La tromperie des quotas des pêches en Mauritanie

La tromperie des quotas des pêches en Mauritanie La tromperie des quotas consiste à fournir des concessions sans conditions préalables, selon le choix et la complicité, à des personnes non professionnelles, qui n’ont pas de quoi acheter ni louer un navire, et qui céderont immanquablement cet accord de principe à travers un partenariat fictif à un opérateur étranger possédant un ou des navires, moyennant une petite commission de bakchich.

Avec la complicité de l’administration ils établiront un faux contrat d’affrètement coque nue, ils créeront sur papier une société théoriquement de droit mauritanien mais dans les faits étrangère, gérée par l’armateur étranger qui arme son navire, vend son poisson et gère son équipage totalement étrangers pour éviter les impôts.

Cette arnaque de quota consiste à permettre à ces navires étrangers d’intégrer le régime national sans changer effectivement leurs pavillons d’origines pour pouvoir bénéficier des avantages et payer le droit d’accès à la ressource comme des bateaux nationaux à environ 3 euros seulement la tonne du pélagique au lieu de 123 euros appliqué au régime étranger (voir le sort de la différence).

Ces quotas de complaisances ne créeront jamais une nouvelle classe d’opérateurs professionnels qui aidera à maximaliser les avantages nationaux tirés de cette activité et ne servent qu’à décrédibiliser davantage notre administration maritime déjà sous normes.

Aucun armateur Européen ne peut accepter de composer dans cette tricherie par crainte d’être sanctionné par son administration maritime. Ce sont les chinois et les turcs qui s’y adonnent et gagnent le plus dans cette affaire.

En 2005, le secteur comptait environ 347 navires de la pêche industrielle vétustes, 102 navires de la pêche côtière et 3700 pirogues totalement mauritanisés équipages, armements et gestion. Les principaux handicaps au développement du secteur étaient à l’époque comme suit :

• Vétusté des navires de la pêche industrielle et insécurité des pirogues de la pêche artisanale

• Manque d’infrastructure de débarquement (ports et points de débarquement aménagés)

• Absence de valorisation du produit (usines de transformation et valorisation du produit)

• Manque de structures d’accueils du produit (capacité d’usines de conserve du produit)

• Faiblesse de la qualification de la main d’œuvre nationale (formations et expérience).

En 2018, après 13 ans, le secteur se retrouve avec presque les mêmes handicaps énumérés ci-dessus, mais cette fois-ci avec un cocktail de flottes semi-internationale exploitées tous sous le régime national, quelle contradiction !! Cette flotte se répartit comme suit :

Mauritaniens : 142 navires de la pêche industrielle, 112 navires pour la pêche côtière et 9200 pirogues dont environ 3000 a double nationalité sénégalo- mauritanienne.

Sino-mauritanien Poly Hon dong exploite environ 110 navires pour la pêche hauturière et côtière et 150 pirogues immatriculées mauritanienne avec équipages, armements et gestion chinoise.

Turc- mauritanien : 48 navires turcs pour la pêche pélagique contractés essentiellement pour la provision des usines de la farine et de l’huile du poisson pavillon, équipages, armement et gestion turc. Et 30 autres navires de différents pavillons étrangers dont la majorité chinoise pour la pêche du poulpe.

Cette violation des lois et règlements maritimes causera à la Mauritanie, d’énormes dégâts économiques dans un futur proche, à cause de la réduction sensible du potentiel des ressources halieutiques national reconnu par les organismes internationaux et les bailleurs de fond, car la capture est comptée pour le pavillon et non pas pour le port de débarquement.

Cependant, pour répondre à plusieurs personnes qui m’interpellent souvent pourquoi j’écris, je m’explique aujourd’hui : lors de l’élaboration de cette fameuse tromperie, j’occupais le poste de conseiller technique du Ministre, membre de la commission de l’élaboration et j’ai été victime de mes principes et de mes convictions pour l’intérêt supérieur du pays.

Limogé et écarté depuis plus de deux ans, de mon département sans raison, sans droit et sans fautes sauf la haine et l’injustice et que je suis contre certaines mesures comme l’accès des navires étrangers au régime national sans changer effectivement leurs pavillons conformément aux lois et règlements nationaux en vigueur. Je continus à éclairer l’opinion publique et interpeller les décideurs sur le danger d’une telle gestion chaotique.

Sidi Mohamed Ould MOHAMED CHEIKH
Expert de la marine marchande et des pêches
Tel : 46411837

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Source : Sidi Mohamed Ould Mohamed Cheikh