Par BWEMBA – BONG
SAMORY (CESAM)
Groupe de Réflexion sur la Culture Africaine
pour la Renaissance du Peuple Noir
A la Conférence d’Addis-Abeba en Ethiopie en mai 1963, à l’occasion de la Fondation de l’Organisation de l’Unité Africaine (O.U.A.) en mai 1963, le Président Kwame N’Krumah déclara au sujet de la monnaie : « Il est important de rappeler qu’un financement et un développement indépendants sont irréalisables sans une monnaie indépendante. Un système monétaire qui est soutenu par les ressources d’un Etat étranger est ipso facto subordonné aux arrangements commerciaux et financiers de ce pays étranger ». En effet, cette évidence soulevée par le regretté Président Nkrumah, se vérifia à propos de la zone C.F.A., à l’occasion de la crise entre la Guinée de Sékou Touré et la France, dont un membre des services secrets avouait froidement : « Dans les semaines suivant le « non », Sékou Touré pouvait encore être récupéré. Albert nous bombarde de rapports pour nous signaler que le leader guinéen guette le moindre signe de dégel. Mais De Gaulle a décidé de se montrer intraitable et confie à ses intimes :
Sékou Touré, je le veux à plat ventre…
A ce jeu-là, Sékou Touré s’endette chaque jour un peu plus, car cette aide étrangère est payante, les missions économiques de l’Est ne lui font pas de cadeau. Où trouver l’argent ? Il n’a même plus de quoi payer ses fonctionnaires. De Gaulle lui a coupé les vivres (…).
Cet argent, disent les responsables français, restera bloqué à la Caisse des Dépôts et Consignations jusqu’au moment où nous serons autorisés à verser les pensions directement aux ayants droit (…).
Mais voici un miracle : Sékou Touré se souvient brusquement qu’il possède, dans les caisses de la Banque Centrale de Guinée, la très coquette somme de quatre milliards de francs C.F.A., abandonnés par les Français. Pourquoi n’y a-t-il pas pensé plus tôt pour éponger ses dettes ? Il commence donc à prélever sur le magot (…).
Alarmé, notre agent à Conakry nous prévient que Sékou Touré est en train de puiser dans des ressources insoupçonnées, au détriment de notre propre balance C.F.A., car il s’agit de monnaie émise par la Banque de France. Il nous propose d’y mettre le holà. Comment ? (…).
Vous m’envoyez deux ou trois grenades au phosphore. Moi, j’ai déjà repéré les cheminées d’aération de la Banque Centrale qui descendent jusque dans la salle des coffres. J’irai dire bonjour à mon copain le ministre et, ni vu ni connu, je balance les grenades. C’est un coup à gagner quatre milliards (…).
Quant au reste, soit près de trois milliards de francs C.F.A. en billets neufs, ils ne sont pas encore en circulation. Le directeur de la Banque de France devait, pour les rendre valables, signer le traditionnel décret d’émission. Mais on a attendu le résultat du référendum. A la suite du « non » de la Guinée, De Gaulle a donné des ordres formels pour que le décret ne soit pas pris : cette masse de billets demeure sans valeur (…).
Sékou entre dans une rage folle. Il se sent abominablement piégé. L’indépendance est une belle chose, mais comment se débrouiller quand on n’a plus un sou vaillant, plus un compte bancaire, quand l’argent que l’on croyait détenir est frappé d’un mal mystérieux et se désintègre entre vos doigts ? (…).
Pourtant, c’est le même franc CFA que celui qui circule au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Mali, etc. A un détail près toutefois, qui change tout. Dans sa grande méfiance, la Banque de France a pris depuis longtemps ses précautions : la monnaie imprimée en métropole et émise pour chaque territoire africain porte une lettre spécifique permettant de l’identifier. Ainsi, tout ce qui vient maintenant de Guinée est automatiquement détecté et rejeté (…).
Nous avons appris que la Guinée voulait de toute façon quitter la zone franc, créer sa propre monnaie (…).
Nous allons nous procurer des billets de la nouvelle monnaie guinéenne. Dans l’imprimerie ultra-secrète de la Piscine1, dirigée par un officier Pied-Noir, nous sommes en mesure de reproduire ces bank-notes le plus parfaitement du monde et nous en inonderons le marché guinéen (…).
C’est de bonne guerre. Sékou Touré s’est moqué de nous, et a voulu tricher lui-même avec nos propres francs CFA (…).
Sékou Touré se retrouve avec une monnaie inexploitable, ruiné, aux abois. Il est à plat ventre comme le souhaitait le Général. Mais pas devant la France. Il se tourne définitivement vers les régimes socialistes … »2, 3.
La caractéristique principale de la zone monétaire tropicale de la France en Afrique Noire, c’est sa mise en jeu de trois mécanismes fondamentaux : la soumission des monnaies prétendues africaines à la tutelle de la monnaie française4, la libre convertibilité intra-zone, et la confiscation par la France des réserves monétaires des pays africains membres de la zone franc.
1- LES FRANCS AFRICAINS SONT SOUMIS AU FRANC FRANÇAIS
Quel que soit le franc qui circule en Afrique Noire dite francophone, il se trouve soumis à la monnaie française; même si, contrairement à ce qui avait cours dans la zone franc jusqu’au 11 janvier 1994, le principe qui impose la parité fixe entre le franc et les monnaies africaines, a vécu.
La conséquence de cette soumission du franc africain à la France, se trouve dans les sous- francs directement utilisés pour les règlements intra-zones n’impliquant pas la France. Seules les opérations extra-zones, quelle que soit la zone considérée, excluent les francs africains, leurs règlements financiers se réalisant toujours en monnaie de tutelle. Donc en monnaie française.
De la sorte, les prétendus francs africains demeurent fondamentalement des francs de colonies. Ils ne peuvent donc pas être introduits à la côte des marchés financiers, puisque n’ayant de valeur sur le plan international qu’à travers la monnaie de tutelle représentée par la monnaie française, aujourd’hui euro par le biais de laquelle, exclusivement, est assurée leur convertibilité externe. … Bien qu’ils restent librement convertibles au sein de leur propre zone.
I-1- LES FRANCS AFRICAINS SE TROUVENT DANS UN REGIME DIT DE LIBRE CIRCULATION
Ce régime signifie que les francs s’échangent librement au sein de leur zone, qui garantit également aux agents économiques la liberté de transfert de leurs fonds d’un pays à l’autre, mais avec des aménagements. C’est ainsi que les accords franco-africains stipulent que dans le cadre de la zone franc, un pays membre peut déroger à ce principe de transfert libre des fonds. Aussi, les pays de la Banque des Etats d’Afrique Centrale (B.E.A.C.) ont-ils tous fixé un plafond à ces transferts, quelle que soit leur destination. Cette liberté au sein de la zone a pour corollaire, une réglementation commune des changes vis-à-vis de l’extérieur, dans le but de freiner la fuite des capitaux, cette réglementation elle-même se caractérisant par l’instauration des restrictions à la sortie des devises. C’est ce qu’indique par exemple, le rapport 1974 de la zone franc, aux termes duquel, dans le cadre de la réglementation commune des changes, les pays africains sont tenus :
1°- d’abroger toute limite aux entrées des capitaux ;
2°- de décourager les sorties de devises.
