Marche pour les droits politiques, économiques des Haratines

Le Conseil National du Manifeste (CNM) a décidé, au cours d’une conférence de presse mouvementée, le jeudi 17 avril, au siège de l’AFCF à Nouakchott, «  d’entamer »,  face au mépris affiché par les autorités et fin de non-recevoir réservée au Manifeste des Haratines, « une série d’actions sur le court et moyen terme ». Celles-ci débuteront par une marche pour les droits politiques, économiques et sociaux, en commémoration du premier anniversaire de la publication officielle du Manifeste, le 29 avril prochain.

La manifestation,  pacifique selon l’annonce, vise à protester contre « la marginalisation historique et continue  » d’une frange de la population nationale, accentuée par les pratiques de l’Etat moderne et « à désamorcer toutes les menaces qui pèsent contre l’unité nationale et la cohésion sociale de la Mauritanie ». Le collectif du Manifeste des Haratines du 29 avril 2013 est constitué de plusieurs cadres issus de différentes générations (Breïka Ould M’Bareck, Biram Dah Abeïd, Mariam Mint Bilal, Samory Ould Bèye, Boubacar Ould Messaoud) et, parmi eux,  les pionniers  du mouvement  « El Hor ».

La rencontre avec la presse aura servi de prétexte au lancement d’un appel, pressant, à  « toutes les citoyennes et tous les citoyens mauritaniens, pour descendre, massivement, dans la rue, en cette journée mémorable, dans une marche pacifique qui s’élancera de toutes les moughata’as, après la prière de Dhohr, et se terminera par un meeting place Ibn Abbass ».

Rappelons qu’au  cours des journées des 10 et 11 avril 2014, soit près d’un an suite à la publication du « Manifeste sur les droits politiques, économiques et sociaux des Haratines au sein d’une Mauritanie unie, égalitaire et réconciliée avec elle-même », se sont tenues, à Nouakchott, les assises du Forum des organisations et personnalités indépendantes, constituant le Conseil national de suivi, d’orientation et de mise en œuvre du Manifeste du 29 avril. Il s’agissait d’étudier et d’évaluer les parcours antérieurs de lutte, réfléchir à des procédures plus efficientes et mettre en œuvre des mécanismes et stratégies de nature à assurer la synergie des actions contre la marginalisation continuelle et l’iniquité sempiternelle que l’Etat mauritanien n’a de cesse de perpétuer – voire accentuer – par le truchement de ses institutions.

Le Manifeste a mis en exergue la réalité sociale du pays, chaque jour plus congestionnée par des regains de tension consécutifs à la perception grandissante des inégalités et de la marginalisation programmée.  « La fin de non-recevoir réservée, de fait, à cette mise en garde précoce, dénote un déficit de clairvoyance, de la part des gouvernants,  inconscients de la gravité de la situation du pays. Elle prouve, du même coup, l’obstination de l’Etat mauritanien moderne à poursuivre ses pratiques bien enracinées et tendant, toutes, à maintenir les Haratines sous l’emprise de l’indigence, de l’ignorance et de la marginalisation, afin de leur barrer la route à une participation effective à la vie nationale», s’indignent les initiateurs.

En conséquence des failles et fissures, de plus en plus évidentes et cumulatives, lézardant le socle de la Nation et son tissu social, sans que cela ne soit pris en compte ou simplement entendu, le CNM a décidé, avec le concours bienveillant de nos concitoyens, de s’obliger, lui-même, à fournir tous les efforts pour battre en brèche toutes ces déchirures, désamorcer toutes les menaces et unir toutes les composantes sociales et ethniques, parant, au plus pressé, à toute menace contre la concorde nationale.

Source:  LE CALAME