Nous nous sommes rencontrés pour la première fois à la fin des années 1970. Je venais de terminer mes études et me préparais à entrer dans la vie active. Assez rapidement il est devenu un grand frère, dont les conseils (pas seulement politiques) m’ont beaucoup inspiré.
Même si s’il nous arrivait d’avoir des divergences, nous étions d’accord sur l’essentiel. J’ai eu l’occasion, dans des moments difficiles pour notre pays, d’apprécier sa force morale, la fermeté de ces principes, qui n’étaient pas pour lui que des mots. Il s’est battu avec détermination pour leur respect.
Contrairement à ce que certains s’imaginaient, l’homme, tel que je l’ai connu, n’était pas du tout dogmatique. C’était au contraire un pragmatique, toujours à la recherche de solutions allant dans le sens des intérêts nationaux.
Moustapha Ould Bedredine était un vrai patriote, qui a consacré sa vie à essayer d’améliorer celle des autres. J’espère que l’histoire pourra dire un jour qu’il évita, plus d’une fois, l’irréparable à notre pays. Lui ne s’en vanta jamais, laissant d’autres tirer les bénéfices de décisions auxquelles ils avaient si peu participé.
J’aimais nos balades en voiture, le soir tard, ou nos rencontres dans notre concession familiale, au cours desquelles nous parlions de divers sujets. Il était curieux de tout. Il m’interrogeait sur mon travail, m’écoutait attentivement, me donnait des conseils toujours judicieux. Et puis les aléas de la vie nous ont séparés. Je l’ai revu pour la dernière fois au décès de ma mère. Il m’a interrogé sur la Guinée, se souciant de savoir si nos hommes d’affaires y faisaient bien leur travail, s’ils étaient bien traités.
Il fut à mes côtés dans deux circonstances sensibles pour moi, à titre personnel.
Je n’ai évidemment jamais eu l’occasion de le lui dire, mais je le considère depuis longtemps comme mon mentor politique. Il m’a beaucoup appris.
A sa famille, à ses compagnons politiques, je présente mes sincères condoléances.
Je ne t’oublierai jamais mon ami. Repose en paix.
Ina Lilah wa in ileihi rajioune
Abdel Majid Kamil