Accusés « d’organisation d’une marche non autorisée et violence contre les forces de l’ordre », ils seront jugés ce jeudi 20 avril. Ils avaient été arrêtés la veille au cours d’une manifestation à Nouakchott intitulée « Marche Pacifique de la Jeunesse Mauritanienne ».
Marche qui a été interrompue dès le début par les forces anti-émeute. Ils revendiquaient plus de considération et droits à l’égard de la jeunesse mauritanienne.
Ces dix jeunes aujourd’hui entre les mains de la justice, attendent le début de leur procès à la prison de Dar Naim de Nouakchott pour les hommes et à la prison des femmes de Sebkha, indique un des organisateurs de la marche. Notre source précise par ailleurs que la défense des dix est confiée à un « collectif d’avocats avec à sa tête Me Fatimata Mbaye ».
Silence…on matraque
Dimanche après-midi, les militants et sympathisants du MPJM qui entendaient à travers cette marche, plaider une « implication forte des jeunes dans les instances de décision » entre autres revendications, ont été accueillis à coup de matraques et de gaz lacrymogènes. Le carrefour BMD, point de rencontre et de départ de la marche ainsi que les grands axes du centre villes, avaient dors et déjà été quadrillés par les forces anti-émeute.
Pour la police, cette marche « n’était pas autorisée ». Chose qui semble t-il, a été suffisant pour faire déguerpir les manifestants, à 15h20 exactement. Assis à même le sol, habillés en noir et blanc et munis de banderoles avec leurs doléances les jeunes ont été dispersé par la police qui a utilisé ses matraques à volonté.
Commissariat 4e
Les organisateurs de la marche ont recensé « plusieurs blessés et une trentaine d’arrestations ». La trentaine de jeunes ayant été interpellés sur les lieux, avaient été conduits au commissariat de Tevragh Zeina communément appelé « 4ème ». La majorité d’entre eux ont été libérés les uns après les autres dans la soirée de lundi. Dix ont été placés sous mandat de dépôt, ce lundi 17 avril.
Accusés à tord ?
Selon une source proche du dossier, « quatre des dix personnes arrêtés n’ont pas participé à la marche ». Et notre source de préciser « qu’ils ont été pris devant leurs domicile (…) c’est une bavure ». Pour ceux qui voulaient aller à la présidence et déposer une liste de doléances, la marche s’est arrêtée là ou elle a commencé, au carrefour BMD.
Réaction du M16
« Ceux qui nous accusent de discours haineux font dans la rhétorique habituelle d’une oligarchie incapable répondre aux revendications légitimes des jeunes, autrement que par le dénigrement ou le détournement de propos », ont réagit les organisateurs de la marche à travers un communiqué.
« Liberté… »
La Mauritanie faut-il le rappeler dispose d’un ensemble de mécanismes qui « garantissent » la liberté d’expression et réunion pacifique, dont l’article 10 de la constitution. Pourtant, les citoyens sont soumis à une sorte de régime d’autorisation qui ne dit pas son nom, «non conforme » à l’esprit de l’article 20 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Amadou SY
Source : Le Quotidien de Nouakchott