De nombreuses jeunes filles venues du Mali travaillent comme domestiques en Mauritanie. Souvent mineures, elles sont exploitées par des réseaux se livrant à un véritable trafic de jeunes filles mineures qui subissent toutes formes de sévices
Une situation qui pousse l’Association des Femmes Maliennes Battantes en Mauritanie (AFMBM) à tirer la sonnette d’alarme. Poussée par la crise multidimensionnelle que traverse le Mali depuis une douzaine d’années, de nombreux Maliens sont partis s’installer en Mauritanie.
Seulement, parmi eux, de nombreuses petites filles, souvent mineures, qui sont exploitées par des réseaux se livrant à des trafics d’êtres humains. Un phénomène qui prend une ampleur inquiétante en Mauritanie.
Fatoumata Coulibaly, présidente de l’Association des Femmes Maliennes Battantes en Mauritanie (AFMBM), qui a débarqué à Nouakchott en 1988 alors qu’elle n’avait que 16 ans et qui vit actuellement dans la commune de Sebkha -banlieue sud-ouest de Nouakchott-, se consacre à la lutte contre le trafic de jeunes filles venues du Mali. Celles-ci, selon elle, sont recrutées comme jeunes filles au pair mais se retrouvent victimes de multiples abus et mauvais traitements.
La militante retrace les contours de l’action de son organisation en faveur des migrantes, notamment ses compatriotes, acheminées vers Nouakchott par des réseaux spécialisés dans diverses formes d’exploitation.
Ces jeunes petites filles sont victimes «d’abus sexuels, confiscation de papiers d’identité, séquestration sur les lieux de travail, menaces de dénonciation et d’expulsion, refus de paiement du salaire…»
En plus de porter les cas d’exactions devant les autorités administratives et judiciaires, l’association offre l’hébergement, l’orientation, le renforcement des capacités en collaboration avec l’Association mauritanienne des droits de l’homme (AMDH), l’ambassade du Mali et les autorités mauritaniennes.
Kadiatou Coulibaly, secrétaire au sein de l’AFMBM, salue l’action de Fatoumata menée sur tous les fronts, notamment dans les commissariats de police, auprès des tribunaux, les démarches entreprises auprès de l’ambassade…
Une migrante, victime ayant requis l’anonymat, venue de Bamako, alors qu’elle avait tout juste 16 ans, raconte sa mésaventure. Un récit qui raconte le calvaire de 3 ans et 6 mois de travail sans percevoir le moindre salaire, pourtant été fixé à 35.000 francs CFA (53 euros) par mois, en dehors de tout contrat écrit.
Le 22 janvier 2023
Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)
Source : Le360 Afrique