L’HOMMAGE de Solidarité Africaine de France A MANU DIBANGO

« Seul l’Esprit, s’il souffle sur la glaise, peut créer l’Homme. »

Lorsque puisant dans les sources intarissables d’une inspiration jaillie des profondeurs abyssales du « Chant-Chorale », s’élève le Chœur mélodieux, envoûtant, harmonieux de l’une de tes chansons – Culte : « SOIR AU VILLAGE » ; et que les vibrations de ta voix basse de « Chantre » épousant la suave gravité du sage, au lointain son du Tam-Tam, invite « corps et âmes » à entendre, au clair de lune, « l’harmonie du soir » surgie des envolées lyriques de ton saxophone, alors que de gracieuses mélopées enchantent l’air vespéral ;Le Temps s’arrête.

 

Le Temps s’arrête pour cristalliser dans la conscience et l’inconscient collectif de tout Africain d’Afrique et du MONDE, la résurgence affective et nostalgique du lien ancestral, culturel et cultuel avec « ses racines », « sa terre ancestrale » et cet « ailleurs qui est nous-mêmes » et nous rappelle que nous sommes tous, à l’image de l’homme Universel, plus que « des êtres des lointains » selon la formule d’Heiddeger, « des fils du soleil ».

 

Le retentissement dans les tréfonds de chacun d’entre nous, des sonorités traversées par tous les souffles, sensibilités et musicalités du Cameroun, ton pays Natal que tu as tant aimé, du rugissement du fleuve CONGO des berges duquel tu as émergé, de la Côte d’ivoire, du Sénégal, du Nigéria, de l’Europe, des Amériques et de la France que tu as adoptés, sans renier tes racines de ‘’MAN NYU DIBANGA’’ « L’Enfant au corps de crevettes », trace, depuis ton RIRE ECLATANT EN CONTRALTO que prolongeaient les sonorités insufflées à ton saxophone, le parcours dense et riche du génie musical polyvalent ; le parcours immense et éclectique du voyageur conquérant des « terres musicales neuves » ;

 

Le déchiffreur de « l’Ancien et du Nouveau » toujours à la recherche des saveurs musicales nouvelles ; le défricheur et cultivateur du sillon devenu meuble où sont ensemencées des graines musicales d’autrefois, d’aujourd’hui, de demain ; l’infatigable découvreur du « Nectar des fleurs musicales » issues de tous les terroirs où s’entendent, le Makossa, la Rumba, la Samba, le Jazz, le Rythm and blue, le Jazz-Rock, la Folk-music, la World-music, la chanson, le chant, le conte chanté, la parole mise en musique.

 

Oui ! MANU DIBANGO, tu fus. Tu es et demeures.

 

Maintenant que dans la discrétion humble qui t’a caractérisé quatre vingt six ans durant, tu tires ta révérence et t’effaces de la scène mondiale que tu as abondamment arpentée, fréquentée et jalonnée de succès planétaires,

Saches que   le Cameroun, « berceau de tes ancêtres » et tous les Camerounais, indépendamment des blessures qu’ils t’ont inéluctablement infligées par amour, par passion, par aveuglement ou dénégation, tous les Africains, Afro-Américains, Européens et Asiatiques qui t’ont adulé, écouteront pour se souvenir, pour se consoler, pour perpétuer de génération en génération : « SOUL MAKOSSA », « SAMBA SUGAR », « SOIR AU VILLAGE ».

 

L’Initial ‘’S’’ qui n’est pas sans rappeler les courbes sensuelles de ton instrument de prédilection ; « le Saxophone », lequel précisément a pour initial ‘’S’’ n’est pas un hasard, puisqu’il est dit du « hasard » qu’il est « l’OMBRE DE DIEU ».

 

Quand bien-même, il en serait un, la confluence en courbes montantes et descendantes du Saxophone dont les sonorités ne s’obtiennent que par le biais du souffle, illustre de manière emblématique la rencontre entre Ta personne – Ton instrument de prédilection – Ta vie et ton destin.

 

Quadrature du cercle ? Que NON ! Ouverture du cercle éclaté par sa quadrature ? Oui !

 

MANU DIBANGO,

 

Mon Frère, mon Grand-frère, mon Tonton, mon Père, il me souvient de t’avoir opportunément rencontré dans ma prime jeunesse, alors que le sac en bandoulière, tu arpentais la rue Kennedy non loin du défunt CINEMA LES PORTIQUES de la cité Capitale du Cameroun. Le souvenir de ton affabilité, de ta bienveillance et de ton sourire dans le bref échange que nous eûmes, m’est resté, gravé au cœur …

Pour t’avoir côtoyé des années plus tard dans le projet …. « HAÏTI DEBOUT », m’être entretenu avec toi et avoir été gratifié de ton ouverture d’esprit, ta disponibilité légendaire et la pertinence avisée de tes propos, je sais qu’un Initié du NGONDO immergé et sorti des fonds baptismaux des eaux du Wouri, MEURT DEBOUT….

Aussi, ne vais-je retenir que ce que tu étais, es et demeures, et non ce qu’ils ont fait sur la Fin….

Car, tu es de ceux qui, pétris dans « la glaise inoxydable où souffle l’esprit », taillé dans le socle granitique des valeurs conviviales de partage joyeux, d’apaisement et de solidarité que seule la musique peut procurer, ont un destin tracé par l’ETOILE SYRUS que l’Egypte pharaonique, plusieurs fois millénaires, considérait comme le séjour originel des âmes élevées, et que les Dogons identifiaient comme le lieu, plus lointain encore que l’Etoile SYRUS Egyptienne, où retournent pour « briller davantage », ceux dont la lumière a éclairé et illuminé tel « un subtil mais fabuleux rayon de soleil », les hommes et leur Séjour terrestre.

 

« S » initial de SYRUS comme Saxophone – Soul Makossa – Samba Sugar – Soir au village ?!…

 

Vénérable et Illustre père de « Soul Makossa »,

 

Tu rentres dans le panthéon des Etoiles Noires dont l’Etoile SYRUS est la demeure et où t’ont précédé d’illustre mémoire, les lumières de MICHEL JACKSON, MYRIAM MAKEBA, TABU LEY, PAPA WEMBA et j’en oublie…

 

Tu fus, es et demeures.

Car, « Seul l’Esprit s’il souffle sur la glaise peut créer l’Homme. » /-

Terre des Hommes

 

Pour Solidarité Africaine de

France,

 

Le Président,

    Guy Samuel Nyoumsi