanie, ils vont collaborer d’une manière productive, cesser la répression contre les membres de la société civile et libérer toutes les personnes qui sont actuellement en détention.

Bakary Tanja, joint par Nathalie Barge

Source : VOA Afrique