Reprise des vols Air-France : les risques valent-ils la chandelle, et l’hypothèse soulève des interrogations

Reprise des vols Air-France : les risques valent-ils la chandelle, et l'hypothèse soulève des interrogationsLa compagnie aérienne Air-France a annoncé la reprise de ses vols commerciaux en direction du continent africain en juin 2020 selon le journal Essahraa rapporté par CRIDEM le 11-05-2020.

Selon cette publication, les premiers vols à destination du continent quitterons l’aéroport Charles De Gaulle de Paris le 3 juin, et celui à destinations de Nouakchott le 15 du même mois, avec une fréquence de deux vols par semaine et constitue une escale pour la destination de Conakry.

Cette information justifie que l’on se demande alors ce qu’il en est des frontières Mauritaniennes jusque-là fermées? A notre connaissance, nos autorités n’ont fait aucune déclaration concernant la levée en perspective de cette interdiction du moins à la date indiquée par Air-France.

Une chose est, à nos yeux, certaine, la compagnie française ne peut s’aventurer à publier officiellement le programme de ses vols avant d’avoir la certitude de l’assumer. Car, ce serait contraire à sa stratégie commerciale, voire même à l’éthique professionnelle.

Aurait-elle obtenu l’assurance ou la garantie des autorités mauritaniennes ? Il est donc à priori légitime de se demander si, face à la pandémie du covid 19, notre chère Mauritanie remplit les conditions pour rouvrir ses frontières d’ici un mois? La décision ne serait-elle tout simplement politique, diplomatique ou alors le résultat d’une volonté motivée par un avis des autorités sanitaires? Cette faveur concernera-t-elle seulement Air-France, et au quel cas s’applique t-il le principe de réciprocité c’est à dire est ce que l’espace français s’ouvre t-il aux Mauritaniens? ou également toutes les compagnies de la sous-région sont-elles concernées par cet avantage, à savoir ROYAL-AIR- MAROC, AIR-ALGERIE, AIR-SENEGAL, BINTER, la compagnie Espagnole, entre autres?

Si oui, cela supposerait l’ouverture des frontières au monde entier, du moins celles aériennes. Telles sont donc les questions que doivent se poser les Mauritaniens qui sont avant tous et en première ligne exposés aux risques. A notre avis, le maintien fermé des frontières entre la Mauritanie et la France est plus bénéfique à nous, eu égard à l’optique de précaution contre la pandémie , sauf au contraire si l’Etat Mauritanien privilégie l’intérêt économique de la France au détriment de sa population qu’elle exposerait au risque du covid 19.

Nous en sommes jusque-là à neuf cas officiellement déclarés avec deux décès tandis que la France est à 140 708 cas déclarés avec 27 339 décès. Cette hypothèse demeure valable pour nos voisins du Sénégal dont la maladie est entrain de prendre des proportions inquiétantes, prés de 2000 cas confirmés, du Mali qui a déclaré son incompétence à faire face à la montée de la pandémie et le Maroc qui en a aussi enregistré plusieurs cas dont le royaume n’arrive pas à maitriser l’évolution, pareil pour l’Algérie.

Ainsi, dans l’hypothèse où il ne soit permis seule qu’à AIR-FRANCE d’effectuer ses navettes, quel motif diplomatique servirait de base pour justifier l’interdiction d’avec les pays voisins de la sous-région, surtout, si l’on sait que la France est, de loin, plus frappée par la pandémie que nos voisins d’AFRIQUE ? Encore, une autre question qui mérite une réponse.

Nous notons que nous avions beaucoup apprécié l’attitude des autorités Mauritaniennes qui ont su, à travers le comité interministériel agir à temps et anticiper des mesures préventives et efficaces, qui ont certainement limité jusque-là les craintes . Mais aujourd’hui, nous ne cachons point notre scepticisme face à une telle initiative que nous qualifions de précoce. En effet, nous trouvons prématuré la réouverture des frontières d’avec la France avant de connaitre l’évolution simultanée et en France, et en Mauritanie.

En France, le déconfinement vient d’être engagé et certains spécialistes craignent une nouvelle vague. En Mauritanie aussi, l’assouplissement des mesures, notamment la réouverture des marchés et des mosquées peut-être synonyme de risques d’autant plus que nous venons d’enregistrer un nouveau cas de covid 19 dont le porteur a rendu l’âme, mais laissant sans doute derrière lui des contaminés dont on ne saurait évidement tous identifiés et qui constituent des facteurs de risque de contamination, puisque le patient avait quand même eu beaucoup de contacts avant de décéder.

D’ailleurs la recherche de personnes ayant eu contact avec lui ne remonte pas seulement aux trois jours pendant lesquels il n’a fait que présenter des symptômes mais a delà, pour des contacts qu’il aurait probablement eu durant la période d’incubation soit quatorze jours. Ce qui complique d’avantage la recherche.

De rappeler que les mesures préventives doivent aussi être basées en fonction de la capacité de réaction de nos structures sanitaires en charge de lutte contre la maladie. Hors ce qui s’est passé avec le cas dernier du covid 19 selon la version de la fille du patient illustre sans doute la défaillance de celles ci. L’on se demande à même à quoi il sert d’appeler le 1155. Puisque d’abord il n’est pas évident qu’ils se déplacent, ensuite lorsque le patient se déplace de lui même il n’est pas sur qu’il lui administré un dépistage, toujours selon les propos relatés dans les réseaux sociaux par la famille du défunt. C’est au niveau des services cardiologies qu’on a identifié regrettablement et avec retard que le patient souffrait du covid 19.

Au moment ou je cris ces lignes le bilan sanitaire était ainsi établie neuf cas déclarés et un seul décès, alors il y’a 24h nous sommes passés à seize cas déclarés officiellement et deux morts.

Aux populations, nous rappelons l’assouplissement des mesures de précaution n’est pas synonymes à relâcher la prudence, et l’on doit tant que possible éviter les déplacements en gardant la distanciation sociale et en respectant les mesures hygiènes.

Qu’Allah préserve la Mauritanie de ce fléau.

Amadou Tidjane DIOP
President FRUD & vice-president de la CVE