Egalement destinée à stabiliser les francs de tutelle, la réglementation commune des changes, est complétée dans ce domaine par la confiscation des réserves monétaires africaines par la France.
I-2- LES RESERVES MONETAIRES AFRICAINES SONT CONFISQUEES PAR LA FRANCE
Curieuse coopération monétaire que celle qui préside aux relations entre la France et ses néocolonies africaines. Elle fait obligation aux prétendus Etats africains, de déposer dans les établissements appropriés de leur suzerain occidental, la France, l’essentiel de leurs ressources en or et en devises, provenant de leurs activités économiques.
Rassemblées à Paris, ces ressources sont gérées par la France, selon un principe qui peut se voir grosso modo à travers une pratique qui veut qu’au minimum, 65 % des réserves en or et devises des pays africains doivent être déposées au Trésor français, à Paris, dans un compte d’opération qui est créé à cet effet par la France, pour chaque pays africain. Paris s’engage en retour à leur fournir les disponibilités en francs dont ils ont besoin, et à autoriser que leur compte d’opération soit débiteur (SIE) ; dans ce cas, le Trésor français perçoit des intérêts à un taux gradué, selon le montant du débit :
1 %- pour les débits allant de 0 à 5 millions de francs français,
2 %- pour les débits allant de 5 à 10 millions de francs français,
2,5 % du taux d’escompte de la Banque de France pour les débits d’un montant supérieur à 10 millions de francs français.
Lorsque, comme cela est toujours le cas en réalité, le solde du compte d’un pays africain est créditeur, la France parle de prêt sans intérêt, qui lui est consenti par ce pays africain. Les ressources africaines sont ainsi confisquées par la France, qui décrète qu’elles sont des prêts au Trésor français. Tels se présentent, en gros, les mécanismes essentiels de fonctionnement des zones monétaires imposés à l’Afrique Noire par les pays occidentaux, avec la complicité des dictateurs placés et maintenus au pouvoir par eux. Ainsi donc, quelles qu’elles soient, les zones monétaires que l’on retrouve aujourd’hui en Afrique Noire, s’inscrivent dans un dessein uniforme : le pillage des ressources de l’Afrique Noire et l’asservissement du Peuple Africain.
I-3- LES PRETENDUS AVANTAGES DE LA ZONE MONETAIRE FRANCO-AFRICAINE
La propagande de la France et de ses créatures africaines a toujours consisté à gloser sur de prétendus avantages que l’Afrique Noire tirerait de la zone franc qui écume l’espace sub-saharien. Cette propagande s’articule jusqu’ici autour de deux axes : d’une part, on dit les réserves monétaires africaines protégées par leur centralisation en France5, de l’autre, on prétend que le franc de tutelle devenu aujourd’hui euro, en garantissant la convertibilité des francs africains sur le plan international, les rend stables, facilitant leurs échanges commerciaux intra-zones et extra-zones, et assurant aux pays africains la confiance des investisseurs étrangers dont les capitaux, tellement nécessaires au développement de l’Afrique Noire, sont ainsi attirés vers le Continent Subsaharien.
Or, une analyse sérieuse du système monétaire franco-africain, permet de ne déceler dans ces relations morganatiques que des opérations de flibusterie et de stabilisation du franc français, aujourd’hui euro. Ainsi pour ne prendre que ce dernier aspect, la France a depuis longtemps habitué à la confiscation des devises de l’Afrique Noire, qui lui servent à financer le déficit de sa balance des paiements. Il apparaît ainsi que, dans ces zones de haute immoralité internationale, c’est plutôt l’Afrique Noire qui protège l’euro français contre des risques de dépréciation, en se constituant en prolongement de son espace monétaire et en apportant les devises nécessaires pour le stabiliser. Car, les pays africains ont toujours gagné plus de devises qu’ils n’en utilisent, alors que la France s’est généralement trouvée dans la situation inverse. C’est bien ce que François Mitterrand, alors Président de la République française, reconnaissait publiquement dans son programme électoral de 1988, lorsqu’il écrit :
« Il n’est pas excessif d’écrire que les pauvres financent les riches puisque, tous comptes faits, on a constaté l’an dernier que les transferts financiers du Sud au Nord ont dépassé de 30 milliards de dollars les transferts financiers inverses. Cruelle vérité : ce sont les pauvres qui nous aident »6.
Il n’est pas surprenant dans ces conditions que la Banque Mondiale pour sa part ait déclaré que pour 1989 : « Les populations africaines du Sud du Sahara se sont appauvries durant les deux dernières années ; leur niveau de vie est tombé plus bas qu’avant les indépendances »7.
S’agissant des francs africains eux-mêmes, l’argument faisant de leur soumission à l’euro de tutelle la source de leur stabilité, est fallacieux d’un double point de vue. En premier lieu, il n’est établi nulle part que pour être stable, une monnaie, quelle qu’elle soit, doit être soumise ou même rattachée à une autre monnaie, de la même façon qu’il n’est pas établi que pour être convertible sur le plan international, la monnaie d’un pays doit être assujettie à celle d’un autre pays. En second lieu, les francs utilisés en Afrique Noire n’étant que les sous-francs de la monnaie française, donc ceux utilisés en France, leur stabilité sur le plan externe dépend directement de celle de son franc de tutelle, (très particulièrement du fait que dans la zone franc, les sous-francs africains sont reliés à la monnaie française par un taux fixe). Ce faisant, les francs africains de la zone C.F.A. par exemple, se déprécient avec leur monnaie de tutelle, et sont automatiquement dévalués avec elle. Bref, les francs africains subissent toutes les fluctuations enregistrées par la monnaie de tutelle. La logique et le bon sens voudraient donc que le rattachement des francs africains à la monnaie française, ne soit une condition sine qua non ni pour leur stabilité, ni pour leur convertibilité sur le plan international et encore moins pour les relations commerciales avec l’extérieur…Bien au contraire.
Sur ce dernier point, la propagande officielle veut que l’assujettissement des francs africains à la monnaie française facilite les échanges commerciaux intra-zones des pays africains. Rien n’est plus faux. Il convient de se pénétrer de la réalité que la multiplicité des monnaies circulant aujourd’hui en Afrique Noire, représente (et c’est là l’objet de leur maintien par l’Occident et la caste parasitaire africaine) réellement une entrave au commerce intra-africain.
