Les cris des militants d’IRA à Aleg, les bidons vides du Maghta Lahjar, les complaintes des populations de Boghé et de Dar El Barka, la colère de femmes à Rosso, sont des signes qui ne trompent pas : les populations de l’intérieur du pays ne sont pas contentes du pouvoir, qui lui est absent de la scène.
Jamais un président de la République n’a été autant hué et pris à partie que le président Ould Abdel Aziz. Au Tiris Zemmour comme dans les régions des Hodhs, au Brakna comme au Trarza, le président a bien été objet de critiques, d’agressions verbales si ce ne sont des jets de pierre. Il s’agit là bel et bien d’une autre crise, la crise de confiance, entre gouvernés et gouvernants.
Cette dernière vient plus particulièrement s’ajouter à celle plus globale, inhérente aux problèmes de gouvernance, de hausse des prix, du chômage des jeunes, de l’insécurité et surtout de la politique. Partout où il s’est retrouvé lors de ses dernières sorties, le président de la République devait faire face à la fronde des populations qui lui ont exprimé leur mal de vivre, mais aussi leurs inquiétudes face au désespoir de voir la pauvreté circonscrite, mais surtout face aux menaces de famine.
Le chef de l’Etat s’est forcément rendu compte d’un fait, partagé par l’ensemble de ses hôtes : le problème de l’eau et celui du développement. Ainsi, s’il n’y prend pas garde, c’est particulièrement ce problème là, qui peut remettre en question son régime.
Et, pour que cette autre vision du développement politique, économique et social de la Mauritanie soit autre chose qu’une simple vue de l’esprit, qu’une théorie comme celles qui ont sous-tendu les campagnes de la » lutte contre la pauvreté « , du » savoir pour tous » et de » l’émancipation de la femme « , Aziz doit agir et n’ont pas réagir.
Les réponses à apporter aux problèmes des Mauritaniens ne doivent pas être dictées par des considérations liées aux répliques à faire à l’opposition ou à des » priorités » qui tiennent de ce qui a été envisagé à l’entame de son premier mandat (gazra, lutte contre la gabegie, routes), non pas comme le début d’une action de développement – de changement – mais l’intégralité d’une politique!
Si Aziz et son gouvernement font face aujourd’hui à tant de critiques, fondées pour la plupart, c’est parce qu’ils ont cédé à une sorte de fixation sur ces programmes à minima dont l’importance n’échappe certes à personnes mais qui relèguent au second plan d’autres actions à mener dans le cadre de la fonctionnalité même de l’Etat.
C’est ce qui explique cette impression d’absence du pouvoir, voire de » gouvernance à vue « , d’allocations de ressources à des domaines prioritaires, du point de vue du gouvernement, sans que cela s’inscrive dans une démarche économique qui tiennent compte des aléas d’une situation intérieure menacée de catastrophe, mais aussi d’une crise financière d’ampleur mondiale.
Le président Ould Abdel Aziz doit enfin joindre l’acte à la parole ! Lui qui réitère sans cesse que le gouvernement mauritanien a les moyens de sa politique, doit de sitôt engager des actions pour que les populations de l’intérieur du pays, ne soient plus laissées pour compte.
MOMS
Source : L’Authentique (Mauritanie)