L’affaire Bazeïd Ould Mahmoud, esclavagiste dans la wilaya (région) de Tiris Zemmour

Cette affaire, qui a un caractère esclavagiste du début à la fin, se déroule en Mauritanie. Un État dont l’attitude face à l’esclavage est très ambiguë. La suite de cette affaire relatée par le militant El Khory Brahim Sneïba, membre de SOS Esclaves (ONG en Mauritanie) en donne un aperçu.

La victime de l’esclavage est dénommée Bahinë Ould Lakhdaf, personne atteinte d’un déficit mental que sa famille a perdu de vue. Malgré sa disparition, la famille a été toujours à sa recherche. Vingt ans après, un membre de celle-ci le retrouve dans la wilaya de Tiris Zemmour où il est séquestré, asservi et maltraité par l’esclavagiste maure Bazeïd Ould Mahmoud. Il a profité de sa misère, de son égarement et de son état mental pour l’exploiter pendant vingt ans. Après avoir été découvert par un membre de sa famille, lequel porte à la gendarmerie à Atar, qui saisit le procureur et le juge. Ces autorités administratives, judiciaires, de sécurité se sont rendus sur les lieux et ont écouté le récit de l’esclavagiste Bazeïd Ould Mahmoud. Il reconnaît les faits qui lui sont reprochés. La justice l’a condamné à 10 ans de prison et 10 millions d’ouguiyas (valeur ancienne) comme amende pour séquestration, asservissement et maltraitance d’une personne atteinte d’une maladie mentale.

Face à ce jugement, l’avocat de Bazeïd Ould Mahmoud porte l’affaire devant la juridiction de Nouadhibou (capital régionale de Dakhlat Nouadhibou). Le 2 mai 2023, le juge à Nouadhibou annule la condamnation et libère l’esclavagiste. Il maintient uniquement la compensation des 10 millions d’ouguiyas (valeur ancienne) sans qu’il n’exige qu’elle soit payée sur le champ.

El Khory Brahim El Sneïba donne des exemples où les esclavagistes n’ont jamais payé les compensations auxquelles la justice les a condamnées.

Dans cette affaire, Bazeïd Ould Mahmoud en sort gagnant puisqu’il est non seulement libre mais il n’est pas même tenu de payer la compensation des 10 millions.

El Khory Brahim El Sneïba propose que l’État crée un fonds de compensations au bénéfice des victimes de l’esclavage décidées par la justice. Il suggère que l’agence Taazour, chargée de lutter contre les séquelles de l’esclavage, ce dont elle ne s’acquitte que peu ou pas, soit chargée de ces compensations.

A Paris
Le 3 mai 2023
Mohamed Yahya OULD CIRE
Président de A.H.M.E
www.haratine.com