I-4- LA ZONE FRANC OU LE CODE NOIR MONETAIRE FRANÇAIS
En 1960, dans un article à l’intitulé plus que parlant, Jean Boissonnat8, journaliste économique et membre du Comité Monétaire de la Banque de France, en décrivant fort judicieusement la Zone franc, comme survivance du passé ou promesse d’avenir, mettait les pieds dans le plat, en se penchant sur les énormes avantages que la France tire du franc C.F.A., qui, écrit-il, « a permis (à celle-ci) de se fournir » en certaines matières premières sans bourse délier. « On a calculé, écrit-il, que la zone franc représentait en 1960, 250 millions réalisés d’économies de devises réalisées par la France… On a estimé que 500 000 Français de France tenaient leurs moyens d’existence du système économique de la zone franc ».
En effet, maintenue dans le secret le plus absolu, les économies réalisées par la France par le biais du Franc C.F.A. grâce à l’immense obole que celui-ci lui assure une garantie, qu’elle maintient dans la tradition du culte du secret absolu, tant par la Banque de France que par l’ensemble de la classe politique française, puisqu’il ne s’agit là que du pillage et du génocide des Nègres, dont leur pays a besoin pour la Grandeur du pays des Lumières, Dépositaire divin avec les Blancs Etats-Unisiens des Droits de l’Homme (Blanc évidemment).
Un autre symbole parlant du néocolonialisme français en Afrique Noire, est son contrôle de la monnaie des quatorze néocolonies africaines, situation qui entretient et même aggrave le sous-développement du Continent Subsaharien, considéré aujourd’hui comme une zone sinistrée de la planète. Ce Crime contre l’Humanité que la France continue aisément d’entretenir avec arrogance dans ses néocolonies plus de cinquante ans après des fausses indépendances, bénéficie évidemment de la sanguinaire complicité des truands sanguinaires africains autoproclamés chefs d’Etat, avec le concours et la protection agissante de leur protecteur.
C’est ainsi que, battu depuis 1945, le C.F.A. monnaie nazie à la française (imprimés dans le Puy-de-Dôme à Chamalières)9, est produit par la France, sans discontinuer jusqu’aux fausses indépendances des Nègres, donc propriété de la France, condamnant l’Afrique Noire dite francophone à demeurer éternellement dans le corset négrier de ses bailleurs de fonds de la France, en particulier, et faisant de tout le Continent Subsaharien dit francophone, une région d’assistés à vie.
C’est ainsi que, dans ce système monétaire négrier C.F.A., chacun des territoires abusivement dénommés Etats, est soumis à un contingentement de la quantité de monnaie qui lui est attribuée par le « maître », la France, autorité qui a autorité à la diminuer à sa seule et absolue discrétion, de la même façon que la même France est la seule autorité à pouvoir la dévaluer, comme elle le fit souverainement en 1994, avec la complicité agissante du Fond Monétaire International (F.M.I.) et des Etats-Unis ; donc de la Communauté Internationale. Aussi, est-il difficile, criminel même, d’oublier les conséquences de cette dévaluation sur les populations africaines.
Au surplus, « fait du prince » pour sa garantie monétaire, la France s’autorise à stocker et à gérer 50% des devises des comptes d’opérations de ses Etats esclaves d’Afrique Noire, provenant de leurs exportations, sans aucun doute par charité chrétienne. (La France n’est-elle pas, comme toute l’Humanité le sait, la Fille aînée de l’Eglise Catholique ?). Cette ponction qui était totale de 1973 à 2005, est « charitablement » abaissée à 65 % de nos jours. Ce qui signifie que les recettes de devises de toutes les richesses agricoles et minières des fantomatiques Etats d’Afrique Noire dits francophones, vendues dans le monde (Livres Sterling, Dollars, Yen, Euros), sont encaissées par la Banque de France sous la garde vigilante du Trésor français qui les place à son seul profit sur les marchés financiers internationaux. C’est ainsi que près d’une vingtaine de milliards d’euros des devises de la zone franc volés par la France à l’Afrique Noire dite francophone, sont bloqués par celle-ci comme sa propriété, comme jadis ses ancêtres négriers étaient propriétaires et seuls bénéficiaires du travail des Africains déportés dans les plantations dans les Caraïbes, entre autres.
I-5- DE L’OR AFRICAIN AUX MAINS DES NEGRIERS MONETAIRES FRANÇAIS
Dans le système de sa mafia néonégrière, la France a installé une autre structure de pillage de l’Or de l’Afrique Noire.
En effet, dans cette organisation du pillage systématique de l’Afrique Noire dite francophone, la France a érigé une structure de dépôt de l’or africain dans les coffres de la France. Ce dépôt obligatoire garantie de la monnaie française, permet à cette prétendue grande amie de l’Afrique Noire, la tenue d’ un bon rang international en la matière, en confisquant dans ses coffres, 2435 tonnes d’or africain, manne lui permettant de figurer parmi les pays occidentaux disposant des réserves d’or les plus élevées, après les Etats-Unis (8400 tonnes), l’Allemagne (3400 tonnes), le F.M.I. (3200 tonnes), mais avant l’Italie (2400 tonnes), situation qui lui garantissait de mieux s’en sortir en période de crise, puisque lui permettant de rassurer tant les agences capitalistes de notation, que les marchés auxquels elle emprunte pour boucler son budget.
Un autre avantage du franc C.F.A., est de constituer pour Paris, un levier politique l’autorisant à s’ingérer dans les affaires des prétendus Etats dits francophones d’Afrique Noire, dont les conseils d’Administration du franc C.F.A. sont truffés de représentants de la France veillant au grain.
Comme le met aujourd’hui en évidence le rattachement des monnaies africaines à des monnaies de tutelle au sein des zones monétaires occidentales, les échanges commerciaux intra-africains demeurent très faibles, même entre pays africains membres d’une même zone monétaire. Et l’existence de plusieurs de ces zones en Afrique Noire, avec comme conséquence, une multiplicité monétaire aggravée par l’existence de plusieurs monnaies dites nationales (principalement dans la zone sterling), entrave d’autant les échanges commerciaux interafricains et canalise l’essentiel de ceux-ci vers les pays promoteurs de ces zones. C’est-à-dire, les pays occidentaux. C’est ainsi que l’on peut constater que les pays de la zone franc, par exemple, commercent principalement avec la France, et ceux de la zone sterling, avec la Grande-Bretagne, etc.
Cette situation pour le moins défavorable à l’Afrique Noire, appelle alors, pour l’essor et la promotion du commerce de l’Afrique Noire, ainsi que pour son développement, l’instauration d’une unité monétaire, avec comme ligne politique intangible, que celle-ci ne soit inféodée ni à une monnaie étrangère, ni à aucune tutelle étrangère.
