Moussa Bilal Biram, un des rescapés des geôles d’Aziz

Moussa Biram, un militant des droits de l’homme,  détient un garage de peinture de voitures au 5e (Sebkha). En plus d’être un grand frère, il fut et  demeure  toujours mon Senseî (maître de karaté).  Son Dojo de  karaté, dénommé Suki, est parmi les plus célèbres de Nouakchott. Dommage qu’il ait fermé, car lui, suite aux tortures, n’a plus la force physique de le diriger.

Cet homme de la génération des Budoka (karatéka) des années 80, avait représenté la Mauritanie dans plusieurs compétitions internationales.
Pour l’histoire, dans l’un des tournois, un égyptien qui semait la terreur par sa force de frappe, il  fut le seul à le mettre hors Tatami.
C’est un combattant  qui ne se laisse pas dépasser.  En plus de son garage, souvent il faisait le Taxi.
Au temps du vampire Taya, période  où  le raketage de la police était terrifiant, lui, ses guéri wazé ( =coups de pieds) et ses Suki (coups de mains), le protégeaient.
Avec son courage , il ne reculait devant rien, ce qui fait que beaucoup de policiers gardaient  une dent contre lui.
Avec l’avènement de l’IRA, je l’avais présenté à Biram Dah Abeid et avais organisé une soirée d’adhésion à Basra. Il  fut parmi mes recrus de l’année 2014. J’avoue qu’il ne m’a pas déçu, oui, je le confirme!
Depuis lors, il a investi le terrain du combat pacifique où il est présent dans toutes les manifestations, la plus récente est celle de Selibaby.
Après l’affaire Gazritt Bouamatou, il fut arrêté et torturé atrocement par ses ennemis d’hier de la police. Parmi les sévices subis :
1. Privation de sommeil nuit et jours ;
2. Enlèvement des ongles ;
3. Pincement progressif des menottes autours des tibias ;
4. Broiement des parties intimes (Testicules), etc.
Après sa sortie de prison, l’homme est devenu  totalement affaibli. Il traîne de nombreuses séquelles dont entre autres, urine de sang et d’après les médecins qui l’avaient consulté à Dakar et en France, le risque de stérilité est grand. Aussi, il a une fuite séquentielle de mémoire, des articulations qui se gonflent, des ongles meurtris…
Si parfois il raconte son calvaire, l’homme courageux que je connais ne peut garder ses larmes.
Le dieu est juste, ma conviction est qu’il ne laissera pas ces actes impunis.

 

Maham Youssouf