Ce portrait n°18, intitulé « Hommage vivant aux courageux défenseurs des Droits de l’Homme », me concerne directement. Je suis profondément honoré par cette distinction décernée par le Mouvement pour la Sauvegarde des Droits de l’Homme – Coordination Régionale : CNDH-Mali, Amnesty International, FIDH-International Federation for Human Rights, OMCT. Cet honneur me touche d’autant plus que je n’avais pas connaissance de cet estimable mouvement, bien que je connaisse les associations qui le composent. Cet hommage nous engage, car il met en lumière le combat que les abolitionnistes, menons en Mauritanie contre l’esclavage et le racisme.
Malgré les multiples abolitions et lois criminalisant ces pratiques, la Mauritanie recule au lieu d’avancer. L’arsenal juridique reste largement inopérant. Pourquoi ? Parce qu’une abolition effective de ces fléaux va à l’encontre des intérêts de la féodalité maure, qui constituent la clientèle politique des différents gouvernements depuis l’indépendance du pays. La politique en matière d’esclavage et de racisme n’est qu’une vitrine trompeuse destinée à apaiser les attentes des organisations internationales et de l’opinion publique mauritanienne. Les Haratine, qui constituent près de 50 % de la population, sont marginalisés sur le plan politique, avec une présence presque inexistante au parlement et au sein de l’exécutif.
Sur le plan économique, les banques et entreprises, qu’elles soient publiques ou privées, demeurent détenus par les Maures, bien que les Négro-Mauritaniens et les Haratine forment la majorité démographique du pays. Et cette liste pourrait s’élargir à d’autres aspects : social, juridique, etc. La Mauritanie est une République islamique, où les dirigeants perpétuent des traditions maures asservissantes et discriminantes.
Cette distinction du Mouvement pour la Sauvegarde des Droits de l’Homme revêt une importance majeure. L’Association des Haratine de Mauritanie en Europe (A.H.M.E.) souhaite vivement qu’elle devienne un point de départ pour mobiliser les associations et gouvernements africains contre l’esclavage en Mauritanie, à l’image de la lutte internationale contre l’apartheid en Afrique du Sud au siècle dernier.
A.H.M.E., encore une fois, exprime sa profonde gratitude pour son engagement à mettre en avant des figures militantes sur le continent africain. Ce travail est essentiel pour bâtir un continent qui reconnaît son histoire, valorise sa diversité ethnique et construit un avenir juste.
Le 30 novembre 2024.
Mohamed Yahya OULD CIRE
Docteur en science politique de l’Université Paris II Panthéon-Assas
Président de A.H.M.E.
Site internet : www.haratine.com