Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a affirmé que l’esclavage n’existait plus dans le pays, mais qu’il en subsistait « des séquelles » que les autorités tentent d’éliminer, accusant les ONG d’en faire « un fonds de commerce ».
« L’esclavage n’existe plus dans le pays. Seules subsistent des séquelles de ce phénomène, que nous faisons tout pour traiter », a déclaré le président Aziz lors d’une conférence de presse dans la nuit de mardi à mercredi à Nouakchott.
« La lutte contre les séquelles de l’esclavage, c’est ce que nous faisons, en allant vers eux (les anciens esclaves et leurs descendants, NDLR) pour leur offrir de l’eau, des écoles, des routes, les regrouper pour mieux les servir », a-t-il ajouté.
Il a accusé les ONG anti-esclavagistes de nuire à ces efforts, en « détruisant la cohésion sociale », appelant à « l’unité de tous pour affronter ensemble » cette question.
« Ces derniers venus dans la lutte contre l’esclavage, dont d’anciens esclavagistes, nous tirent dessus et passent pour (des) victimes et font du phénomène un fonds de commerce, de gloire », a affirmé M. Aziz.
Plusieurs milliers de descendants d’esclaves maures, les « haratine », ont manifesté le 30 avril à Nouakchott pour revendiquer la justice et l’abolition des discriminations.
Plusieurs militants anti-esclavagistes ont été arrêtés ces derniers mois, dont le président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Biram Ould Dah Ould Abeid, condamné le 15 janvier avec deux autres militants pour « appartenance à une organisation non autorisée », un jugement dont ils ont fait appel.
Le gouvernement a adopté en avril un projet de loi renforçant la répression de l’esclavage, notamment par des peines plus sévères.
L’esclavage a officiellement été aboli en 1981 en Mauritanie.  Depuis 2007, les personnes reconnues coupables d’esclavagisme y encourent  des peines pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison mais le phénomène et les  pratiques qui y sont liées perdurent néanmoins, selon des ONG.
Ainsi, selon Amnesty International, « en Mauritanie, les descendants d’esclaves qui travaillent la terre sans aucun droit sont obligés de donner une part de leur récolte à leurs maîtres traditionnels ».
Le président Aziz a par ailleurs jugé « irrecevables » les exigences que lui a présentées dans un document l’opposition pour un dialogue politique « inclusif ». Le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU, opposition radicale) demande notamment dans ce document la dissolution de la garde présidentielle, la mise à l’écart de l’armée du jeu politique et une déclaration du patrimoine du président de la République.
« Dissoudre une unité de l’armée, en quoi cela ferait-il avancer un dialogue politique? », a rétorqué M. Aziz, appelant à un « dialogue direct, sans préalables ».