Biram Old Dah, forcé à l’exil ?

Biram Old Dah, forcé à l’exil ?

Ayant quitté la Mauritanie il y a cinq mois, juste après sa libération de la prison civile de Nouakchott, Biram Ould Abeid ne serait pas prêt de revenir au pays. C’est ce que nous avons appris de sources dignes de foi.

Le président d’Ira qui s’est retrouvé en juillet dernier aux États Unis où il devait recevoir un prix des mains de John Kerry pour son combat dans les droits de l’homme, a séjourné au Canada avant de se rendre en Afrique. L’homme devait pourtant être de retour à Nouakchott au début du mois d’août.

Un retour qui devait coïncider avec l’ouverture du procès de ses militants accusés de troubles à l’ordre public dans la fameuse affaire de déguerpissement de populations installées dans la Zone dite Hôpital Bouamattou. Finalement, Biram n’effectua pas le déplacement.

Officiellement, le « devoir » l’attendait ailleurs, notamment au Canada mais aussi dans des pays d’Afrique de l’ouest où il devait présider aux cérémonies d’installations d’antennes de IRA.

Au même moment, une seconde explication viendra donner un sens à ce changement de programme : l’homme devait être cueilli par la gendarmerie nationale à l’aéroport de Nouakchott et devait ensuite être présenté à la justice, pour les mêmes accusations qui étaient portées contre ses militants : encadrement de manifestants, troubles à l’ordre public, violences contre des forces de l’ordre public.

L’autorité qui avait pris soin de ne pas mentionner son nom dans la liste des accusés de crainte d’éveiller les soupçons, avaient bel et bien décidé de s’en prendre à lui. C’est du mois ce qui circulait dans les rangs de IRA mais aussi sur la scène publique. Prémices de cet état de fait : l’impressionnant déploiement des forces de l’ordre à l’aéroport Oum Tounsi de Nouakchott, chaque fouis que Biram était attendu dans un vol d’avion.

Malgré tout, l’homme aurait décidé de se revenir malgré tout, au pays. Pour l’en dissuader, ses camarades et ses amis, auront usé de tous les moyens allant même jusqu’à solliciter le soutien de chancelleries étrangères. Toutes les Ong des droits de l’homme, partenaires de IRA vont-elles aussi entrer en jeu.

En fait, elles ne voudraient pas avoir de nouveau le dossier de Biram entre les mains, persuadées qu’elles étaient, que le régime de Nouakchott, n’allait pas le rater si jamais il revenait au pays. Il était clair que les amis et les soutiens de Biram visaient avant tout, à éviter à leur protégé une situation désobligeante d’autant plus que des rueurs persistantes évoquaient une forte probabilité d’une condamnation de 10 à 20 ans de prison !

Il faut dire que plus tard, quand la sentence est tombée contre ses 13 camarades dont certains ont été condamnés à 15 ans de réclusion, d’aucuns ont constaté que cela pourrait être pire pour Biram. Finalement, Biram fut convaincu que jouissant de sa liberté, il serait davantage utile à son mouvement. Depuis, l’homme ne se donne pas de repos, sillonnant nombre de pays africains.

En Europe comme en Afrique, notamment, au Burkina, au Niger, au Mali et au Sénégal, il sera reçu par des mouvements de lutte pour les droits d’homme et admis sur les stations de Radio, les plateaux de télévision et le cas échéant, va animer des conférences dans des instituts et autres places publiques.

Pendant toutes ces dernières semaines, il aura ainsi parvenu à faire entendre sa voix ; ce qui a maintes fois indisposé le pouvoir de Nouakchott qui finalement été appelé à agir : dans son avant dernière sortie médiatique, le ministre, porte parole du gouvernement, l’a qualifié de « commerçant».
L’homme ne compte toutefois pas s’arrêter en bout de chemin. De retour à Dakar le week-end dernier, il se prépare à se rendre dans les pays anglophones d’Afrique ; un périple que devrait le conduire dans les deux géants de ce continent qui sont le Nigeria et l’Afrique du sud. En attendant, le 29 septembre il a présenté une communication sur la situation des 13 détenus de IRA (Voir Encadré).

Au terme de ce déplacement, un périple devrait le conduire dans les pays arabes et les pays lusophones. Il s’agit pour le président de IRA d’informer l’opinion internationale sur la situation des haratines, voire des noirs en Mauritanie. Plus précisément, l’objectif visé serait d’amener l’Union africaine, voire les Nations unies à davantage se pencher sur le problème de l’esclavage dans le pays, et en filigrane, la situation des noirs en Mauritanie. Pour tout ceci, Biram Ould Abeid ne serait pas prêt à se retrouver entre les siens.

Pour d’aucuns, le mouvement IRA perd de son poids et de sa présence sur le territoire national.quoi qu’on en dise, le pouvoir a bien réussi, à lui faire de l’ombre.

