Mauritanie : Quand la Diplomatie Devient un Théâtre de la Médiocrité

Les récentes nominations d’ambassadeurs en Mauritanie ont suscité un tollé général au sein de la population. Indignation, choc, incompréhension : les Mauritaniens assistent, impuissants, à une mascarade où les critères de compétence et de mérite ont été totalement écartés au profit de considérations familiales, de favoritisme et d’allégeance aveugle au régime en place.

Des personnalités au parcours douteux, des individus sans qualification avérée et des figures entachées de scandales se voient propulsés aux plus hautes fonctions diplomatiques du pays, reflétant une Mauritanie méconnaissable, à mille lieues de celle respectée et influente de Moctar Ould Daddah.

Un Recyclage de la Médiocrité au Ministère des Affaires Étrangères

Des nominations récentes au ministère des Affaires étrangères ne laissent aucun doute sur la trajectoire prise par la diplomatie mauritanienne. Parmi les nouveaux ambassadeurs, on retrouve un véritable florilège de profils controversés :
• Lemane Ould Mechteba, un nom tristement célèbre, recherché par la justice saoudienne, dont le parcours est marqué par les arnaques et le grand banditisme. Cet individu dont l’intégrité est plus que discutable avait déjà été nommé consul général de la Mauritanie, suscitant la stupéfaction générale. Aujourd’hui, loin d’être écarté, il se voit de nouveau promu, démontrant que les casseroles judiciaires ne sont en aucun cas un frein à l’ascension diplomatique sous Ghazwani.
• Mohamed Ali Ould Sidi Mohamed, impliqué dans une affaire de corruption liée au port de Nouadhibou. Au lieu de répondre de ses actes devant la justice, il est tout simplement parachuté ambassadeur à Dakar. Un message clair envoyé à tous ceux qui gravitent dans les cercles du pouvoir : l’impunité est garantie et la loyauté envers le régime prime sur toute notion d’éthique.

Ce ne sont là que deux exemples parmi une longue liste de nominations décriées, illustrant le nivellement par le bas qui gangrène les institutions mauritaniennes.

La Diplomatie Confisquée par un Cercle Familial et Clientéliste

Derrière cette vague de nominations controversées se cache une réalité encore plus révoltante: l’accaparement des hautes fonctions par un cercle restreint de proches du président Ghazwani.

Plutôt que de choisir des représentants compétents et expérimentés pour défendre les intérêts du pays à l’étranger, le président privilégie ses cousins et les beaux-frères de son épouse, témoignant ainsi d’un mépris absolu pour l’opinion publique et pour le reste du corps diplomatique. La Mauritanie n’est plus dirigée selon des principes de gouvernance moderne, mais selon une logique de clan où seuls les fidèles et les protégés du régime ont droit de cité.

Quand l’Ambassadrice de la Honte Ridiculise la Mauritanie

Si la médiocrité s’est imposée dans la nomination des ambassadeurs, elle s’illustre aussi dans leurs comportements. La scène hallucinante du 15 février 2025, lors de la 38ᵉ session du sommet de l’Union africaine, restera gravée comme un moment de honte nationale.

Khadijetou Mint M’bareck Fall, supposée représenter la Mauritanie en Italie, s’est illustrée non pas par une intervention diplomatique marquante mais par une démonstration indigne d’une telle assemblée. En pleine session, elle a lancé des ululations et des youyous de smala, une scène grotesque qui a heurté et indigné les participants.

Jamais dans l’histoire des sessions de l’Union africaine une telle scène ne s’était produite. Ce comportement, digne d’une cérémonie de mariage et non d’un sommet international, témoigne de l’effondrement total du sérieux et du prestige de la diplomatie mauritanienne.

Vers Une Diplomatie du Griotisme et de la Flagornerie ?

Avec de telles nominations et des comportements aussi pitoyables sur la scène internationale, il ne serait pas surprenant de voir Zeidane Ould Oudaa, célèbre griot du régime, se voir attribuer un poste diplomatique lors d’une prochaine réunion officielle. Après tout, son talent pour l’éloge et la flagornerie semble correspondre parfaitement à l’image que veut projeter la Mauritanie de Ghazwani.

La diplomatie mauritanienne, jadis respectable, est aujourd’hui réduite à un instrument de gratification pour courtisans et protégés du pouvoir. Les chancelleries ne sont plus que des reflets fidèles d’un État en déliquescence où la médiocrité n’est plus une anomalie, mais bien la norme absolue.

A qui la faute? Qui sélectionne les ambassadeurs de la cour des miracles? A force de jouer avec le feu, Ghawani va réduire la Mauritanie en cendres. Sans être attaquée par une autre force de destruction, c’est l’irresponsabilité qui la mettra à genoux!

Abdallahi O Abdallah