S’agissant de l’autre point d’orgue de la propagande pour la soumission de l’Afrique Noire à la France, à savoir l’attrait offert aux capitaux français par la mise en tutelle de la monnaie franco-africaine, il suffit de s’interroger sur l’utilité de capitaux français en Afrique Noire dite francophone, pour comprendre qu’il s’agit en réalité d’un faire-valoir de l’idéologie de pillage et d’asservissement de l’Afrique Noire.
I-6- LES TURPITUDES DU FRANC C.F.A.
Dans sa volonté délibérée de stériliser à jamais la moindre possibilité de développement de l’Afrique Noire, la France a organisé un stratagème qui consiste à empêcher ses quatorze néocolonies africaines à se doter d’un marché et même d’une monnaie unique.
Celui-ci consiste à imposer à chacune de ses néocolonies, un franc C.F.A. qui n’a cours que sur un seul espace territorial, sans aucune possibilité de convertibilité des divers francs C.F.A. entre eux. Comme le déclarait déjà l’agent français Leroy Finville, des services secrets pendant la crise provoquée par la France du Général De Gaulle à la suite du refus de Sékou Touré d’engager la Guinée dans la négrière Communauté Franco-africaine dans les années 60.
« C’est de bonne guerre. Sékou Touré s’est moqué de nous, il a voulu tricher lui-même avec nos propres francs C.F.A… ».
En effet, comme le précise dans la suite l’agent français « Dans sa grande méfiance, la Banque de France a pris depuis longtemps ses précautions : la monnaie imprimée en métropole et émise pour chaque territoire africain porte une lettre spécifique permettant de l’identifier. Ainsi, tout ce qui vient maintenant de Guinée est automatiquement détecté et rejeté.
A la suite du « non » de la Guinée, De Gaulle a donné des ordres formels pour que le décret ne soit pas pris. Résultat : cette masse de billets demeure sans valeur »10.
Ainsi que le démontrent avec pertinence Makhily Gassama, Martial Ze Belinga, Bamba Sakho, la charité de la France en Afrique Noire est plus que bien ordonnée. Les trois auteurs soulignent en effet qu’: « Au nom d’une prétendue « garantie de convertibilité » de la monnaie en usage dans 14 pays, plus de 3 000 milliards de francs CFA (4 millions d’euros) de la zone d’émission de la BCEAO étaient déposés auprès du Trésor français fin 2011, soit près de deux fois la richesse créée au Togo en 2010, plus de quatre fois l’ensemble des salaires et traitements versés par l’Etat ivoirien en 2011 ! Pour la zone d’émission de la BCEAC, les réserves logées au « Compte d’opérations » du Trésor public de l’ancienne puissance coloniale excédaient les 6 100 milliards de francs CFA, ce qui équivaut globalement à dix fois les salaires versés par la fonction publique camerounaise !
Les deux zones d’émission de la BCEAO et de la BCEAC totalisaient en 2011 près de 14 000 milliards de francs CFA de réserves de change indisponibles pour les besoins des économies africaines. Ces détentions oisives représentent pour la BCEAO un taux de couverture de l’émission monétaire de 109 % contre 20 % requis et 98,7 % pour la BEAC. Notons que ces sommes surpassent ce qui est officiellement désigné par le vocable « aide publique au développement » de la France aux grands récipiendaires africains que sont la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Sénégal, le Congo, le Mali et le Burkina Faso réunis ! De quoi alimenter bien des interrogations…
Pour apprécier le coût exorbitant des contraintes liées au franc CFA et illustrer cette destruction massive de richesses en termes de financement des infrastructures – une urgence quasi absolue -, il faut garder à l’esprit par exemple les 40 milliards de coûts estimés du projet routier de désenclavement du Sahel, les 300 milliards de francs CFA indispensables à l’assainissement urbain de la ville de Cotonou menacée par les eaux ou les près de 50 milliards nécessaires à la construction du pont devant relier Kinshasa à Brazzaville.
La confiscation des réserves africaines arrachées au financement du développement et des activités locales confine donc à une forme de crime économique (…). C’est l’occasion de relever que peu de responsables politiques africains de premier plan, dirigeants ou opposants, ont posé directement la question des réserves de change et plus généralement celle de la gestion monétaire scandaleuse de la zone franc. Ce qui dénote le peu de souci que les dirigeants et élites se font au sujet du bien-être des peuples africains. Si les mécanismes de la zone franc ont un évident tropisme néocolonial, les excédents de réserves par rapport aux ratios exigés sont largement imputables aux décisions africaines incompréhensibles à l’aune des enjeux de développement économique et social (…).
La zone franc et ses banques centrales, aujourd’hui cinquantenaires, incarnent un véritable anachronisme historique et économique. Voilà une zone monétaire née comme une variante coloniale du franc français, qui survit à ce dernier désormais fondu dans l’auro (…) là où tous les pays émergents disposent d’une souveraineté monétaire totale, la Chine avec le yan, l’Afrique du Sud avec le rand, le Brésil avec le réal, la Corée du Sud avec le won et l’Inde avec la roupie. Que d’incohérences et de misères générées ! »11.
En effet, de toutes les survivances de l’époque de la colonisation directe de l’Afrique Noire, les zones monétaires occidentalo-africaines sont les manifestations les plus vivaces. Que ces institutions soient française (zone C.F.A.), anglaise (zone sterling), portugaise (zone escudo), ou américaine (zone dollar).
Si l’on prend pour référence une organisation régionale de caractère économique, telle que l’Union économique et monétaire Ouest Africain (U.E.M.O.A.), elle peut donner à penser qu’elle manifeste la volonté de regroupement qui apparaît en l’Article 16 du traité portant sa création, et instituant une commission composée de sept membres qui, dans l’esprit de l’Art. 28 : « exercent leurs fonctions en toute indépendance dans l’intérêt général de l’Union. Ils ne sollicitent ni n’acceptent d’instructions de la part d’aucun gouvernement ni d’aucun organisme. Les Etats membres sont tenus de respecter leur indépendance, et que l’article 43 de son traité constitutif autorise la Commission à rendre des règlements et des décisions. Des règlements qui ont une portée générale ; c’est-à-dire qui sont obligatoires dans tous les éléments et sont directement applicables dans tout Etat membre, cependant que ses décisions sont « obligatoires dans tous leurs éléments pour les destinataires qu’elles désignent ».
