Des hommes en armes menacent des rappeurs mauritaniens réfugiés à Dakar

Des hommes en armes menacent des rappeurs mauritaniens réfugiés à Dakar

Le domicile àDakar d’un des membres du groupe de rap mauritanien Ewlad Leblad (« les fils du pays »), a été visité dimanche 28 février par des hommes en armes parlant l’arabe mauritanien. 

Selon le rappeur Izak, deux individus ont surgi aux environs de 15 heures dans son appartement situé route de l’aéroport. Ils étaient munis d’armes à feu et d’une photo de l’artiste qu’ils ont présentée à la femme de ménage présente sur place, selon cette dernière.

Avant de fracasser la porte de la chambre à coucher, fermée à clé. L’artiste et son épouse n’étaient pas chez eux. « Selon des témoins sur place, ces hommes circulaient à bord d’une voiture noire dépourvue de plaque d’immatriculation », ditIzak, contacté par téléphone.

Et d’ajouter : « C’est une méthode classique du pouvoir mauritanien que d’envoyer des sbires faire ce type de sale besogne ». Les autorités locales mènent l’enquête.

« Fuir notre pays »

Installés à Dakar depuis près d’une année, ces artistes engagés avaient reçu plusieurs menaces émanant de proches du régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz, qu’ils critiquent dans leurs chansons. L’un des deux rappeurs,Hamada, avait d’ailleurs été placé en détention en Mauritanie« On ne se sentait plus en sécurité, et on a profité d’un concert au Canada il y a un an pour fuir notre pays et nous installer à Dakar », explique Izak.

Depuis le Sénégal, Ewlad Leblad a sorti trois chansons, dont une réalisée avec les militants du collectif Y’en a marre. Fadel Barro, le leader de ce collectif, s’est dit très préoccupé. « Je cherche à faire entendre leur voix pour mieux les protéger, dit-il.

On va alerter les ONG internationales, mais je crains que le pouvoir de Macky [le président du Sénégal, Macky Sall] ne fasse grand-chose. Surtout pour leur protection. »

Leur dernière production, intitulée Vabraka, pointe les dérives politiques, les détournements de fonds, la corruption et les trafics supposés du régime mauritanien.
https://youtu.be/994tNxBEhKc

Source : Le Monde (France)