« Trumposphère » : l’ode à Lee de Kelly, nouvelle gifle à la mémoire des esclaves africains

« Trumposphère » : l’ode à Lee de Kelly, nouvelle gifle à la mémoire des esclaves africains D’ordinaire taiseux, John Kelly, actuel secrétaire général de la Maison-Blanche, est sorti de sa réserve pour réhabiliter la mémoire du général esclavagiste Robert E. Lee. La vague d’indignations était prévisible…

Il y a tout juste un an, lorsque Donald Trump remportait l’élection présidentielle américaine. Ses détracteurs lui reprochaient, en tout premier lieu, d’être imprévisible. Finalement, le principal défaut de la « Trumposphère » est peut-être son caractère tristement prévisible.

Ce lundi soir, le bras droit du président des États-Unis enfonçait le clou d’une récente bienveillance à l’égard des suprémacistes blancs. Dans un entretien accordé à la chaîne Fox News, le secrétaire général de la Maison-Blanche, John Kelly, plaidait pour la mémoire du général Robert E. Lee, celui-là même dont on réclame, ici ou là, un purgatoire historique, par le déboulonnage de quelques statues lui rendant hommage.

Le « courage » de « l’honorable » général Lee

Pour de nombreux militants des droits de l’Homme, Lee est le sudiste raciste qui, à l’époque de la guerre de Sécession, défendait le principe de l’esclavage, face à l’« Union » abolitionniste incarnée par Abraham Lincoln. Pour le collaborateur de Donald Trump, il est l’homme « honorable » qui a « abandonné son pays pour se battre pour son État », ce qui aurait été, selon lui, une marque de courage « il y a 150 ans ».

Depuis l’interview du général à la retraite, les réactions d’indignation fusent sur les réseaux sociaux, notamment celle de la propre fille de Martin Luther King, Bernice King. Elle juge John Kelly « irresponsable et dangereux ».

Peut-être Donald Trump aura-t-il beau jeu de dire que l’opinion exprimée sur Fox News n’engage qu’une individualité de son vaste entourage. Si c’est le cas, le président aura triplement tort…

Primo, la nature même du poste de secrétaire général de la Maison-Blanche implique que Kelly ne soit pas un collaborateur à la proximité relative.

Secundo, après ses analyses ambiguës sur le récent drame de Charlottesville – un rassemblement meurtrier de la droite « suprémaciste » –, Donald Trump a lui-même galvanisé les tendances racistes d’une certaine frange de la population américaine, exhumant au passage l’estime qu’entretenait son père Fred Trump avec le Ku Klux Klan.

Tertio, au jeu de la « désolidarité » ponctuelle, le président américain n’aura bientôt plus de collaborateurs à citer en exemple : après de régulières défections et disgrâces, trois membres de l’équipe de campagne de l’ex-candidat républicain ont été inculpés, ce lundi, dans le cadre de l’enquête sur les soupçons de collusion avec la Russie pendant la présidentielle.

Donald Trump sera-t-il vraiment tenté de prendre ses distances avec les propos de John Kelly ? Lorsque les statues du général Lee faisaient récemment l’objet d’assauts, le président estimait que les déboulonner reviendrait à «mettre en pièces» l’histoire américaine…

Par Damien Glez
Damien Glez est dessinateur-éditorialiste
franco-burkinabè
Source : Jeune Afrique