Les treize militants (dont l’un est sous les soins médicaux) de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), ont été condamnés en août dernier à des peines de 3 à 15 ans de prison par un tribunal de Nouakchott. Arrêtés pour leur implication présumée dans une manifestation violente survenue lors du déplacement forcé par les autorités, le 29 juin 2016, ils avaient été transférés le 28 septembre 2016 à Zouerate.
Les autorités mauritaniennes les accusent de «rébellion, usage de la violence, attaque contre les pouvoirs publics, attroupement armé et appartenance à une organisation non reconnue».
Le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies est inquiet de la situation. Dans un communiqué rendu public la semaine dernière, il affirme que c’est un procès politique. «L’activisme anti-esclavagiste ne peut pas être un crime», dénonce l’institution onusienne. Elle pense que ce procès est «destiné à étouffer les groupes et individus qui favorisent les droits de l’Homme et qui s’opposent à des politiques gouvernementales». Elle dénonce également un jugement qui est déjà entaché d’irrégularités et reste sceptique par rapport au lieu (Zouerate situé environ 700 km de la capitale) choisi par les autorités pour le déroulement du procès.
«L’esclavage constitue un crime contre l’Humanité. Il est imprescriptible», reconnaît le gouvernement mauritanien. Il a été officiellement aboli en 1981 mais officieusement certaines pratiques liées à ce crime persistent. Néanmoins, la situation a évolué avec l’adoption en août 2015 de la loi faisant de l’esclavage un «crime contre l’Humanité».
Anani GALLEY