Ce dernier samedi 28 novembre 2020 la Mauritanie célébrait le 60ème anniversaire de son indépendance dans l’ensemble du pays. Depuis cette indépendance, la Mauritanie a été marquée par des politiques discriminatoires excluant systématiquement les noirs de toutes responsabilités gouvernementales.
Et quand l’ensemble de cette communauté majoritaire manifeste pacifiquement, comme toujours, pour commémorer les massacres dont elle a été l’objet, la classe politique au pouvoir depuis 60 ans, lui confisque le plus élémentaire des droits : celui de se rassembler en lui interdisant son droit à pleurer ses morts.
Monsieur le Président de la République, ce samedi 28 novembre, vous pouviez transformer cette fête nationale en y incluant une forme de pardon et de reconnaissance envers des familles entières rongées par le deuil, rongées par la douleur d’avoir perdu leurs maris, leurs enfants, lors de ce sinistre jour où, à Inal en 1990, 28 détenus étaient pendus, lâchement exécutés. Cette date n’est plus pour ces familles une commémoration de « fête », mais elle est devenue une journée de deuil à la mémoire de martyrs et d’un passif humanitaire qui pèse si lourdement sur la majorité de la population mauritanienne.
Monsieur le Président, ce pogrom intentionnel, constitue un acte de génocide au sens de l’article 2 de la Convention des Nations Unies du 9 décembre 1948 « sur la répression des crimes de génocide ». Les forces de l’ordre ont réprimé et mis en détention avec un parallèle inouï, 28 personnes ce dernier 28 novembre. Pacifiquement, elles demandaient à ce que l’on n’oublie pas. C’est par la violence et la détention, une nouvelle fois, qu’elles ont été ostracisées, privées de leur droit fondamental : la liberté d’exprimer publiquement leur douleur.
Nous vous prions, Monsieur le Président de la République, de bien vouloir vous exprimer sur ces exactions au moment où vous semblez opérer une ouverture en faveur des défenseurs des droits humains.
Jean-Marc Pelenc, Président de IRA France-Mauritanie