Mauritanie – Maintien en détention de deux membres de l’IRA-Mauritanie dans une prison isolée

Mauritanie - Maintien en détention de deux membres de l'IRA-Mauritanie dans une prison isolée Les défenseurs des droits humains Abdellahi Matalla Saleck et Moussa Bilal Biram sont toujours détenus dans un endroit isolé en Mauritanie, quatre mois après leur transfert hors d’une prison de Zouérat.


Depuis, ils sont détenus à 1200 km de leur maison et il est donc difficile de voir leur avocats, collègues, et famille depuis ce transfert. Les deux défenseurs des droits humains ont été transférés avec leur collègue Abdallahi Abou Diop le 19 décembre 2016 à Bir Moghrein, à la frontière du Sahara Occidental. Abdallahi Abou Diop a été libéré le 12 janvier 2017.

Avant leur arrestation, Abdellahi Matalla Saleck et Moussa Bilal Biram étaient membres actifs de l’IRA-Mauritanie. L’IRA-Mauritanie œuvre pour l’éradication de l’esclavage en Mauritanie, car de nombreux descendants d’esclaves sont toujours privés de leurs droits humains fondamentaux, et ce bien que l’esclavage ait officiellement été aboli en 1981.

Entre le 29 juin et le 9 juillet 2016, treize membres de l’IRA-Mauritanie ont été arrêtés à Nouakchott et conduits dans différents centres de détention sans être informés des raisons de leur arrestation. Les forces de sécurité ont ensuite affirmé que leur arrestation était due à leur participation et à l’organisation d’une manifestation contre la destruction d’un bidonville en périphérie de Nouakchott. Aucun membre de l’IRA-Mauritanie n’a participé à cette manifestation.

Les défenseurs ont officiellement été accusés le 18 août 2016, et leurs avocats ont fait appel le 22 août. Le 28 septembre 2016, les 13 membres ont été transférés dans un centre de détention à Zouérat, jusqu’à leur appel qui a eu lieu le 18 novembre 2016. Zouérat est situé à environ 700 km de leur domicile à Nouakchott.

Abdellahi Matalla Saleck, Moussa Bilal Biram et Abdallahi Abou Diop ont signalé des actes de torture et des mauvais traitements pendant leur détention à Zouérat. Les peines des 13 défenseurs ont été réduites; celles de Moussa Bilal Biram et Abdellahi Matalla Saleck ont été réduites à trois ans dont un an de prison avec sursis pour avoir incité à participer à un rassemblement non-armé dans le but de troubler l’ordre public. Le 19 décembre 2017, Moussa Bilal Biram, Abdellahi Matalla Saleck et Abdallahi Abou Diop ont été transférés dans un centre de détention hors de Bir Moghrein, à environ 1200 km de Nouakchott. Aucune raison n’a été donnée aux défenseurs ni à leurs avocats pour justifier ce transfert.

Il semble que le gouvernement mauritanien réserve ce centre de détention hors de Bir Moghrein aux prisonniers ayant commis des crimes graves. En outre, IRA-Mauritanie a été informée que des prisonniers sont morts dans le centre de détention de Bir Moghrein à cause des mauvaises conditions de détention. Dans cette prison isolée, Moussa Bilal Biram et Abdellahi Matalla Saleck ne seraient autorisés à passer que de courts appels à leur famille et à leurs collègues, et toutes les communications sont étroitement surveillées par des gardes. En raison de la distance physique et du fait qu’il n’y ait pas de route sûre et sécurisée entre Nouakchott et Bir Moghrein, les collègues et les familles des deux défenseurs ne peuvent leur rendre visite.

Front Line Defenders est profondément préoccupée par le fardeau injuste imposé aux familles et aux collègues de Moussa Bilal Biram et Abdellahi Matalla Saleck, étant donné qu’ils sont détenus à 1200 km de Nouakchott; Front Line Defenders appelle les autorités mauritaniennes à rapprocher les défenseurs de leur domicile, en vertu de la règle 59 des Nations Unies relative au traitement des détenus (Règles Nelson Mandela): Les détenus doivent être placés, dans la mesure du possible, dans des prisons situées près de leur domicile ou de leur lieu de réinsertion sociale.

Front Line Defenders exhorte les autorités mauritaniennes à assurer que le traitement de Moussa Bilal Biram et Abdellahi Matalla Saleck pendant leur détention, corresponde à toutes les conditions établies dans les «Principes fondamentaux relatifs à la Protection de Toute Personne contre Toute Forme de détention ou Emprisonnement» adoptés par l’Assemblée Générale de l’ONU dans sa résolution 43/173 du 9 décembre 1988.

Source : Front Line Defenders