M. Youssouf Tijani Sylla, ancien sénateur : « J’apporte mon soutien à Ghazouani pas au candidat de la majorité »

M. Youssouf Tijani Sylla, ancien sénateur : Vous avez décidé d’apporter votre soutien au candidat de la majorité Ghazwani alors même que vous ne portiez pas dans votre cœur le pouvoir en place dont il demeure l’un des principaux artisans Peut-on savoir pourquoi ? 

Youssouf Tijani Sylla : Je remercie votre journal pour cette opportunité. J’apporte mon soutien à mon candidat pas à celui de la majorité puisque je ne suis pas de cette majorité. En ce qui concerne le pouvoir, je n’apporte pas mon soutien à un pouvoir mais à un candidat que je connais moralement et en qui j’ai confiance.

En plus Ghazouani n’a jamais fait partie d’un système mais d’une armée qui sert une nation et non des régimes, il faut toujours faire la différence, les militaires servent leurs pays et obéissent à leurs hiérarchies qu’elles soient de gauche ou de droite.

-Vous avez écouté le discours que le candidat Ghazwani, a prononcé, le 1er mars dernier, à l’occasion de sa déclaration officielle de candidature et vous l’avez accompagné dans sa tournée à l’intérieur du pays. Pouvez-vous rassurer ceux nombreux qui pensent que votre candidat ne fera que perpétuer la gouvernance que le pays connaît depuis dix ans, pis, qu’il sera même otage de son ami et alter égo, Ould Abdel Aziz qui l’a choisi comme dauphin?

– En ce qui me concerne, j’espère qu’il fera tout pour satisfaire les doléances de toutes les composantes du pays. Mohamed est un homme sérieux et travailleur et surtout respectueux de ses engagements. Rassure-toi, il ne sera l’otage de personne et d’ailleurs est-ce qu’Aziz cherche à faire des otages et pourquoi?

Dans son discours d’investiture, le candidat Ghazwani s’est engagé à rétablir dans leurs droits, tous ceux qui sont victimes d’injustice et de marginalisation. A qui pense-t-il et comment il peut s’en prendre ? Saura-t-il échapper au sort de SIDIOCA quand celui-ci s’est engagé à régler définitivement le passif humanitaire et la question de l’esclavage ?
-Ghazouani est un homme de terrain et connais parfaitement tous les rouages de l’Etat et je vous assure qu’il fera de son mieux pour le règlement intégral de tout ce qui touche à l’unité nationale et à la cohésion sociale.

-A votre avis, Ould Ghazwani est-il candidat « indépendant » des chapelles politiques ou candidat du principal parti de la majorité présidentielle, à savoir, l’UPR dont il n’aurait pas accepté l’investiture ?

– Ghazouani est un candidat de tous ceux qui le soutiennent ou qui veulent le soutenir qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition.

-La question de l’unité nationale demeure pendante et vous en savez quelque chose pour avoir cheminé avec le Mouvement IRA et les associations de victimes des rescapés et victimes des exactions commises entre 1989 et 1990 en Mauritanie. Pensez-vous, à la lumière de son discours qu’il en ferait l’une de ses priorités ? Si oui, de quels atouts dispose –t-il pour apporter des solutions consensuelles à cette question ?

-Voilà une question pertinente. J’ai cheminé avec IRA-Mauritanie pas avec IRA pays étrangers ou IRA parti politique. J’ai milité dans une organisation des droits de l’homme pas dans une organisation politique qui diffuse des fausses informations.

Je te prie de revoir le communiqué d’IRA sur sa dernière manifestation à El Mina ou j’étais présent en compagnie de mon ami Alioune Sow, directeur de Mauritanie.com et je te garantis qu’il n’y a pas eu de blessés et pourtant Biram à tenu à dire qu’il y a eu plusieurs blessés graves malgré que nous lui avons expliqué clairement qu’il y a quatre arrestations mais pas de blessés.

Pour toute explication, il me répond : ’’non, c’est pour la consommation étrangère’’ c’est à dire qu’en d’autres termes, nous trompons les organisations et la communauté internationales par des fausses informations sur notre pays alors qu’il y a énormément de problèmes réels dont la persistance de poches de l’esclavage, les inégalités sociales dans beaucoup d’autres domaines. Je ne trouve aucune raison de dire et d’écrire des fausses informations sur notre pays, il faut juste dire et écrire la vérité.

Les douleurs de nos compatriotes ne doivent pas servir de fond de commerce, il faut dire les réalités du pays qui, à mon avis, sont plus que suffisantes. Il y a beaucoup d’injustices et il faut le dire mais personnellement je n’aime ni le mensonge ni ceux qui le véhiculent.

En ce qui concerne les douloureux événements de 89-9, ils sont d’une extrême gravité et je suis certain que le candidat Ghazouani, comme tous les autres d’ailleurs, en sont conscients et je pense que des démarches seront entreprises pour un règlement définitif de cette injustice qui mine notre unité nationale et freine notre cohésion sociale.

-En s’emparant du pouvoir, le 8 août 2008, le président Aziz et le HCE ont proclamé leur détermination à éradiquer la gabegie, le népotisme et le tribalisme. Quel bilan vous faites de ces chantiers ?

– Je laisse vos lecteurs faire le jugement à ma place. Ils savent toute la vérité sur ce sujet. En ce qui concerne la destruction de l’immeuble du sénat et d’autres bâtiments de l’Etat dont certains sont historiques, je ne la partage pas mais je ne suis pas le président de la République, lui a une autre vision et peut-être une raison que je ne maîtrise pas. Il a sa façon de voir et les prérogatives d’un chef de l’Etat.

– Les détracteurs d’Ould Abdel Aziz trouvent qu’il ne s’investit pas beaucoup dans le soutien actif au candidat Ghazwani. Avez-vous cette impression ?

-J’estime que celui qui déclare ouvertement soutenir un candidat n’a aucune raison de faire le contraire, il faut bien comprendre que nous sommes dans la bonne période pour créer des doutes et des suspicions entre les candidats et leurs bases. Aziz est l’ami intime de Ghazouani. Ils ne sont certes pas la même personne mais ils s’apprécient et se respectent. Je vous remercie.

Propos recueillis par Dalay Lam

Source : Le Calame (Mauritanie)