Après la Guadeloupe et la Guyane, les Comoriens : c’est quoi le problème de Macron avec les Dom Tom ?

Le trait d’humour malvenu d’Emmanuel Macron à propos « du Comorien » embarquant – au péril de sa vie – dans des « kwassa-kwassa » pour rejoindre Mayotte, s’ajoute à une série de gaffes sur les territoires français d’outre-mer.


Mais que se passe-t-il entre Emmanuel Macron et les Dom Tom ? La question se pose, tant le nouveau président de la République multiplie les gaffes plus ou moins graves sur les territoires français d’outre-mer. Dernière bourde en date, une boutade très malvenue sur le « kwassa-kwassa », embarcation de fortune largement utilisée par les migrants de l’archipel des Comores pour tenter de rejoindre Mayotte, 101e département de France, dans l’océan Indien.

C’est lors d’un déplacement dans le Morbihan, ce jeudi 1er juin, que le chef d’Etat s’est laissé aller lors d’un échange avec des officiels. L’un d’entre eux évoque alors différents types d’embarcations typiques : « Il y a des tapouilles et des kwassa-kwassa ». « Ah non, c’est à Mayotte le kwassa-kwassa », relève Emmanuel Macron avant d’ajouter, tout sourire et pas peu fier de son bon mot : « Le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent… » Rires de cour puis malaise atour de lui, comme on peut le voir sur la vidéo de la séquence largement partagée sur les réseaux sociaux vendredi, ici par l’émission Quotidien

Le problème, c’est que le rapprochement entre des hommes et des femmes avec des cargaisons de crevettes ou de poissons est déjà limite mais en plus, les tentatives de traversées par des migrants comoriens vers la France outre-mer se soldent par de nombreux drames, comme l’a rappelé notamment l’ancienne ministre de l’Ecologie Cécile Duflot :

«Si Sarkozy président avait prononcé cette phrase face caméra, le tollé aurait été gigantesque», a assuré Cécile Duflot, sur Twitter.

Le Conseil représentatif des Français d’origine comorienne, a « condamné avec la plus grande fermeté les déclarations racistes et déshumanisantes du président Macron ». « Nous demandons expressément des excuses publiques du président et qu’il prenne sa responsabilité sur la tragédie qui se déroule sous ses yeux », a exigé Nassurdine Haidari, président de cette association.

L’Elysée s’est fendu d’un communiqué qui, reconnaissant « une plaisanterie pas très heureuse sur un sujet grave », souligne en même temps qu’Emmanuel Macron a « toujours eu une position très claire, faite de fermeté et d’humanité, sur le sujet des migrations dans l’Océan indien, qu’il connaît bien car il s’est rendu à La Réunion et à Mayotte avec des prises de position sur ce problème » pendant sa campagne, et dénonce donc « un mauvais procès qui lui est fait quand on connaît ses positions ».

La Guyane, une « île »

Si Emmanuel Macron s’est effectivement rendu dans des territoires d’outre-mer durant sa campagne, il reste en revanche à établir qu’il connaisse « bien » le sujet… Car avec l’affaire « du Comorien », il n’en est pas à son premier faux pas. Le 26 mars, il avait déclaré, lors de son déplacement à La Réunion justement, que la Guyane était… « une île ». Il réagissait alors à la crise qui paralysait cette partie de la France située sur la côte nord-est du continent sud-américain : « Ce qu’il se passe en Guyane depuis plusieurs jours est grave. C’est grave en raison des débordements. Mon premier mot est celui d’un appel au calme parce que bloquer les pistes d’un aéroport, bloquer les décollages, et parfois même bloquer le fonctionnement de l’île, ne peut être une réponse apportée à la situation ».

La Guadeloupe, terre d’expatriation

Trois mois plus tôt, c’est une photo anodine postée sur le compte Twitter du candidat qui lui valait une première polémique sur l’outre-mer. Emmanuel Macron y posait au côté d’un jeune garçon, dans un avion. Et voici ce que disait la légende : «  Avec Mathias, lycéen à Bourg-en-Bresse. Il rejoint sa mère expatriée en Guadeloupe pour Noël »… »Expatriée », donc, dans un territoire français !

On ne saurait donc trop conseiller à Emmanuel Macron une séance de rattrapage de sa géographie – et de son histoire – avec sa ministre des Outre-mer Annick Girardin. Ainsi qu’un peu de mémoire sur les « petites blagues » que son prédécesseur François Hollande a amèrement regretté d’avoir faites au cours de son quinquennat…