Entretien avec Ami Ismail Wane, membre de l’IRA

24-07-2017Journal Le Terroir

Mère de famille, madame Cissé, née Ami Ismaîla Wane s’est jusqu’ici tenue à l’écart de la scène politique du pays. Elle a adhéré au mouvement dirigé par Birame Dah O Abeîd au cours de ces dernières années.

Lors des évènements opposants la police et des militants supposés appartenir à l’IRA dans un quartier de Tevrag Zeîna, elle a été arrêtée, ses téléphones portables confisqués avant d’être remise en liberté plus tard. C’est en ce moment qu’elle s’est révélée au public.

Accompagnant le président de l’IRA dans sa récente tournée dans la vallée, ils ont été empêché de tenir leurs manifestations publiques dans toutes leurs étapes. Elle a accepté de nous accorder un entretien autour de ces questions et la décision du mouvement auquel, elle appartient de boycotter le référendum du 5 Aout 2017.

Le Terroir : Le président de votre mouvement, Birame Dah O Abeîd a récemment effectué une tournée dans les régions de la vallée ; Sélibaby, Gorgol et le Brakna. Mais les autorités sécuritaires l’ont empêché systématiquement d’organiser des réunions avec les militants du mouvement. L’opinion ne comprend pas, comment expliquez-vous cette attitude du pouvoir à votre égard ?

Ami Wane : Assalamaleykoum, je vous remercie. Moi je pense que le régime a tout simplement peur de Birame. Là où il veut entrer, les forces de l’ordre refuse, c’est une attitude de peur, de panique à Selibaby, M’Boutt, Kaédi et Boghé. Arrivé dans la cette ville, c’est également le même sort qui lui a été réservé au carrefour. Le commissaire de police lui a signifié que le préfet lui a interdit d’entrer dans la ville.

Il est parti à Boghé Escale voir directement le Hakem pour demander des explications. Mais la réponse du préfet a été de démentir le commissaire. Il a nié avoir affirmé que Birame a été interdit d’entrer dans la ville de Boghé.

Le commissaire de police et ses agents nous ont trouvé dans un domicile privé à Nioly pour nous empêcher de nous réunir avec nos militants et sympathisants en présence des journalistes. C’est quand même un domicile privé, cela constitue une preuve tangible que le pouvoir est inquiet.

Ils sont affolés sans que l’on soit en mesure de savoir la raison. Dans la capitale régionale, Aleg, c’est le même sort, un peloton de gendarmes a stoppé net son cortège à l’entrée de la ville.

Le Terroir : Quel était l’objet réel de sa visite à Selibaby ?

Ami Wane : Dans cette région, les pratiques esclavagistes persistent encore. Il y’a beaucoup d’esclaves encore dans cette partie du pays et des citoyens dont les terres ont été accaparées par le pouvoir actuel. C’était l’occasion pour lui d’aller écouter ces Mauritaniens, voir leurs problèmes. C’est la raison de son déplacement là bas.

Il a traversé par Bakel pour rejoindre Sehilibaby mais les autorités ont refusé en utilisant aussi les gros moyens pour intimider et faire obstacle au projet de Birame. Le pouvoir fait tout pour cacher à la face du monde les vrais problèmes du pays, pour montrer ce qui n’existe pas dans les télévisions.

Le Terroir : D’après des informations reçues de sources sures, l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste a décidé de boycotter la consultation référendaire du mois prochain en association avec des partis politiques regroupés au sein du FNDU contre les modifications constitutionnelles qui, si elles sont votées, vont supprimer la chambre haute, le Sénat et changer le drapeau. Pourquoi vous boycotter ?

Ami Wane : Effectivement, nous avons décidé de boycotter ce référendum illégale avec des partis de l’opposition et des mouvements de la société civile. Parce que c’est une violation de l’article 38 de la constitution. Nous ne pouvons pas aller avec la violation de la constitution.

Ce boycott est accompagné d’une série de manifestations à Nouakchott, à l’extérieur. Il y’a beaucoup de priorités à faire plutôt que d’engager des milliards dans un projet qui est de loin la priorité des Mauritaniens. Il y’a des gens qui ont faim, dont les terres sont accaparées, des malades, des chômeurs. C’est la raison qui fait que notre mouvement ne participe pas au référendum, en plus.

Le Terroir : Que pensez-vous de la politique menée par le régime dans la vallée du fleuve et surtout ce qu’il veut imposer à sur les terres du CPB en cours d’extension ?

Ami Wane : (Rires…), vous savez que ces terres sont la raison d’être de notre existence ici. Nous les avons héritées de nos ancêtres qui, à leur tour l’ont obtenu avec beaucoup de sacrifices. Se réveiller un bon matin et vouloir arracher ces terres à leurs ayants droits, cela est inacceptable. Oui, quand il faut distribuer des terres aux populations qui n’en disposent pas.

Mais aller importer des gens ailleurs pour leurs distribuer la terre pendant que des gens sans terre résident ici depuis des décennies, nous refusons. Accaparer des terres exploitées depuis des siècles à leurs propriétaires légitimes, est un projet voué à l’échec et que nous combattrons avec la dernière énergie.

Le Terroir : Votre dernier mot à l’endroit de nos lecteurs ?

Ami Wane : Je leur demande de rester unis et vigilants autour de tous les problèmes. Pour combattre l’arbitraire, l’injustice, la domination dans notre pays qui n’ont que trop duré. Je prie pour qu’Allah, préserve notre pays du mal et nous donne la force de nous unir tous contre l’arbitraire.