Supplice de la garrotte rétabli en Mauritanie ?

« Amène-moi des menottes et une corde ! » Si tant est que le commissaire Isselmou ould Sidewa ait réellement donné, aux alentours de 19h, cet ordre au brigadier Ahmed ould Mohammedou, chef de poste au commissariat de 2 le jeudi 9 Février dernier, ainsi que le rapportait, en notre édition N°1331 du 22 Février 2023, notre chroniqueur des faits divers, la question que posait celui-ci en conclusion de son article était lourde de sens : à quoi servit la corde que le commissaire avait demandée au brigadier ?

Certainement pas à attacher Souvi : la requête de menottes exclut cette hypothèse. Le rapport d’autopsie en suggère une autre beaucoup plus convaincante : les constats de marques sévères de strangulation et de deux vertèbres cervicales cassées, l’un et l’autre explicatifs du décès – sans qu’il soit possible de déterminer lequel des deux fut décisif – alimente en effet l’hypothèse du supplice de la garrotte (1). Et exécuté de manière si violente qu’il a combiné les deux effets signalés dans le rapport susdit d’autopsie.

La question de savoir si Souvi est mort d’asphyxie ou de fractures de cervicales est sans importance. Le fait est qu’il y a eu strangulation et que celle-ci a provoqué le décès. Une seule personne – aidée d’un bâton (2) – ou deux tirant de part et d’autre sur la corde enroulée autour du cou du supplicié en sont les auteurs. Et le commissaire en est à tout le moins le commanditaire, sinon le complice, comme en témoigne sa requête d’une corde… si tant est que le brigadier Ahmed ould Mohammedou la confirme lors du procès.

 

Ahmed Ould Cheikh

NOTES

(1) : Le lacet étrangleur, aussi appelé garrot, ou garrotte, est une arme utilisée depuis l’Antiquité pour tuer par strangulation un adversaire, et jusqu’en 1974 en Espagne pour exécuter un condamné à mort.

(2) : Une fois la corde refermée en boucle autour du cou du supplicié on y introduit un bâton qu’on fait tourniquer pour resserrer lentement celle-ci jusqu’à ce que mort s’en suive.