La France ternit-elle l’image de la Mauritanie?

La France ternit-elle l'image de la Mauritanie?

Oui, estime-t-on dans une grande partie des hautes sphères de l’État mauritanien. Ce sentiment est même renforcé par le dernier communiqué de l’Ambassade de France déconseillant des quartiers de Nouakchott à ses compatriotes. Mohamed Lemine Ould Cheikh, ministre porte-parole du gouvernement mauritanien ira même jusqu’à parler de communiqué « inamical » et « pas objectif ».

Nouakchott avait d’ailleurs lancé la contre-attaque à ce qu’elle considère une campagne française visant à la diaboliser. Du côté de la République islamique on fait allusion à l’invitation par des medias français, dont RFI, d’opposants et de critiques à l’égard du régime mauritanien, comme Ely Ould Mohamed Vall, le cousin opposant du président Ould Abdel Aziz.

On déplore aussi ces enquêtes « partisanes » du journal Le Monde Afrique sur la corruption en Mauritanie. Les autorités mauritaniennes sont encore remontées après l’accueil que l’Elysée a réservé, mardi 25 octobre 2016, à l’anti-esclavagiste Biram Dah Abeid, l’ennemi juré du régime de Ould Abdel Aziz.

Lors de cet accueil la France s’est engagée à accorder de l’asile politique à des dizaines de membres d’IRA-Mauritanie, selon des sources d’Alakhbar. Ainsi Paris avale la thèse d’IRA-Mauritanie qui se dit dans son pays.

En contrattaquant, Nouakchott a dépêché à Paris son ministre des Affaires étrangères qui va protester officiellement contre « ces manœuvres de la France». Nouakchott a aussi organisé un colloque sur l’esclavage au Parlement français.

Cependant, il faut remonter un peu plus loin pour comprendre l’origine de cette brouille entre Nouakchott et Paris. Cela date du début de l’intervention française au nord du Mali. La France avait cru obtenir la participation de 3000 soldats mauritaniens aux côtés des forces internationales engagés contre les jihadistes. Bernard Kouchner, alors ministre des Affaires étrangères, avait fait l’annonce à l’issue d’une visite à Nouakchott le 26 juillet 2010.

Aussitôt il a été démenti par Nouakchott qui réduisait ce nombre à juste 1500 soldats. Finalement, la Mauritanie n’a fourni même pas un seul militaire, parce qu’elle n’avait pas reçu de réponse favorable à sa demande de déployer ses forces sur le long de sa frontière avec le Mali.

Pour Paris comme pour Bamako, il s’agissait d’un plan que Nouakchott concoctait « pour occuper de parties du territoire malien », selon des sources d’Alakhbar. Depuis lors, Nouakchott ne cesse de prendre ses distances de l’ex-colonisateur.

Et dans ce contexte de détérioration des relations entre les deux Etats, Mohamed Ould Abdel Aziz n’a pas hésité de dire: « Si la France n’était pas intervenue en Syrie (…) On n’aurait pas encore commis de crimes terroristes en France». Déjà, le chef de l’Etat mauritanien avait boycotté la marche pro Charlie Hebdo, à Paris. François Hollande s’est, lui, opposée à un 3e mandat pour Ould Abdel Aziz.

Source : Alakhbar (Mauritanie)