Lors d’une rencontre, Biram DAH ABEID, candidat à l’élection présidentielle de juin 2019, a affirmé que le passif humanitaire était un « problème pas négociable », réitérant son engagement « à porter la justesse et la légitimité de cette cause » dans son programme politique.
« Nous, les candidats, nous devons laisser un chapitre vierge, un chapitre important de notre programme pour la Mauritanie, le chapitre du règlement de ce passif lourd qui est encore un actif (…) parce que la justice est encore empêchée, bloquée, prise en otage à cause d’une amnistie ignoble qui a été faite pour justifier et pérenniser l’impunité », a déclaré Biram DAH ABEID.
« Il n’y a pas de démarches qui n’ont pas été faites par les autorités de ce pays pour que je me libère de cet engagement sacré, mas le sacré, je ne le laisse pas, je ne m’en défais pas. Il n’y a pas d’insultes que je n’ai pas eu de la part de mes frères Harratines qui étaient avec moi dans ce combat mais qui l’ont quitté en utilisant contre moi ce problème comme couteau : ‘Biram est vassalisé par les Peuls !’ ‘Biram est dominé et instrumentalisé par les FLAM, par les racistes !’ Je suis fier d’être instrumentalisé par les victimes mais des victimes légitimes, des victimes qui ne veulent pas la revanche, des victimes qui ne sont pas pyromanes, des victimes qui ne veulent pas mettre le feu au pays, des victimes qui ne veulent pas la chasse aux sorcières mais des victimes qui ne se vendent pas, qui ne s’achètent pas, qui meurent avec leur conviction », a ajouté M. ABEID.
Dans la salle, il y’avait plusieurs représentants d’ONGs, d’associations ou collectifs de droits humains. Parmi eux, Dr Dia Alassane qui dirige Touche pas à ma Nationalité (TPMN). Il a suivi avec beaucoup d’intérêt l’intervention du candidat Biram DAH ABEID. Il livre ses impressions :
« Nous le remercions pour nous avoir pris en considération. Il a su trouver les mots par rapport aux victimes et on l’a toujours vu aux côtés des victimes. C’est tout à son honneur de leur laisser le choix par eux-mêmes de dire comment ils entendent que cette question soit réglée. Simplement, je veux aller un peu loin que ça. Nous savons tous ce qui s’est passé mais nous voulons l’engager lui, en tant que candidat à la présidence de la République, qu’il aille aux racines, quand il sera élu, en déconstruisant le système comme il l’a toujours dit lui-même. Nous l’attendons tous sur ce terrain. Nous l’engageons à revoir les termes de la cohabitation et du partage des richesses pour que tous nous nous reconnaissions à ce pays. Le contrat qui liait les Mauritaniens a été définitivement rompu le 28 Novembre 1990 à Inal (…) « .
D’autres personnes sont également intervenues, pour exprimer leur satisfaction par rapport à cette rencontre ou encore pour souligner leur indignation.
« Jusqu’à présent, nos problèmes n’ont pas été réglés. Même s’il y’a des débuts de solutions, pour moi, ce sont seulement des demi-mesures. Nous sommes dans un régime de demi-mesure, un régime de déni de l’esclavage et autres, un régime de renvoi aux calendes jahiliyennes. (…) Dans ce pays, la communauté négro-africaine et Harratine est exclue sur le plan politique, économique, social, culturel et institutionnel. Il y’a beaucoup d’exclusion dans notre pays », soutient Fara Oumar Ba, un rescapé.
Lors de cette rencontre, Biram DAH ABEID est longuement revenu sur les attaques dont il a toujours fait objet en raison de ses positions tranchées sur la question du passif humanitaire. A ceux qui l’insultent, Biram DAH ABEID dit pardonner, avant d’inviter les associations à lui proposer une feuille de route qu’il inclura dans son programme politique.
Texte & Photos | Par Babacar BAYE NDIAYE
Source : Rédaction Cridem