Au regard des différentes dispositions mises en place par le traité de U.E.M.O.A., on peut penser que celle-ci a été dotée d’un véritable gouvernement, à l’instar de l’Union européenne, par exemple. De même que la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale laisse penser qu’elle s’est également engagée dans la même voie ; mais, la nature véritable des « Etats » africains incite à la prudence, d’autant que l’engagement véritable dans une telle politique obligerait les dictatures prébendières africaines, spécialisées dans la palinodie dès qu’il s’agit des intérêts de l’Afrique Noire, à consentir des abandons de souveraineté, même si c’est dans des domaines limités. Ce à quoi elles se sont toujours refusées jusqu’ici. Au surplus, l’aboutissement d’une telle démarche étant le Fédéralisme qui est fondé sur la renonciation par leur « Etat » à la « souveraineté internationale » au profit d’un vaste ensemble de type continental, il est clair que les « présidents » africains à vie dont le patriotisme et l’engagement dans l’intérêt collectif ne sont que des bulles de savon, n’acceptent, autrement que du bout des lèvres, de se séparer d’un pouvoir qui leur sert avant tout d’instrument privilégié d’enrichissement sans cause, d’organisation de crimes impunis et de divers autres délits.
Pour la zone C.F.A. (anciennement Colonie Française d’Afrique, devenue pour les besoins de la ruse néocoloniale, Communauté Financière Africaine), elle se répartit entre l’Union Monétaire Ouest-Africaine (U.M.O.A.)12 qui émet le franc de la Communauté Financière Africaine (C.F.A.), par son institut d’émission, la B.C.E.A.O. ; la Banque des Etats d’Afrique Centrale (B.E.A.C.)13, qui émet le franc de la Coopération Financière en Afrique (C.F.A.), et la Banque Centrale des Comores14 qui émet le Franc Comorien.
En théorie (et en théorie seulement), chacune de ces trois unions monétaires franco-africaines, dispose d’une autorité monétaire suprême : l’Institut d’Emission, qui exerce le pouvoir monétaire. Mais, dans les faits, cet organisme est en quasi-totalité contrôlé par l’ancien colonisateur ; la France. En effet, la monnaie qu’utilisent les trois unions monétaires africaines, est exclusivement émise par la France, seule détentrice du pouvoir monétaire au sein de cette zone.
Quant à la zone sterling, elle est, comme la zone franc française, entièrement patronnée par la Grande-Bretagne.
A l’époque du colonisateur direct, la zone sterling comprenait en Afrique Noire, quatre unions monétaires réparties entre l’Afrique de l’Ouest (la West African currency Board), l’Afrique Centrale (le Centrale African currency Board), l’Afrique de l’Est (l’East African currency Board), et l’Union Monétaire d’Afrique du Sud.
Avec les indépendances des anciennes colonies britanniques d’Afrique Noire, les currency Boards ont éclaté pour donner naissance à une multitude de banques centrales dites nationales, affublées de monnaies toutes aussi nationales qui sont cependant demeurées au sein de la zone sterling.
S’agissant de la zone escudo, elle ne présente guère un visage différent. Au temps des colonies, elle regroupait en Afrique du Sud du Sahara, et du simple point de vue formel, des monnaies utilisées dans deux unions monétaires : l‘Angolar émis par la Banco de Angola en Angola, et l‘escudo, émis par la Banco de Portugal, circulant en Guinée Bissau, dans les Iles du Cap Vert, de Sao Tome et Principe.
A l’issue des indépendances intervenues dans ces anciennes colonies portugaises dans les années 70, ces institutions monétaires ont été remises en cause ; ainsi que l’a matérialisé la rupture du Mozambique, de la Guinée Bissau, et de l’Angola avec la zone escudo, qui ont crée leur monnaie nationale.
Enfin, la zone dollar s’étend toujours sur le Liberia, seul espace dollar en Afrique Noire, où la monnaie américaine n’a jamais été remise en cause.
A première vue, la diversité de l’organisation monétaire qui caractérise l’espace économique africain écartelé entre plusieurs administrations occidentales, pourrait laisser croire à des différences au niveau des mécanismes fondamentaux de fonctionnement de ces zones monétaires, et leur objectif en Afrique Noire. Il n’en est rien en réalité ; toutes ces zones relèvent, à l’étude d’une unicité de desseins profonds ; à savoir la main mise sur les ressources africaines et l’asservissement de l’économie de ces régions d’Afrique Noire et de ses populations.
I-7- DES ASSOCIATIONS MONETAIRES CONTRE NATURE
Les zones monétaires européo-africaines constituent l’un des principaux moyens par lesquels l’Occident exerce sa domination sur l’Afrique subsaharienne. Et le singulier principe qui consiste à rattacher les francs utilisés en Afrique Noire, à l’euro Français, ne signifie rien d’autre que l’asservissement des premières par le second, et, partant, de toute l’économie de l’Afrique Noire dite francophone. De sorte que, les pays africains n’ont aucun pouvoir monétaire réel : ils ne peuvent, ni réévaluer ni dévaluer leur monnaie, pour relancer leur commerce extérieur. Par contre, la France qui gère les francs africains, peut réévaluer ou dévaluer librement la sienne sans avoir à consulter un seul de ses prétendus partenaires africains. C’est ainsi que, déjà dans la période allant de 1981 à 1986, pour ne prendre que cet exemple, la France dévalua quatre fois le franc Français, de mai 1981 à avril 1986, sans en tenir préalablement informés les néocolonies africaines de la zone franc. Il s’ensuivit pour ces néocolonies, une hausse des prix et la multiplication par 2 ou 3, du montant de leur dette extérieure, du fait que la dévaluation est automatique dans cette région, dès qu’elle se produit en France.
Ainsi, au sein de la zone monétaire franco-africaine, le pouvoir monétaire échappe totalement aux Africains, pour revenir intégralement à la France, promotrice de ces francs, non seulement au travers du lien de subordination qui préside aux rapports entre les francs circulant en Afrique Noire et leur monnaie de tutelle, mais encore par le biais du processus consistant à centraliser les avoirs monétaires africains (or et devises) en France.
Ces opérations s’effectuent à travers, d’une part, le rôle joué par les banques commerciales africaines et d’autre part, à travers le processus de centralisation des réserves monétaires africaines en France. Elles consistent, pour les néocolonies africaines de la zone, à céder à la France la majeure partie de leurs ressources financières en or et en devises : 65 % au minimum. Les Africains de la zone franc, sont, de ce fait, tenus d’avoir en permanence un compte d’opération créditeur, tel que cela est stipulé par l’accord franco-africain de la zone franc. Ainsi, la France n’accorde de découvert à un Etat africain membre de la zone, qu’à la condition que le compte d’opération au Trésor français de celui-ci, présente un solde créditeur. En outre, l’Article 51 du Statut de la Banque des Etats d’Afrique Centrale (B.E.A.C.), précise clairement qu’au moins 20 % des ressources financières que les néocolonies africaines d’Afrique Centrale, tirent de leur commerce extérieur, ne peuvent pas être utilisés par eux. Ils doivent être laissés au Trésor français, donc à la France, qui les utilise à son gré, et nul autre que la France, ne peut contrôler l’usage qu’elle en fait.