En fait, IRA est même très peu visible sur la scène. Normal, quand on sait que son président est absent du pays et ses principaux leaders condamnés à des peines de prison.

C.A

Conférence de presse de Biram à Dakar Bannissement de militants antiesclavagistes Communiqué à l’issue de la conférence de presse tenue le 29 septembre à Dakar À l’aube de ce mercredi 28 septembre 2016, l’autorité afrophobe, qui dirige la République islamique de Mauritanie, adécidé d’envoyer, nuitamment, les militants anti-esclavagistes, membres de l’organisation Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (Ira), dans le bagne de BirMoghrein à l’extrême nord du pays.

Condamnés, pour délit d’opinion, dans un simulacre de procès, à des peines de 3 à 15 ans de prison, tous ont enduré des privations et des sévices, physiques et psychologiques. Finalement, l’ordre a été modifié, sur instruction personnelle du Général Président Mohamed Ould Abdel Aziz; les 13 détenus ont passé la nuit dans le centre minier de Zouérate, à 450 km de leur destination finale. Ils pourraient y demeurer quelques jours, le temps d’assister à leur procès, bâclé, en appel.

La communauté internationale et l’opinion nationale, ont dénoncé l’ensemble de ces atteintes aux droits élémentaires de la personne : (exposer, dessous, en liens hypertexte, l’intégralité des déclarations)

Qu’est-ce Bir-Moghrein ?

Ce lieu de relégation, de sinistre notoriété, se situe au milieu d’un no man’s land désertique, d’accès ardu, dont la traversée ne manque de périls, à un peu moins de 1200 km de Nouakchott, autour s’étend un désert, lieu prédilection des groupes terroristes et autres milices de criminalité transnationale, à la croisés des trafics de drogue, d’armes et d’êtres humains, de contrebande de cigarettes et de carburant.

Le transfèrement injustifié et illégal du point de vue du droit mauritanien, inflige, aux détenus, la double peine du bannissement, loin du lieu de commission présumée de leurs délits, en l’occurrence la capitale, Nouakchott.

La portée de la sanction

Définitivement coupés de leurs familles avocats et médecins, les prisonniers du système de domination ethno-tribale s’exposent, dès lors, à un degré paroxystique de vulnérabilité aux maladies et à la destruction morale. Il est impossible, aux proches et défenseurs, d’atteindrele périmètre où s’exerce l’autorité carcérale, sans hélicoptère ou véhicule 4×4, ce dernier sous bonne escorte et guide en renfort.

De tels moyens, au service d’un déplacement de plusieurs jours à travers le Sahara,excèdent les faibles ressources dont disposeraient d’éventuels visiteurs ; les parents et amis des 13 prisonniers noirs africains, tous d’extraction modeste, représentent la masse déshéritée de la Mauritanie, celle qui gémit, depuis des siècles, sous le faix du racisme ou de l’esclavage.

Les risques immédiats

Il convient de le rappeler, ici, les médecins parvenus au chevet des détenus d’Ira constatent, chez la plupart, plusieurs déficits sanitaires dus à une longue période de torture durant la garde-à-vue, par la police ; certains souffrent de pathologies antérieures, dont des troubles cardiaques, des complications pulmonaires ou hépatiques, lesquelles requièrent, sans interruption, des soins et une observation, quotidiens.

Observations provisoires

En violation du droit interne, des lois et conventions internationales, de la présomption de morale et du degré le moins élevé de l’empathie entre les humains, le Général-président Mohamed Ould Abdel Aziz, projet quasi abouti de réincarnation en Pieter Botha des sables, semble déterminé à défier, dans leurs tombes, les pères et martyrs des luttes anti-esclavagistes, anti-racistes et anti-Apartheid. Ainsi, insulte-t-il les Nations Unies et leur Charte, les pères fondateurs de l’organisation mondiale, de l’Union africaine (Ua), Martin Luther King, Mandela et ses compagnons valeureux.

Les partenaires de la Mauritanie que sont l’Union européenne (Ue), les Usa et L’Ua une sauraient ignorer une aussi nette interpellation de conscience. Le Chef de l’Etat mauritanien et sa faction militaro-tribale, incarnent le projet de reproduction d’une extrême-droite arabo-berbère, suprématiste, afrophobe, prédatrice de bien public et tacitement acquise aux thèses du salafisme le plus outrancier.

Les institutions et ensembles du Monde libre, dotés de chartes et de constitutions à visée universaliste, pousseront-elles, encore, le dogme de la coopération, jusqu’au silence connivent et coupables avec le diable, en y sacrifiant leurs âmes ? Avant leur embarquement pour le bagne, les héros mandelistes de Mauritanie ont fait le serment collectif, de vivre ou mourir, en toute loyauté aux principes et objectifs d’Ira.

Commission communication IRA-MAURITANIE
Nouakchott, 29 septembre 2016