Au cours d’une manifestation de jeunes de Maghama, le 27 septembre 2011, au sud-est de la Mauritanie contre un recensement biométrique, considéré comme discriminatoire contre les populations négro-africaines, un jeune du nom de Lamine Mangane, âgé de 16 ans, est fauché par une balle tirée par les forces de l’ordre.
Il y eut également plusieurs blessés. Depuis cette date, nous attendons la justice, rappelle l’un des membres de sa famille Mangane ayant rendu visite au Calame.
Quelques jours après le meurtre qui a emporté son fils jeune à la fleur de l’âge, son papa, Moussa Abdoul Mangane dit Bala s’est attaché les services d’une des icônes du barreau mauritanien, Me Fatimata M’Bagne pour défendre ses droits.
Une plainte fut aussitôt déposée au tribunal régional de Kaédi dont relève Maghama, capitale départementale située à près de 500 km de Nouakchott. L’affaire traine en longueur et sans aucun espoir de voir l’Etat ouvrir une enquête pour élucider ce meurtre, comme du reste ceux du passif humanitaire (1989 -1990) qui a vu la pendaison de 28 officiers, sous-officiers et hommes de troupes, tous issus de la communauté négro-mauritanienne.
Depuis plus de trente ans, les ayants droit, veuves, orphelins et rescapés revendiquent la vérité sur les auteurs et commanditaires de ce que certains d’entre eux mais aussi les organisations de défense des droits de l’homme qualifient de « génocide ».
Après près de dix ans de combat avec certaines organisations comme Touche Pas à Ma Nationalité (TPMN), créée dans la foulée du recensement biométrique et qui a ferraillé pour connaître la vérité sur le meurtre du jeune Lamine, d’attente de la justice mais aussi des menaces pour avoir refusé de laisser tomber l’affaire — les déplacements de Balla à Maghama pour rendre visite à son épouse et ses enfants, étaient épiés, son cousin affirme avoir été suspecté lors d’un passage chez lui de venir rallumer le combat pour la vérité.
Dans certaines déclarations dans les forums internationaux des droits de l’homme, l’Etat dit avoir indemnisé la famille, ce que le père de Lamine et son cousin nient farouchement. La seule vérité que l’on connaît, c’est qu’avec la tension qui montait, le 27 septembre à Maghama, l’auteur du tir mortel fut affecté dans un autre endroit.
Et c’est dans ce contexte que le père de Lamine Mangane se résolut à s’exiler en France en 2021 pour vivre en paix et subvenir aux besoins de sa famille. Mais au pays de la déclaration universelle des droits de l’homme où il espérait trouver des oreilles attentives, c’est aussi la croix et la bannière.
L’homme risque même de tomber sous l’OQTF (obligation de quitter le territoire Français), ses demandes d’asile ayant été rejetées. Avec tout le traumatisme, les menaces et intimidations qu’il vit depuis 11 ans, la France le renverra-t-il chez lui ?
Le Calame