Or, la liberté d’action et de décision en matière monétaire, donc l’usage de la monnaie par un pays selon ses besoins et intérêts, nécessite que celui-ci dispose de ses réserves monétaires. Pourtant, les prétendus Etats africains dits francophones, dérogent à cette règle ; ils acceptent, au contraire, de déposer la totalité de leurs avoirs monétaires en or et devises en France. Ils cèdent ce faisant à l’étranger, les moyens de leur politique monétaire (décision, action) qui sont de ce fait confisqués par leur suzerain de toujours, qui pérennise ainsi sa domination, son exploitation, son mépris et son humiliation ataviques et séculaires des Noirs et de l’Afrique Noire, et entrave le développement de l’Afrique Noire dite francophone.
Cette philosophie et cette attitude de prédation et de morgue ont été particulièrement mises en évidence au Togo en 1972, par Monsieur Georges Pompidou, alors Chef de l’Etat français.
Le Togo, par la voix du dictateur Gnassingbe Eyadema, en vertu des Articles 3 du Traité et 10 de l’Accord de Coopération entre la France et ses supposés partenaires africains de la zone franc15, revendiqua un changement de parité entre le franc C.F.A. et le franc français.
La France, par son Président, Monsieur Georges Pompidou interposé, rétorqua menaçant : « Nous sommes disposés pour notre part, à toutes les solutions et à toutes les facilités, sous une réserve cependant : c’est que l’indépendance, la souveraineté que peuvent réclamer les autres a ses limites dans la garantie qu’on donne à cet effet ; car il est évident que le franc C.F.A. s’effondrerait demain s’il n’avait pas la garantie de l’Etat français »16. Et Valéry Giscard d’Estaing alors ministre français des Finances de l’époque, de renchérir : « à partir du moment où quelque chose existe, il n’y a pas lieu de le mettre en question ou en cause ».
Le même Giscard qui ne s’embarrassa pourtant pas, en 1974, de remettre en cause le régime juridique français du séjour en France des Africains dits francophones, en leur imposant la carte de séjour, sans même, comme l’exige le Droit International, une consultation préalable des Etats africains, aux termes de la clause rebus sic stantibus.
Alors qu’Eyadema demandait seulement que le franc C.F.A. soit échangé au même taux que le franc français, c’est-à-dire 100 centimes français au lieu de 2 seulement, la France se démasqua : à partir du moment où la zone franc l’avantageait, il était hors de question que quoi que ce soit y fût changé.
A travers l’incident de Lomé, la France venait de signifier aux Africains qu’elle n’acceptera jamais la remise en cause ni de son diktat, ni de la prédominance de ses intérêts dans ses relations avec l’Afrique Noire, sans y être contrainte. Telles sont les grandes leçons que le Peuple Noir se doit de tirer tant du toast de Lomé de novembre 1972, que de la dévaluation du franc C.F.A. en 1994, en ce qui concerne ses relations avec la France, tout au moins.
Un autre aspect du vol induit dans les rapports monétaires entre la France et l’Afrique Noire, est le libre transfert des fonds entre l’Hexagone et l’Afrique Noire, au sein de la zone monétaire francophone. Cette opération se déroule sur deux volets. Il y a d’une part, les surprofits rapatriés par les investisseurs français en Afrique Noire, et d’autre part, les banques commerciales qui y opèrent, et qui, en quasi-totalité, sont en Afrique Noire, les filiales des grandes sociétés bancaires françaises. Ces établissements drainent en France, les épargnes collectées sur place et les mettent à la disposition des hommes d’affaires français qui les injectent dans l’économie de leur pays. Ainsi, la zone monétaire franco-africaine dévoile sa vraie nature de zone de mobilisation de ressources financières aménagées par la France pour ses propres besoins.
La zone monétaire franco-africaine constitue également le point des espaces commerciaux intéressants pour la France qui s’y approvisionne avantageusement, en s’y fournissant en produits primaires à des prix d’aumône, de la même manière qu’elle y écoule ses produits manufacturés à des prix toujours plus élevés. A tel point que, pour ne prendre que l’exemple du Mali dans ses relations commerciales avec la France, lors du retour dans la zone franc de cet Etat africain pourtant classé parmi les plus pauvres de la planète, la France exigea de lui qu’il consacre 85 % de ses achats aux produits français.
Enfin, ce système de pillage de l’Afrique Noire permet à la France de financer les déficits de sa balance des paiements (souvent déficitaire pour la France et la Grande-Bretagne), stabiliser sa monnaie, financer l’aide au développement. Et, si l’on ajoute que cette aide constitue des prêts (en quasi-totalité) aux néocolonies africaines, on se rend à l’évidence : la France prête aux Africains, avec intérêt, leur propre argent. Mais, ces opérations de gangstérisme contre l’Afrique Noire, ne s’arrêtent pas à ces seuls chapitres. Il en est une autre et pas des moindres : le compte d’opération.
En effet, lorsqu’un pays africain de sa vassalité achète en dehors de sa zone, le pays des Droits de l’Homme lui fournit, contre des francs, les devises dont il a besoin, en les prélevant sur son compte d’opération de ce pays. Quand ces achats portent sur des produits français, la France opère un prélèvement en contrepartie sur le compte d’opération du pays concerné.
Cela signifie en clair que les néocolonies africaines paient avec leurs réserves monétaires extérieures (or et devises). Alors que, si c’est la France par contre, qui achète à ses vassaux africains, elle inscrit tout simplement le montant dû au crédit du compte d’opération de ceux-ci, réglant ainsi sa dette en monnaie française. Elle ne paie donc pas avec ses réserves d’or et de devises. De cette façon, les opérations d’achats-ventes qui impliquent la France et ses vassaux africains de la zone franc, permettent à celle-ci de leur pomper des réserves extérieures dont elle a besoin pour son développement, en se gardant d’utiliser les siennes. C’est là une méthode particulièrement habile de la part de cette grande amie de l’Afrique, pour voler les réserves monétaires de ses prétendus partenaires. Car, la monnaie de ces derniers n’étant qu’une monnaie divisionnaire du franc français, il n’y a pas de raison pour que les Africains règlent leurs achats de produits français en or et autres devises, alors que la France n’en fait pas de même lorsqu’elle achète des produits africains.
Voilà succinctement mise à nu la manière dont est programmé le pillage cynique de l’Afrique Noire par la France surtout, à travers des mécanismes normaux de fonctionnement d’une monnaie créée et contrôlée à dessein par elle, France qui, par ailleurs, ne tarit pas d’éloges sur son humanisme à l’endroit des pays sous-développés, sans oublier le grand amour devant l’Eternel de ses présidents respectifs pour l’Afrique Noire, dont ils sont les plus ardents défenseurs et les avocats. Repue à satiété, la France a élaboré, à travers des institutions dites internationales, un vaste racket sur des peuples vivant en dessous du minimum vital (ceci s’appelle un Crime contre l’Humanité s’il concernait un peuple Blanc). Toutes ces spoliations dont le Peuple d’Afrique Noire est la victime de la part de la France, ne sont pas fortuites : elles sont programmées et rencontrent sur le terrain en Afrique du Sud Sahara, la complicité de la caste prédatrice, dite dirigeante, décidée à participer à l’œuvre de mise à mort de l’Afrique Noire et de ses habitants, tant qu’elle pourra en tirer le moindre intérêt matériel.
