Evaluation à mi-chemin de la Feuille de route sur l’esclavage : Veut-on clore le dossier de l’esclavage ?!

Evaluation à mi-chemin de la Feuille de route sur l’esclavage : Veut-on clore le dossier de l’esclavage ?!

Avec une avalanche de lois, dix institutions et des centaines d’ateliers et séminaires, plus une feuille de route onusienne, l’esclavage en Mauritanie ne devrait plus faire de vieux os en Mauritanie.

Sauf que comme pour le Passif humanitaire, soldé entre deux pleurs mortuaires ponctués de quelques génuflexions à Kaédi et quelques subsides vite distribués sous le manteau à quelques veuves et anciens fonctionnaires fauchés comme Job , l’esclavage ne saurait se faire enterrer au détours d’un simple office, même saupoudré des plus belles circonvolutions discursives.

En présidant mardi une réunion d’évaluation à mi-chemin de la Feuille de route pour l’éradication de l’esclavage, le gouvernement de Yahya Hademine s’apprête-t-il à annoncer, en deux actes, la clôture définitive de ce dossier ?

Le gouvernement, par le biais du Commissariat aux droits de l’homme et sous la présidence effective du Premier ministre, Yahya Ould Hademine, a animé mardi dernier au Palais des Congrès de Nouakchott, une rencontre d’évaluation à mi-chemin de la Feuille de route en 29 points pour l’éradication des formes contemporaines de l’esclavage en Mauritanie.

Une cérémonie à laquelle ont pris part les membres du conseil interministériel chargé d’exécuter cet ambitieux agenda, le corps diplomatique accrédité àNouakchott ainsi que plusieurs organisations de la société civile.

Dans son allocution, le Premier ministre a déclaré en substance que le gouvernement fait de l’éradication des formes contemporaines de l’esclavage l’une de ses priorités, indiquant qu’une stratégie multisectorielle sur deux ans a été mise en place.

Cette stratégie se déclinerait à travers des plans d’actions à durée limitée, ce qui permet, selon lui, aux membres du conseil interministériel chargé de l’exécution de la Feuille de route d’en suivre l’évolution d’une manière ponctuelle, à travers les rapports que lui adressa la commission technique multisectorielle représentant les différents départements impliqués dans le processus, avec l’apport de la société civile et le Bureau Nouakchott du Haut commissariat des droits de l’homme de l’ONU.

La revue à mi-chemin de la Feuille de route permettra, devait-il ajouter « d’évaluer le chemin parcouru, de relever les insuffisances et les aspects à améliorer ». La réalisation de la feuille de route contribuera, selon lui, à éradiquer toutes les formes de marginalisation, de discrimination et d’inégalités sociales, ce qui « participera à la consolidation de l’unité nationale » a-t-il ajouté.

De son côté, le président de la Plateforme de la société civile a indiqué que la Feuille de route a réussi à diagnostiquer les problèmes de l’esclavage enMauritanie, ce qui a permis, selon lui, de mettre en place une vision claire des procédures à prendre pour l’éradiquer.

Il a rappelé à ce titre au gouvernement les engagements qu’il avait pris vis-à-vis de la société civile et de son implication dans le processus en cours. Une implication que le représentant du Haut Commissariat des droits de l’Homme a réitérée, indiquant que la société civile doit être présente à toutes les étapes de l’exécution de la Feuille de route.

Il a par la suite exprimé la disponibilité de son organisme à accompagner la Mauritanie dans ce processus. A son tour, la Commissaire aux droits de l’Homme, Aïcha Mint MHeihem a indiqué que l’exécution de la Feuille de route à contribuer à renforcer la confiance entre la Mauritanie et ses partenaires.

Par la suite, les participants ont suivi des communications présentées par les ministres et responsables membres du conseil interministériel, Affaires Islamiques, Habitat, Affaire Sociales, Directeur général de l’Agence Tadamoun et Commissariat aux droits de l’homme, sur le contenu de la Feuille de route, ses étapes d’exécution et les mécanismes utilisés à cet effet.

Seul hic dans ce dossier, la mise à l’écart des acteurs « non désirés »,nonobstant leur rôle dans l’exécution de cette ambitieuse mission. Il s’agit de toutes les organisations de la société civile et de toutes les entreprises de presse indépendantes non inféodées au pouvoir en place.

La société civile qui a été conviée à ces assises est celle-là qui a été fabriquée dans les officines du pouvoir, mais les réels acteurs de la lutte contre l’esclavage non soumis au diktat de l’Exécutif ont été exclus du processus.

C’est l’avis de plusieurs mouvements antiesclavagistes, comme l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) ou encore TPMN et les organisations structurées et connues de tous. Selon cette thèse,

l’emprisonnement actuel du président d’IRA et de son vice-président entrerait dans une logique des autorités soucieuses de boucler ce dossier loin de leurs turbulences.

Ainsi, dans sa précipitation à solder cet épineux dossier qui ternit l’image du pays, le gouvernement mauritanien tient à annoncer à la deuxième étape que « laMauritanie a soldé le dossier de l’esclavage ».
Cette annonce sera suivie de mesures drastiques qui pourraient être prises à l’encontre de toute organisation qui prétendrait avoir découvert des cas d’esclavage. Exactement, comme avec le Passif Humanitaire que l’Etat mauritanien a déclaré avoir définitivement clos, malgré les nombreux dossiers encore pendants et dont les victimes ne parviennent pas à recouvrer leurs droits.

JOB
Source : L’Authentique (Mauritanie)