Lettre adressée aux sénateurs américains à propos de Biram Dah Abeid

Lettre adressée aux sénateurs américains à propos de Biram Dah Abeid Cher Sénateur,

En tant que vos électeurs, nous voudrions attirer votre attention sur le fait que le militant anti-esclavage et leader de l’opposition, Biram Dah Abeid, a été arrêté et détenu arbitrairement par le gouvernement mauritanien depuis le 7 août 2018, quelques jours après son retour d’un voyage aux États-Unis.

En tant que vos électeurs, nous voudrions également vous demander d’exhorter le gouvernement de la République islamique de Mauritanie à libérer immédiatement M. Biram Dah Abeid, le dirigeant de l’IRA (Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste), une organisation qui se bat pour mettre fin à l’esclavage et à d’autres violations des droits de l’homme en Mauritanie.

Ces dernières années, M. Abeid et l’IRA ont reçu plusieurs prix, dont le Prix des droits de l’homme des Nations Unies 2013, le prix 2016 du TIP Reports Heroes Award du département d’État des États-Unis, le prix Tulip 2015 du gouvernement néerlandais et le prix 2016 James Lawson de l’International Centre sur les conflits non violents, entre autres.

M. Abeid a également été nommé l’une des personnes les plus influentes au monde en 2017 par Time Magazine.

L’histoire de l’esclavage et de la discrimination des noirs en Mauritanie par le gouvernement est bien documentée.

La Mauritanie a été le dernier pays au monde à abolir l’esclavage en 1981, mais la loi n’a jamais été appliquée. Selon le rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines d’esclavage, Gulnara Shahinian, 10 à 20% des 3,4 millions d’habitants que compte la Mauritanie, en particulier des femmes et des enfants, sont toujours maintenus en esclavage.

Dans un rapport récent, Amnesty International confirme que les militants anti-esclavagistes sont harcelés et arrêtés par le gouvernement mauritanien. Les hauts fonctionnaires qui ont perpétré le nettoyage ethnique dans le pays à la fin des années 1980 et 1990 et qui ont déporté des milliers de leurs concitoyens au Sénégal et au Mali sont également des maîtres esclavagistes.

Pendant des décennies, les autorités ont mis en œuvre des politiques discriminatoires qui empêchent les Mauritaniens noirs de vivre dans le pays qu’ils aiment et chérissent, forçant nombre d’entre eux à migrer.

Le retard du système éducatif est conçu de manière à favoriser les citoyens arabophones. Les régions à majorité noire manquent d’écoles, d’hôpitaux et de systèmes d’approvisionnement en eau potable.

Lorsque la Mauritanie reçoit une aide étrangère, elle est destinée aux régions à prédominance arabes (également connue sous le nom de Beydanes). Les responsables gouvernementaux, les officiers supérieurs de l’armée, les cadres des agences appartenant à l’État et l’ensemble du secteur privé sont tous aux mains des Beydanes.

Encore une fois, le but ici est d’appauvrir la population noire déjà pauvre et de la forcer à quitter son pays. Comme ce malheur n’était pas suffisant, des milliers de Mauritaniens noirs sont maintenant apatrides. Le gouvernement a décidé de dépouiller leur nationalité. Une autre façon pour le président en exercice d’influencer le vote lors des élections législatives et de finalement briguer un troisième mandat présidentiel non autorisé par la constitution en vigueur en Mauritanie.

Plus récemment, M. Abeid et l’IRA se sont levés pour dénoncer les pratiques du gouvernement consistant à saisir les terres sur lesquelles les populations noires vivaient et travaillaient depuis des générations et les céder à des proches, des élites locales et des investisseurs étrangers. Ce faisant, M. Abeid et plusieurs membres de l’IRA ont passé des mois en prison. Pour cette raison et bien d’autres encore, nous aimerions avoir l’assurance que vous travaillerez à la libération immédiate de Biram Dah Abeid.

Cordialement,

Abdoulaye Sow

Coordinator IRA-OHIO

Cincinnati area.

Source : Senalioune (USA)