II- LA RIPOSTE : L’AFRIQUE NOIRE A URGEMMENT BESOIN D’UNE REFORME MONETAIRE RADICALE
Les occidentaux imbus de leur idéologie dominante ont toujours cherché à faire oublier que les mécanismes économiques ne sont, dans un espace donné, que le reflet du système de production qui y est en vigueur en vue d’atteindre des objectifs déterminés. Ce qui, s’agissant de l’Afrique Noire, rappelle que la restructuration de son économie sur les bases d’une vraie stratégie de développement, impose le choix de mécanismes monétaires fondés sur des principes et des objectifs diamétralement opposés au système actuel.
Dans cette perspective, le passage de l’économie néocoloniale à celui d’une économie débarrassée du carcan spoliateur de l’Occident, commande, au niveau des mécanismes monétaires, de mettre en œuvre une REFORME RADICALE des institutions. Réforme qui doit, inéluctablement, mener à la création d’une Zone Monétaire Africaine propre et indépendante, coulée exclusivement dans l’univers de l’Afrique Noire. Elle pourrait ce faisant être dénommée : « ZONE O – RA », du nom du Dieu Noir égyptien (donc africain) Osiris – Ra, symbole de la Renaissance de l’Afrique Noire en particulier et du monde Noir en général17.
Se situant aux antipodes des dérisoires foucades des dictateurs africains francophones outragés par dévaluation en 1994 du franc C.F.A. par leur suzerain français, la nouvelle stratégie de Développement que devra adopter l’Afrique Noire, placera en son Centre, les intérêts du Peuple Africain et non plus ceux du capitalisme occidental et de ses agents africains. Aussi, le principe de fond de la nouvelle voie du Développement de l’Afrique Noire, impose, pour sa mise en application, et sur le plan particulier des institutions monétaires actuelles, des transformations profondes … ESSENTIELLES.
Car, avec un cynisme qui n’a d’égal que les razzias dont le peuple Noir fut victime de la part de l’Occident pendant plus de quatre siècles, l’Occident a programmé le pillage automatique des ressources financières de l’Afrique Noire au détriment des populations africaines (c’est le rôle que joue par exemple le compte d’opération de la zone franc). C’est ainsi que l’économie de l’Afrique Noire est assujettie aux économies occidentales, et que son Développement est bloqué, résultat non seulement du pillage de ses ressources et de son assujettissement économique, mais encore de la pratique d’une politique monétaire de gestion déflationniste, qui consiste, dans les zones monétaires, à privilégier les crédits à court terme, à n’injecter en priorité dans l’économie africaine que la monnaie dont l’Occident a besoin pour ses transactions courantes, omettant sciemment les crédits à moyen et long terme (c’est-à-dire à accroître les investissements : donc la Production).
De cette façon, les Occidentaux, émetteurs de la monnaie utilisée en Afrique Noire, s’arrangent à ce que les liquidités injectées dans l’économie africaine (à travers les crédits) n’y engendrent pas une augmentation de la production, mais seulement l’augmentation de la consommation. Ainsi, les institutions monétaires africaines actuelles concourent au blocage de la Production et du Développement du Continent, et président à la transformation du Pays en une société de consommation au service des économies occidentales. C’est pour toutes ces raisons que les zones monétaires africaines néocoloniales actuelles doivent être détruites dans le cadre d’un vrai développement, et remplacées par la Zone O – RA, Zone Monétaire Africaine réelle, indépendante où circulera une Monnaie Africaine au service de l’Economie Africaine du Peuple Africain.
Certes, la naissance d’une telle zone monétaire n’ira pas sans poser de problèmes ; surtout si, comme cela est inévitable, elle devra s’imposer dans le milieu particulièrement hostile, culturellement violent et rompu dans le complot chafouin qu’est la milieu international dominé sans partage par l’Occident capitaliste. Son émergence soulèvera ce faisant au moins une double question : premièrement, comment s’obtiendra et se préservera dans les faits l’indépendance de la zone monétaire africaine et celle de la monnaie qui y circulera ? Deuxièmement, comment s’organiseront et se géreront institutions et mécanismes liés à la circulation de cette monnaie au sein de cette zone ?
II-1- LES ZONES MONETAIRES OCCIDENTALO-AFRICAINES FONCTIONNENT SELON DES MECANISMES UNIFORMES
La caractéristique principale des zones monétaires tropicales de l’Occident en Afrique Noire, c’est leur mise en jeu de trois mécanismes fondamentaux : la soumission des monnaies prétendues africaines à la tutelle des monnaies occidentales, la libre convertibilité intra-zone de ces monnaies et la confiscation par chaque pays occidental propriétaire de la zone, des réserves monétaires, des pays africains membres de leur zone.
II-2- LES PRETENDUES MONNAIES AFRICAINES SONT SOUMISES AUX MONNAIES OCCIDENTALES
Quelle que soit la zone à laquelle elle appartient, la monnaie dite africaine se trouve aujourd’hui soumise à la monnaie occidentale ; même si, contrairement à ce qui avait cours dans la zone franc jusqu’à la dévaluation du franc C.F.A. par la France le 11 janvier 1994, dans la zone sterling, aucun principe n’imposait la parité fixe entre la Livre et les monnaies africaines.
La conséquence de cette pratique est que le Sterling, demeure la monnaie des règlements dans cette zone, contrairement à la zone franc où les sous-francs sont directement utilisés pour les règlements intra-zones n’impliquant pas la France. Globalement, les opérations extra-zones, quelle que soit la zone considérée, excluent les monnaies africaines. Les règlements financiers de ces opérations se réalisant toujours en monnaie de tutelle.
De la sorte, les prétendues monnaies africaines demeurent fondamentalement des monnaies de colonies. Elles ne peuvent dès lors être introduites à la côte des marchés financiers, n’ayant de valeur sur le plan international qu’à travers les monnaies de tutelle occidentales, par le biais desquelles, exclusivement, est assurée leur convertibilité externe. Bien qu’elles restent librement convertibles au sein de leurs zones respectives.
II-3- LES MONNAIES AFRICAINES DANS UN REGIME DIT DE LIBRE CIRCULATION
Ce régime signifie que les monnaies s’échangent librement au sein de leur zone. Zone qui garantit également aux agents économiques, la liberté de transfert de leurs fonds d’un pays à l’autre, mais avec des aménagements. C’est ainsi que les accords franco-africains par exemple, stipulent que dans le cadre de la zone franc, un pays membre peut déroger à ce principe de transfert libre des fonds. Aussi, les pays de la Banque des Etats d’Afrique Centrale (B.E.A.C.) ont-ils tous fixé un plafond à ces transferts ; quelle que soit leur destination.
