Brahim Ramdhane : en Mauritanie, « deux millions de victimes de l’esclavage sont encore laissées de côté »

Cher Mr le Président de l’ECOSOC

Cher modérateur,

Honorables représentants des pays,

Chers panélistes et mes amis de la société civile,

Collègues du groupe de parties prenantes des communautés discriminées sur le travail et l’ascendance !

Je viens de la Mauritanie, un pays où plus de deux millions de victimes de l’esclavage sont encore laissées de côté, mais je viens aussi parler au nom de toutes les victimes de discriminations dans le monde…

Nous sommes plus de 260 millions de personnes à travers le monde, connues sous le terme générique de communautés discriminées sur la base du travail et l’ascendance en Afrique, en Asie, en Europe et en Amérique latine.

Cher Président

Cher modérateur, Honorables représentants des pays

En raison de la discrimination hiérarchique et générationnelle, les communautés discriminées dans le travail et l’ascendance ont été et continuent d’être soumises au travail forcé, à la servitude et à toutes les formes contemporaines d’esclavage. Cependant, le lien et les moyens de surmonter ces conditions grâce à l’éducation ont été documentées, mais manquent de la reconnaissance adéquate pour être une force transformatrice et révolutionnaire que l’éducation peut avoir.

Je suis un exemple de la force transformatrice que représente une bonne éducation. Je suis né esclave, parce que ma mère a été asservie. L’école m’a sauvée et m’a libérée.

Les esclaves dans mon pays, la Mauritanie ainsi que ceux des pays voisins, notamment du Sénégal, du Mali, du Niger, ne sont pas menottés avec des chaînes aux mains ou aux pieds certes, mais ils le sont dans la tête. Ils croient qu’ils ont été créés pour être moins que les autres ! Et il n’y a aucun moyen de supprimer ces chaînes et de changer ces mentalités autre que par l’éducation et l’éducation uniquement.

L’engagement ODD4-Éducation 2030 promeut des opportunités d’apprentissage tout au long de la vie inclusive et de qualité pour tous et est particulièrement important pour les femmes et les filles car elles ont tendance à être culturellement marginalisées de l’éducation et 71 % des victimes des formes contemporaines d’esclavage sont des femmes ou des filles. L’éducation représente l’une des échappatoires les plus prometteuses aux conditions de travail forcé.

L’engagement en faveur d’une éducation inclusive de qualité et de meilleurs résultats d’apprentissage implique également le besoin urgent de se concentrer sur les enseignants – leur potentiel, leur développement professionnel et de garantir un apprentissage inclusif afin de garantir un environnement d’apprentissage exempt de hiérarchies discriminatoires fondées sur l’ascendance.

Un grand nombre d’enfants et d’adolescents issus de communautés discriminées en matière de travail et d’ascendance ne sont pas scolarisés. Juste avant que la pandémie ne frappe, 53 % des jeunes fréquentaient l’école secondaire dans le monde, mais seulement 29 % en Afrique subsaharienne, ce qui exclut probablement les enfants issus de communautés discriminées sur la base du travail et l’ascendance particulièrement graves.

Cher Président et modérateur, Honorables représentants des pays

Le financement de l’éducation est probablement la recommandation la plus simple et la plus évidente que je voudrais faire ici aujourd’hui en plus de la création de programmes pour inciter les enfants et en particulier les femmes et les filles à aller à l’école.

Pour un environnement d’apprentissage efficace, il serait pertinent également le besoin d’éradiquer non pas la pureté et la pollution qui sont des stigmates particulièrement dévastateurs pour les femmes et les filles. En Afrique sub-saharienne, plus d’un quart de la population passe plus d’une demi-heure par trajet pour aller chercher de l’eau. Cette tâche incombe généralement aux femmes et ce fardeau empêche souvent les filles d’aller à l’école.

Le gouvernement actuel de mon pays fait de grands efforts pour améliorer l’éducation et autonomiser tous les groupes, mais ces efforts sont encore inférieurs aux normes et manquent d’un soutien matériel et pertinent de la part des Nations Unies et des organisations qui brandissent le slogan du développement durable.

Monsieur le Président

Nous demandons à votre estimé conseil, et à travers vous aux Nations Unies, de faire pression sur les pays d’Afrique de l’Ouest pour qu’ils orientent les fonds internes, les prêts externes et l’aide internationale vers la construction d’écoles, le recrutement d’enseignants et leur motivation. Ainsi, nous ne laisserons personne derrière.

Merci et que la paix soit sur vous.

Merci.

Brahim Ramdhane

Président de la Fondation Sahel pour les droits de l’Homme en Mauritanie

Partie prenante / CDWD / GFOD