Son produit phare est la valorisation de « TOOGGA », fruit du dattier du désert – le Balanites Aegyptiaca, appelé en Hassaniya: teycheth; Pulaar: murtoki; Wolof: soump ; kilé en soninké. C’est un épineux bien adapté au climat aride de la Mauritanie et du Sahel, dont les fruits, l’écorce, le bois et les feuilles ont, chacun, des usages reconnus depuis l’antiquité.
Les dattes du désert ou «TOOGGA», sont traditionnellement consommées pour leur pulpe (antidiabétique, anticholéstorique et régulateur de la tension artérielle).
L’huile de TOOGGA : de l’or liquide
L’innovation de la start-up consiste à utiliser l’huile précieuse de Toogga pour les usages cosmétiques (huile anti-âge, régénératrice pour la peau, les cheveux et les ongles) et alimentaires (huile riche en oméga 6 et oméga 9).
L’entreprise a développé une méthode de torréfaction qui lui est propre et qui fait de l’huile de Toogga une huile de table très appréciée par les gourmets mais aussi pour ses vertus médicinales. Elle a développé aussi une ligne de produits cosmétiques bio à base de cette huile venue du désert (savons naturels, lotion anti-moustiques, shampooings solides ….).
Son schéma est simple : des Coopératives de femmes produisent une matière première de qualité (fèves, graines, poudres…) que la start-up privée valorise et transforme selon les standards internationaux les plus exigeants (certification « bio », charte qualité…) ce qui lui donne accès à un marché de distribution ouvert sur les marchés européens et américains.
La première coopérative partenaire du projet est la Coopérative de Badely (sise à Aleg, capitale du Brakna). Elle compte 33 membres, des femmes mères de familles, et dispose aujourd’hui d’équipements et de conditions de travail de qualité (locaux, clôture, outils…). En 2016, la start-up Toogga Sarl lui a acheté, pour la valeur de 2 million d’ouguiyas, des fèves de dattes du désert et des graines de pastèque.
Le travail des femmes de la coopérative Badely consiste à dépulper les fruits du dattier du désert, à sécher ses noyaux, à les concasser et à en extraire les fèves oléagineuses. La pulpe du dattier est récupérée et donnée comme complément alimentaire aux chèvres et la précieuse fève récupérée est conditionnée et vendue en exclusivité à Toogga SARL (600 MRU le kilogramme).
Cette exclusivité permet à la Coopérative de bénéficier, de la part de l’entreprise, de la formation continue de ses membres et la fourniture d’outils de travail.
Le projet Toogga a été sélectionné en 2013, au Forum Afrique, organisé en marge du Sommet de l’Elysée pour la Paix et la Sécurité en Afrique, parmi les lauréat du concours des « 100 innovations ». Les Nouvelles filières de TooggA :
Aujourd’hui, après quatre ans de fonctionnement en Mauritanie, le Projet Toogga investit trois domaines :
1. Les cosmétiques bio et naturels : Cinq filières ont été d’ores et déjà mises en place :
a. la datte du désert (Balanites aegyptiaca, toogga) ;
b. le neem (Azadirachta indica, Quinine) ;
c. le baobab africain (Adansonia digitata, tivingrane) ;
d. la pastèque (Citrullus lanatus, voondi) ;
e. le karité (Vitellaria paradoxa)
Chacune de ces filières fournit de l’huile, des savons, des shampooings solides, des baumes… Le Projet Toogga dispose d’un atelier de pression d’huile et d’un laboratoire de cosmétique à Nouakchott.
Pour assurer la pérennité de son approvisionnement et contribuer à l’effort de reboisement du territoire et la reconstitution de son couvert végétal, l’équipe a conçu de créer une grande plantation de 40 mille arbres dont le quart en balanites aegyptiaca (Teycheth) et le reste constitué d’essences locales (baobab, jujubier, acacia…).
2. L’alimentation animale :
La startup a lancé un nouveau projet, à partir d’une formulation brevetée (OAPI) et toujours dans sa ligne de valorisation des plantes locales : « Toogga Alimentation Animale ». Le projet développe la fabrication d’aliments de bétail basé sur un mélange de Typha et de Toogga capable de concurrencer les aliments du marché en termes de qualité et de prix avec, en prime, l’avantage de participer à la résolution du problème environnemental que constituent la prolifération des plantes invasives.
Après une phase pilote qui démarrera cette année, le Projet vise à monter une usine de 30 mille tonnes par an d’aliment dans la région de Rosso. L’aliment sera 100% naturel.
Ce nouveau projet a remporté, en septembre 2019, le Prix Coup de Cœur du Public au Marathon du Sahel, une compétition organisée par la Banque Mondiale et l’incubateur d’entreprise français Bond’Innov en collaboration avec les incubateurs des sept pays participants, dont la Mauritanie.
3. Le phytosanitaire bio et naturel
Enfin et pour compléter ce beau tableau, Toogga dispose de formulations phytosanitaires (insecticides et pesticides naturels) déjà prêtes à être mises sur le marché et basées sur des extraits de neem et de dattes du désert. : Des engrais et fertilisants naturels, à partir du compost de typha et des sous-produits des palmeraies, sont aussi déjà dans ses tuyaux.
Des exemples de valorisation de nos ressources naturelles qui ont d’énormes perspectives dans une agriculture qui s’intensifie sans prêter attention aux risques d’empoisonnement liés aux pesticides et autres produits phytosanitaires de synthèse. Mais aussi voici tous les intrants et ingrédients qui sont nécessaires au développement d’une politique d’autosuffisance alimentaire avec des circuits courts, tellement d’actualité en ces temps bouleversés par le COVID19.