Cette liberté au sein des zones a pour corollaire, une réglementation commune des changes vis-à-vis de l’extérieur, dans le but, indique-t-on de freiner la fuite des capitaux, en instaurant des restrictions à la sortie des devises. C’est ce qu’indique par exemple, le rapport 1974 de la zone franc, selon lequel, dans le cadre de la réglementation commune des changes, les pays africains sont tenus :
1°- d’abroger toute limite aux entrées des capitaux,
2°- de décourager les sorties de devises.
Egalement destinée à stabiliser les monnaies de tutelle, la réglementation commune des changes est complétée dans ce domaine par la confiscation des réserves monétaires.
II-4- LES RESERVES MONETAIRES AFRICAINES SONT CONFISQUEES PAR LES PAYS OCCIDENTAUX
Curieuse coopération monétaire que celle qui préside aux relations entre les Etats occidentaux et leurs néocolonies africaines, celles dites francophones qui se trouvent dans l’obligation de déposer dans les établissements appropriés de leur suzerain occidental, l’essentiel de leurs ressources en or et devises provenant de leurs activités économiques.
Rassemblées à Paris, Londres etc., ces ressources sont gérées par les pays occidentaux, selon des principes variant en vérité peu d’une zone à l’autre, et qu’on peut voir grosso modo à travers la pratique française : ici, au minimum, 65 % des réserves en or et devises des pays africains doivent être déposées au Trésor français, à Paris, dans un compte d’opération qui est créé à cet effet par la France pour chaque pays africain. C’est ce que reconnait et déclare sans ambages un agent des services secrets français dans le cadre de la crise politique entre la Guinée et la France en 195818. Paris s’engage en retour à leur fournir les disponibilités en francs dont ils ont besoin, et autorise que leur compte d’opération soit débiteur (SIE) ; dans ce cas, le Trésor français perçoit des intérêts à un taux gradué, selon le montant du débit :
1 %- pour les débits allant de 0 à 5 millions de francs français (762 245 euros),
2 %- pour les débits allant de 5 à 10 millions de francs français (1 524 490 euros),
2,5 % du taux d’escompte de la Banque de France pour les débits d’un montant supérieur à 10 millions de francs français. Lorsque, comme cela est toujours le cas en réalité, le solde du compte d’un pays africain est créditeur, la France parle de prêt sans intérêt à elle consenti par celui-ci. Les ressources africaines sont ainsi confisquées par la France, qui décrète qu’elles sont des prêts au Trésor français.
Tels se présentent, en gros, les mécanismes essentiels de fonctionnement des zones monétaires imposés à l’Afrique Noire dite francophone par la France, avec la complicité des dictateurs placés et maintenus au pouvoir par Paris, pour sa soif de rapine.
Il en va de même à quelque chose près dans les autres zones monétaires occidentales. Ainsi donc, quelles qu’elles soient, les zones monétaires que l’on retrouve aujourd’hui dans le Subsahara, s’inscrivent dans le cadre d’un dessein uniforme : le pillage des ressources de l’Afrique Noire et l’asservissement du Peuple Africain.
1 La Piscine est le siège des Services de Renseignements français.
2 Philippe Bernet, SDECE : Service 7 : l’extraordinaire histoire du Colonel Leroy-Finville et de ses clandestins, France Loisirs, Paris, 1981, p. 248-254.
3 Bwemba-Bong, Quand l’africain était l’or noir de l’Europe, Dagan, Paris, 2013, pp. 317 et 318.
4 La France l’a déposée dans sa corbeille de mariée de la zone euro.
5 L’inénarrable Alassane Drahmane Ouattara, présenté par les Occidentaux comme un éminent économiste international, mis au pouvoir en Côte d’Ivoire par la France de Sarkozy Nicolas, affirme péremptoirement dans une vidéo que sans le franc C.F.A., les Africains seraient deux fois plus pauvres. Qu’il soit en conséquence permis de douter de la formation d’économiste du parachuté franco-néocolonial qu’est Ouattara, comme c’est généralement le cas pour la plupart de ses pairs dits francophones.
6 François Mitterrand, Lettre à tous les Français, avril 1988, p.21.
7 In page de présentation de Afrique Développement Coopération Nord-Sud (A.D.C.N.S.)
8 Jean Boissonnat, La zone franc, survivance du passé ou promesse d’avenir, La Croix, 15 février 1960.
9 Fief de Giscard d’Estaing, qui déclarait, qu’on ne change pas ce qui existe après la dénonciation à Lomé en 1972, du pillage de l’Afrique Noire dite francophone.
10 Philippe Bernet, SDECE : Service 7 : l’extraordinaire histoire du Colonel Leroy-Finville et de ses clandestins, France Loisirs, Paris, 1981, pp.253-254
11 François Mattei, Laurent Gbagbo. Pour la vérité et la justice, Editions du Moment, Paris, 2014, pp.51 et 52.
12 L’UMOA regroupe le Bénin, le Burkina-Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger et le Sénégal et le Togo. Elle dispose d’une Banque Centrale, administrée, en théorie, par un Gouverneur et un Conseil d’Administration de 16 membres dont 2 Français, vrais détenteurs du pouvoir dans l’U.M.O.A.
13 La BEAC regroupe le Cameroun, le Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad. Elle est dotée d’une Banque Centrale dont le Conseil d’Administration compte 13 membres parmi lesquels 3 Français.
14 Le franc comorien est en tous points semblable au franc C.F.A., ici aussi, ce sont les Français qui détiennent le pouvoir.
15 qui dispose que l’accord peut, à tout moment, être dénoncé par tout Etat qui voit ses intérêts lésés.
16 Cette affirmation de Monsieur Pompidou, relève de l’hérésie. Comme nous l’avons dit plus haut, une monnaie n’a pas besoin, pour sa stabilité internationale, d’être assujettie à une monnaie étrangère.
17 Il nous souvient que l’un de ces idéologues africains, marxistes-léninistes, qui se prend pour la Réincarnation de Karl Marx, fut tellement outré à la lecture de cette proposition de création de cette zone monétaire Africaine, qu’il nous rétorqua au cours d’une réunion qu’Osiris avait été un Blanc, et ce n’est pas parce que lui ne disait rien, qu’il fallait abuser de ce silence. Or, notre idéologue charlatan s’y connait autant en Egyptologie que la Pape de Rome est musulman.
18 Voir Bwemba-Bong, Quand l’Africain était l’or noir de l’Europe, p.317 à 318, Dagan, 2012, Paris.