«J’ai fait part au président Ould El Ghazouani de ma préoccupation que la dernière démonstration de force de l’Algérie, ainsi que ce qui s’est passé au passage d’El Guerguerate il y a des mois, puissent pousser certains d’entre eux (de la région du nord, ndlr) à saisir cette opportunité, coopérer avec les Algériens et les Sahraouis et annoncer la scission du nord de la Mauritanie», a indiqué, dans des déclarations à la presse, reprises par le site Anbaa l’homme politique qui assure la présidence de l’Alliance populaire progressiste (APP), gauche panarabiste, et du Conseil économique et social.
«Les gens du nord disent depuis quelque temps qu’ils en ont marre de porter la Mauritanie sur leur dos, et qu’ils veulent être une nation à part entière, et je lui (le président Ghazouani, ndlr) ai assuré que beaucoup de choses ont été dites à ce sujet.»
Des jeunes du nord de la Mauritanie avaient combattu dans les rangs du Polisario
Des groupes de jeunes originaires du nord de la Mauritanie réclament, en effet, de bénéficier des ressources minières de la région, notamment l’or et le fer. Par le passé, le Polisario avait accueilli dans ses rangs des résidents de Zouerate et ses environs. M’hamed Khaddad, décédé en avril 2020, était l’un deux.
Son père était le secrétaire fédéral du Parti du Peuple à la wilaya de Zouerate, parti fondé par le premier président du pays Mokhart Ould Daddah (1960-1978). Néanmoins d’autres n’avaient pas eu pas la même chance. Accusés d’être des «espions» du Maroc, ils ont disparu ou ont passé des années dans les prisons du Polisario.
Ould Boulkheir a révélé qu’il a fait part de ses préoccupations lors d’une récente réunion avec le chef de l’Etat mauritanien, au cours de laquelle il a plaidé pour l’organisation d’un «dialogue national», seule solution à même de permettre à son pays de «faire face aux défis avant qu’il ne soit trop tard», rapporte la même publication.
Une revendication ayant eu l’adhésion de six partis de l’opposition mauritanienne, lors d’une réunion organisée le 16 août à Nouakchott. «En organisant un dialogue politique qui aborde toutes les questions, y compris la question de la disparition de la Mauritanie, j’ai recommandé que tout le monde y participe sans exclusion», a-t-il expliqué.
En décembre 2009, Messaoud Ould Boulkheir, alors président de la Chambre des représentants, tenait d’autres propos. Il avait condamné les éloges de l’ambassadeur de son pays à Rabat, Ould Mohamed Khouna, à la politique marocaine au Sahara.
Il avait mis en garde l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz contre les conséquences de l’abandon «de la neutralité» de son pays sur la question du Sahara occidental, estimant que l’alignement sur la position du royaume «porterait atteinte à l’existence même de l’Etat mauritanien et signifierait l’entrée en confrontation avec le Polisario», soit une éventualité à laquelle la Mauritanie n’était «pas préparée».
Avant de signer les accords d’Alger d’août 1979, l’armée mauritanienne étaient en guerre contre le Polisario.
Mohammed Jaabouk