Cher frère ?
Une chose est certaine : ils finiront par te libérer, toi et tes compagnons, car si ton combat est juste le leur ne l’est pas. Ils feront gesticuler une police qui est à leur botte, manipuler une magistrature qui ne peut dire non, faire brailler des politico-intellectuels du ventre et au bout du compte ils sauront que l’on ne peut indéfiniment empiéter le droit des gens.
En effet, en prison tu représentes pour eux, la pire des sanctions, tu leur brûles les mains comme une braise ardente. En réalité, la véritable prison ce sont eux qui y sont. Une prison de la violence, de l’ignorance et de la cupidité. Eux, c’est cette masse militaro-tribale qui gouverne la Mauritanie depuis 1978 et dont le dernier ersatz connu est le putschiste récidiviste et pourtant légalisé dans ses œuvres de violences à l’égard de la république et de ses institutions, Mohamed Ould Abdelaziz.
Ce régime-là, a trouvé dans une chienlit, de mauritaniens applaudissant à tout vent et monnayant leur dignité contre leur pitance aux pieds de celui qui les foula du pied, un terreau favorable.
Confirmant ce Viel adage maure : « El kelb may irroum kan khanagou » (le chien ne s’assagit que pour celui qui l’étrangle- le maltraite). Si la devise de la république devait être, un jour, changée, c’est ce proverbe qui devrait être choisi.
L’actuel régime l’applique à la lettre et tu en es victime. Ould Dadde, Ould Khattri, Ould..ould…tous jetés en prison pour les assagir, les mettre au pas – ou en faire un exemple. C’est bien militaire.
Toi, le régime veut t’étrangler pour que tu renies ton combat et abandonne à leur triste sort ces parias et démunis de la société mauritanienne que les séquelles de l’esclavage ont réduit à des citoyens de seconde zone sinon à des non-citoyens.
Cependant, vois-tu, malgré l’agressivité du régime tu en as moins à craindre que ces harratines qui vivent dans le giron du pouvoir et qui monnayent leurs privilèges contre les droits de leurs frères. Ces harratines que le régime à soudoyé en leur offrant quelques postes et autres privilèges, ce sont ceux-là qui justifient les actes du régime à ton égard et de toute la communauté.
Mais le commun des mortels se poserait la question : qu’est-ce qui fait que ce régime mauritanien tribalo-militaire, ignore les revendications de ses enfants ? La réponse est pourtant simple : C’est parce qu’il a peur. Les chiens, dit-on, n’aboient que parce qu’ils ont peur.
Celui qui dirige ce régime sait pertinemment qu’il n’a pas plus de légitimité que toi dans la République pour gouverner ou pour revendiquer tes droits légitimes.
Toutefois, et tu le sais, ceux qui t’ont jeté aujourd’hui en prison, ce ne sont pas les maures blancs, jaunes ou bleus, ni quelque autre communauté, ce sont les tenants de ce régime dont tu es en train de secouer les fondements. Ses fondements, tu les connais : maintenir, au nom d’un semblant d’unité, la division pour se servir de ses ressources et quand elles s’épuiseront ses dirigeants fuiront comme les rats qui désertent le bateau qui coule.
إن الدولة تستقيم على الكفر ولا تستقيم على الظلم
L’Etat pourrait se stabiliser sur la mécréance, mais jamais sur l’injustice. EnMauritanie, le régime a fait de l’injustice sa politique de tous les jours. Ils te libéreront, parce qu’il faut qu’ils te libèrent pour qu’ils sortent eux-mêmes de prison.
Fraternellement
Pr ELY Mustapha
Source : Kafer naum, le 11/12/2014