Mme Adame Liz Ahua, représentante régionale de l’UNSR au Sénégal : «Demander à la Mauritanie et aux autorités sénégalaises de nous appuyer à aider ces trois mille personnes à retourner chez eux»

27-06-2017Sudonline

De retour à Dakar, nous avons rencontré madame Liz Ahua, représentante régionale du Hcr pour des éclairages au sujet de certaines préoccupations soulevées par les réfugiés dont notamment le problème de la reconnaissance des cartes de réfugiés.

Ce problème de papiers est à l’origine, pour certains, des difficultés de retour à leur pays d’origine, à savoir la Mauritanie qui justifie, en outre, le refus d’accueillir ses compatriotes sous prétexte qu’elle a terminé avec le programme Retour Volontaire des réfugiés en 2013.

Problème de refus des cartes de réfugiés

«Nous avons près de 12000 réfugiés mauritaniens qui sont là depuis de longue date. Nous sommes informés des problèmes qu’ils rencontrent par rapport à la question des documentations. Ils avaient reçu des documents pour 5 ans qui sont expirés aujourd’hui.

Mais nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère qui s’occupe de ce sujet pour que ces documents soient étendus désormais à 10 ans parce que nous avons des réfugiés de longue durée et qui leur permettent d’accéder à tous les services dont bénéficie un Sénégalais détenteur d’une carte d’identité nationale. En 2015, nous avions saisi le ministre de l’Intérieur en charge de cette question et ce dernier a pris une mesure immédiate en adressant un message à ses collaborateurs sur le terrain pour leur dire que cette carte est un document délivré par l’autorité.

En conséquence, elle doit permettre à son détenteur d’accéder à tous les services dont bénéficie un Sénégalais détenteur d’une carte d’identité nationale. Les autorités sénégalaises avaient aussi adressé aux institutions financières dont notamment la Bceao qui, en retour, a saisi toutes les autres banques pour les informer de cette décision de l’autorité. Malgré cela, nous avons de temps en temps des réfugiés qui nous signalent que certaines continuent à leur fermer les portes. Là, également, pour décanter cette situation, le Hcr mène un plaidoyer direct avec l’institution concernée à travers parfois des descentes sur le terrain ou correspondance ceci pour vous dire que c’est un travail de longue haleine».

Les réfugiés qui ont exprimé leur intérêt de devenir Sénégalais

«Nous avons environ six mille réfugiés qui ont manifesté leur intérêt de rester au Sénégal. Nous travaillons présentement avec la commission nationale pour les réfugiés, les rapatriés et des déplacés internes pour satisfaire leur préoccupation. Mais, je signale que la tâche n’est pas du tout facile pour la simple raison, la plupart des réfugiés sont arrivés au sénégalais sans documentation.

En plus, certains ont fait des enfants qu’ils n’ont pas déclarés à l’État civil et nous devons donc reconstituer tous ces événements cas par cas pour pouvoir disposer d’une documentation à transmettre aux autorités sénégalaises. Présentement, nous travaillons sur un groupe qui concerne les mariages mixtes entre une sénégalaise et un réfugié ou vice versa qui n’ont pas d’ailleurs enregistré leur mariage. Mais, en attendant la reconstitution de leurs documents, nous sommes en train de travailler avec eux à trouver des projets susceptibles de faciliter leur intégration pour qu’ils ne soient pas après un fardeau dans le dos du Sénégal. »

Les réfugiés qui veulent rentrer en Mauritanie

«Nous avons environ trois mille réfugiés qui ont manifesté leur intérêt de rentrer chez eux, ce groupe ne veut ni la nationalité sénégalaise ni la résidence au Sénégal. Pour ces derniers, ils n’arrivent pas à partir parce que le gouvernement de la Mauritanie refuse pour le moment de les accepter parce qu’il dit qu’il a terminé avec le programme de Retour Volontaire des réfugiés en 2013. Donc, nous sommes confrontés à un grand problème dont on n’a pas encore une solution.

Cependant, nous continuons à faire le plaidoyer aussi bien au niveau du gouvernement mauritanien qu’auprès des autorités sénégalaises pour qu’elles s’engagent à nous appuyer à aider ces trois mille personnes à retourner chez eux. Mais, ce n’est pas pour demain que les choses vont rentrer dans l’ordre, cela va prendre beaucoup de temps. De même que ceux qui souhaitent rester au Sénégal avec la nationalité mauritanienne parce que la Mauritanie n’est pas encore dans les dispositions de leur délivrer les documents pour des raisons que tout le monde sait. Je veux dire les problèmes qui opposent cette population noire au régime de ce pays».

Ceux qui ne veulent ni rentrer chez eux ni rester au Sénégal mais partir ailleurs

«Nous avons également un autre groupe de trois mille réfugiés qui ne veulent ni rentrer chez eux ni rester au Sénégal, partir ailleurs. Cependant, pour ces derniers, le message est très claire : il n’y a aucun pays que ce soit en Afrique ou ailleurs qui se porte volontaire pour les accueillir. Donc, leur rêve ne va pas aboutir c’est pourquoi nous avons clairement demandé de revoir leur choix».

Nando Cabral GOMIS