Le 12 mai 2015, notre surprise a été grande de voir venir dans nos cellules de la Prison d’Aleg, le Commissaire de Police de cette ville pour nous signifier – à l’insu du collectif d’avocats qui assure notre défense-, la décision prise la veille par la Cour suprême dessaisissant la Cour d’appel de Nouakchott de notre dossier au profit de celle d’Aleg encore en voie de construction
Cet acte est une tentative vaine de régularisation, après coup, de notre incarcération arbitraire depuis le 15 janvier 2015 à la prison d’Aleg, loin de notre juge naturel qui seul peut connaitre de notre dossier et qui n’est autre que la Cour d’Appel dont relève le tribunal de Rosso au regard de l’organisation judiciaire telle que fixée par la loi.
Ce bannissement traduit la volonté du pouvoir d’organiser en catimini une parodie de procès en dehors de Nouakchott sans la présence de milliers de nos soutiens, militants des droits de l’homme et des causes justes, comme la nôtre.
Aussi, nous, Biram DAH ABEID – Prix 2013 de l’ONU pour les Droits de l’Homme et président d’IRA, Djiby SOW – président de l’ONG Kawtal ngam Yellitaare et Brahim BILAL RAMDHAN – vice président d’IRA, ayant une foi totale en notre innocence par rapport aux chefs d’accusation pour lesquels nous avons été arbitrairement condamnés :
-Déclarons juste et salutaire le combat pacifique d’IRA – Mauritanie et de Kawtal ngam Yellitaare contre l’esclavage, le racisme d’Etat, l’exclusion ainsi que toute forme de violation des Droits humains en Mauritanie,
-Considérons hautement politique le procès qui nous est fait et qui a été émaillé tout au long de l’instance de violations graves à la loi et aux règles et principes, notamment ceux garantissant à chaque justiciable le droit à un procès équitable et juste,
Dénonçons l’instrumentalisation de la justice et la soumission servile des juges au Pouvoir politique qui ont irrémédiablement ôté tout crédit à la décision rendue par le tribunal de Rosso à notre encontre et que la Cour d’Appel d’Aleg, agissant à la solde du pouvoir, confirmera sans murmure ou hésitation.
Déclarons en conséquence que la parodie de la cour d’appel d’Aleg se fera sans notre présence et demandons au collectif d’avocats qui a bien voulu se constituer pour assurer notre défense de s’abstenir d’entreprendre tout acte de procédure devant cette Cour dans le cadre de notre dossier.
-Appelons nos camarades, amis et soutiens, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Mauritanie à joindre leurs voix à la nôtre pour dénoncer l’instrumentalisation et le détournement du droit, par le Pouvoir ;
Exhortons les mauritaniens à se dresser comme un seul homme contre la dérive autoritaire, l’insignifiance politique et l’incurie des gouvernants qui menacent désormais l’existence même de notre pays.
Nouakchott, le 13 mai 2015
Signataires :
Biram DAH ABEID
Djiby SOW
Brahim BILAL RAMDHAN