Un pêcheur de la localité de N’Diago, dénommé Assane Abdoul Aziz Dieye a été atteint à la jambe d’une balle, tirée par une équipe de la marine mauritanienne, le 10 février, affirment des pêcheurs de cette localité. La victime est depuis, hospitalisée, à l’hôpital militaire de Nouakchott où il a été évacué.
Le groupe de pêcheurs qui a contacté Le Calame, raconte qu’un groupe de 17 pêcheurs de la ville de N’Diago, opérant à Nouakchott sont allés en mer, à bord d’une grosse pirogue de filet tournant. Leur pirogue fut abordée, vers 17 heures par une équipée de la marine qui n’aurait pas demandé les pièces nécessaires (licence de pêche et cartes d’identité de tout l’équipage).
Un contrôle de routine quotidien. Les marins exigent du capitaine de descendre du bateau, celui-ci refuse parce que sa pirogue était probablement en règle. L’équipée de la marine décide alors de poursuivre la pirogue des pêcheurs qui regagnait son point d’attache au marché de poisson de Nouakchott.
Convaincus que les marins les suivaient, les pêcheurs prirent le soin de bien sécuriser leur embarcation à l’accostage. C’est le moment que choisissent les marins, au crépuscule, pour surprendre l’équipage sur le point de mettre pieds à terre pour rentrer à la maison avec leurs produits. Ils sautent dans la pirogue, tirent en l’air, menacent avec leur armes. Le capitaine du bateau, Assane Dieye, fut atteint à la jambe par une balle.
Ils avaient pris le soin de ligoter l’équipage et de le passer à tabac. 5 pêcheurs, ayant profité de l’obscurité du crépuscule, se jettent dans l’eau pour rejoindre, à la nage, la terre ferme. Les marins exigent du second capitaine qui est par ailleurs le petit frère de celui qui est blessé, de redémarrer le moteur de la pirogue en direction du port, ce qu’il a refusé. Il mettra le moteur en marche, sous la menace des armes, affirment les pêcheurs.
Le blessé qui gisait dans son sang fut extirpé discrètement pour être conduit, par une petite vedette vers le port d’où le rejoindront, ses compagnons d’infortune : Hassan Nagi, Aly Bré, Abdou Salam, Sidi Mohamed Lemine, Aly Bekrine, Cheikh Mohamed Moustapha, Med Abdallahi, Birane Moctar Gaye, Mohamed Abdoul Aziz Dieye, Assane Abdel Aziz Dieye et Issagha. Le blessé sera transporté à l’hôpital militaire pour y recevoir des soins, affirment ses collègues. Mais, au lieu d’être conduits, à la gendarmerie, comme de règle, ils furent présentés aux gardes-côtes puis vers la police pour vérification, après quoi, ils furent relaxés. Parmi ces 11 personnes, 4 sont sortis de l’académie navale de Nouakchott, signalent les pêcheurs.
Les amis de Assane Dieye disent ne pas comprendre pourquoi les marins mauritaniens se sont attaqués à leur pirogue, ont maltraité l’équipage et tiré sans autre forme de procès, alors même qu’ils venaient d’accoster.
Face à cette situation, les pêcheurs de N’Diago ne sont pas allés en mer, depuis plus de 48 heures, ils entendent protester contre cette attaque contre leurs collègues pêcheurs, les tracasseries en mer.
« Nous nous sommes toujours plaints auprès de notre maire et des autorités administratives et de sécurité, en vain. Ils dénoncent la politique de deux poids, deux mesures. En effet, s’offusquent nos pêcheurs, en dépit de l’existence d’une loi, censée protéger les nationaux et interdisant la pêche aux étrangers, il y a plus d’étrangers en mer aujourd’hui que de mauritaniens. Ils citent pour preuve l’absence de contrôle de ces étrangers qui écument les bateaux, principalement les sénégalais, amenés par des mauritaniens et vivant dans des campements situés tout au long de la côte. Or, se désolent les pêcheurs, la présence d’un seul étranger dans une pirogue d’un mauritanien lui vaut un arraisonnement et une amende de 5 mille MRU. Une injustice sur laquelle toute une chaine (administration, sécurité) ferme les yeux parce que la pratique met en jeu de gros intérêts, suspectent les pêcheurs. Ceux de N’Diago opérant à Nouakchott réclament aujourd’hui que justice se fasse, rapidement pour situer les responsabilités afin de leur permettre de reprendre la mer pour exercer leur profession et faire vivre leurs famille. Le procureur de la République a été saisie », affirme notre source.