Présidentielle en Mauritanie : les adversaires d’Ould Ghazouani restent « vigilants »

Le 22/06/2019 – C.R.I.D.E.M.

Alors que les Mauritaniens élisent le 22 juin le successeur du président Mohamed Ould Abdelaziz, les adversaires d’Ould Ghazouani, candidat du camp présidentiel, s’inquiètent du risque de fraude.

Les bureaux de vote ont commencé à accueillir les quelque 1,5 million d’inscrits (sur 4,5 millions d’habitants) comme prévu à 7h GMT. Ils doivent fermer à 19h GMT, les premiers résultats étant attendus en début de semaine prochaine.

Des files d’attente se sont constituées dès l’ouverture dans le quartier chic de Nouakchott où votent la quasi-totalité des candidats, une affluence inhabituelle à cet horaire.

Le candidat du camp présidentiel, Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, dit Ould Ghazouani, a voté en début d’après-midi au stade de la capitale, entouré par un imposant dispositif policier. L’ex-général a salué le déroulement du scrutin et félicité « le peuple mauritanien pour sa maturité politique ».

Le président sortant Mohamed Ould Abdelaziz, qui ne pouvait pas se représenter après deux mandats, a appelé à choisir un président qui conduise le pays « sur la voie de la sécurité et de la stabilité ». Il a prédit un « retour en arrière » si son compagnon d’armes de toujours n’était pas élu.

« Nous restons vigilants »

L’ancien chef de gouvernement de transition (2005-2007) Sidi Mohamed Ould Boubacar, considéré comme le principal rival d’Ould Ghazouani, a voté dans la même école qu’un autre candidat, l’opposant historique Mohamed Ould Moloud.

« Nous restons vigilants, prêts à dénoncer toute tentative de fraude », a prévenu Mohamed Ould Boubacar, soutenu par une large coalition comprenant le parti islamiste Tewassoul, principale formation d’opposition, ainsi que par le richissime homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou.

Il a relevé des « indices inquiétants », citant notamment l’absence d’observateurs internationaux et la composition de la Commission électorale.

Les cinq adversaires du candidat du camp présidentiel ont à plusieurs reprises dénoncé une volonté de perpétuation d’un régime « militaire » et des risques de fraude. Ils se sont engagés à se soutenir mutuellement en cas de second tour le 6 juillet.

« Changement pacifique et radical »

« Le peuple n’acceptera pas qu’on lui vole son vote », a renchéri le candidat et militant antiesclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid, qui a voté dans une banlieue populaire du sud de Nouakchott, se disant convaincu de la « volonté de changement » des Mauritaniens.

Hommes et femmes font la queue côte à côte mais séparément dans cette République islamique, avec des rangs nettement moins fournis pour les femmes. Ils cochent ensuite sur un bulletin unique le nom d’un des candidats, numérotés et illustrés d’un symbole (balance, épi de blé, lion, clé, théière, bovin).

« Les gens ont besoin d’un président qui va changer leur situation », a déclaré une électrice, Khadaja Boubacar. Un autre électeur, Abdellahi Ould Vettah, s’est prononcé « pour le changement pacifique », mais « radical », revendiquant « l’égalité, l’éducation, la justice sociale ».

Par Jeune Afrique avec AFP