Mesdames/Messieurs les Commissaires,
Honorables participantes et participants à la 61 ème Session Ordinaire de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples.
Mon pays, la Mauritanie connait actuellement une situation délicate qui se caractérise par la mort clinique de notre jeune démocratie, qui a été décrétée par le Président, lors de son « discours historique » prononcé en Mai 2016 à Nema.
Après avoir soumis le projet de la loi relative à la modification de la Constitution aux parlementaires des deux chambres pour adoption, la majorité des sénateurs a rejeté le projet.
Le rejet de cette arnaque par la majorité absolue des sénateurs a contraint le pouvoir à imposer par la force son putsch anticonstitutionnel. En effet la constitution prévoit que le changement du texte ne peut avoir lieu que dans le cas où les deux tiers du parlement ainsi que ceux du Sénat ont voté en sa faveur. Incapable de reconnaitre son échec, le régime décide de piétiner les dispositions constitutionnelles, en organisant illégalement une mascarade référendaire.
Constatant l’échec de son referendum, le pouvoir met en branle l’administration publique pour contraindre tous les fonctionnaires et salariés civils et militaires de l’Etat à participer activement au vote avec une utilisation des moyens de l’état ; mais la participation et les consignes de vote n’ont pas été respectées par les électeurs.
Le pouvoir s’en prend au Sénateur Mohamed Ould Ghadda qui est actuellement en prison condamné arbitrairement et Maalouma Mint El Meidah, par ailleurs, 13 autres sénateurs sont soumis à un contrôle judiciaire hebdomadaire ainsi que 4 journalistes et 2 syndicalistes, leurs passeports sont confisqués et empêchés de voyager à l’étranger.
Le pouvoir confirme par ces actes arbitraires, toute sa volonté d’anéantir toute expression de l’opposition à son pouvoir absolu. Le simulacre de démocratie se manifeste par l’adoption d’une constitution d’apparence démocratique et la ratification des principales conventions et traités des droits de l’homme ; mais l’application de cet arsenal juridique reste chaotique.
Ce recul de la démocratie dans notre pays a engendré de nombreuses violations des droits les plus élémentaires de la personne humaine. La situation des droits de la femme et de l’enfant traversent une phase difficile.
En effet, l’AFCF enregistre quotidiennement de nombreux cas de violences faites aux femmes et aux enfants ; alors que le coupable échappe, parfois, à la sanction grâce à des complicités et au manque de législation spécifique sur les violences faites aux femmes et la non accès à la justice. Ici, permettez-moi d’évoquer le cas de la plainte que j’ai déposé le 04 Avril 2014 contre Yehdhih Ould Dahi auteur de la Fatwa rendant sang illicite et je vous laisse juger l’impact dans une République Islamique et son auteur n’a jamais été inquiété.
Les populations des quartiers périphériques vivent dans une insécurité totale, qui engendre des crimes abominables de viol, meurtre au quotidien devant la passivité totale de l’administration.
C’est ainsi que la situation des enfants migrants ou en mobilité en particulier (talibés) est préoccupante à cause de l’insuffisance de moyens permettant de leur offrir une prise en charge holistique face au développement de la délinquance juvénile et du crime.
Il faut reconnaitre que l’Etat a mis en place une loi rendant l’esclavage un crime contre l’humanité, des tribunaux soit disant spécialisés et une feuille de route avec les partenaires pour éradiquer les séquelles de l’esclavage en Mauritanie. Mais, au-delà de l’aspect formel, aucune avancée significative dans la lutte contre les pratiques esclavagiste n’a été enregistrée.
Malheureusement ; la Mauritanie est toujours classée, le premier pays esclavagiste du monde à cause de la négation de cette pratique inhumaine et dégradante officiellement par le pouvoir en place.
La situation des rapatriés stagnent parce qu’ils n’arrivent pas à récupérer leurs terres agricoles, leurs habitation spoliées et leurs plantations le (cas de Tien ben), le manque d’accès à l’état civil, rend une grande partie de cette population apatride dans leur propre pays.
Face à ces violations des droits humains qui persistent, le pouvoir se limite à faire des promesses de les solutionner afin de satisfaire les exigences des partenaires et des militants des droits de l’homme. Cette volonté affichée est purement de façade, elle est destinée à la consommation extérieure.
La gestion des deniers publics est chaotique ; car elle se limite à un appauvrissement galopant du peuple. La volonté du pouvoir de mettre la main sur tous les domaines de la vie n’a pas de limite, pour assoir sa dictature.
1-je vous interpelle à exhorter l’Etat parti à libéré Mohamed Ould Ghadda immédiatement
2-Mettre fin aux poursuites judiciaires contre les Sénateurs, les Journalistes et les Syndicalistes
3- la mise en œuvre de la résolution d’Alger de 2000 et la restitution des biens et des terres des ayants droits
4-L’Abrogation de la Convention entre la Mauritanie et l’Arabie Saoudite sur le recrutement de 15 000 travailleurs domestiques
5-L’adoption des lois spécifiques de lutte contre violences basée sur le genre en particulier le crime du viol et la loi sur les pures formes de travail des enfants.
Je vous remercie
Banjul, le 1/10/2017
Aminetou Mint El Mokhtar