Lorsque des Haratine pillent d’autres haratine

Le cas d’Oumar Ould Awbeck dit Oumar Fall, ancien secrétaire général du ministère de l’intérieur

En 1967, alors qu’il était en formation au centre agricole de Bambey au Sénégal, Oumar Fall vint proposer au Haratine Oulad Aïd de l’arrondissement de Tékane, département de R’kiz, région du Trarza, la mise sur pied d’une exploitation agricole collective  en vue de la culture du riz.

Son idée a été inspirée par l’expérience des habitants de Tékane qui possédait une coopérative agricole depuis 1965. Celle-ci a été initiée par l’ancien directeur de l’école primaire, Monsieur Kane Abdoul Ciré, originaire lui-même du village.

Les Oulad Aïd avaient été séduits par cette  idée car ils avaient vu ce que la rizière de Tékane avait apporté à ceux qui l’exploitaient

Dans l’espoir de voir naître une rizière chez eux les Oulad Aïd étaient très motivés. Ils ont facilement accepté les cotisations qui leur ont été demandées par Oumar. Ainsi, on a pu collecter l’équivalent  d’un million de Francs CFA. Chaque homme versait 2000 F CFA et chaque femme 1000F CFA. L’engouement fut tel que certains enfants eurent  à cotiser.

Selon Oumar Fall, la moitié de l’argent était censée être déposée auprès de la direction régionale  de l’agriculture à Rosso,  capitale régionale du Trarza. L’autre partie devait être confiée à un membre de sa famille, Fëyil Ould Awbëck, son cousin germain, choisi, sans concertation, par ses soins, afin d’être fructifié par le biais d’un commerce.

Ce commerce a duré cinq ou six ans. Les Oulad Aïd n’ont jamais profité de ce commerce. Les  marchandises ont profité à trois familles : Ahmed Ould Awbëck, père de Oumar Fall, Mour Ould Awbëck, frère de Fëyil et la famille de Fëyil lui-même. Les trois familles ont été gracieusement nourries par ce  commerce durant toutes les années de son existence.

S’agissant de  la partie censée être confiée à la Direction régionale de l’agriculture, elle a été  utilisée par Oumar Fall lui-même pour se distraire dans les boites de nuits de Saint-Louis, Bambey, Diourbel  au Sénégal et jouir de la vie.

Au moment  de proposer son idée aux Oulad Aïd, Oumar Fall était accompagné d’un Monsieur du nom de N’diaye qui avait  été présenté comme étant un ingénieur chargé de créer des coopératives agricoles en Mauritanie. Renseignements pris, bien des années plus tard, il s’est avéré que Monsieur N’diaye n’était autre qu’un de ses promotionnaires du centre de formation.

En 1969, les Oulad Aïd se sont réunis à Mëchraä Sidi pour demander des comptes à Oumar Fall. L’intéressé ne s’est jamais présenté. Son père Ahmed Ould Awbëck, ses deux  cousins :  Fëyil et Mour Ould Awbeck ont aussi brillé par leur absence. La seule personne qui s’est présentée est Vatma mint Mour, la mère de Oumar Fall. Pour défendre son fils, elle avait jeté son voile en l’air et proclamé que son fils n’était point un usurpateur ou voleur..

De 1969 à 1979, Oumar Fall n’a jamais mis pied chez  les Oulad Aïd craignant d’être interpellé sur cette affaire.

Entre Abdoul Ciré qui construit des coopératives  pour  améliorer le sort de ses parents tékanois et Oumar Fall qui dépouille sa communauté à son profit et celui de ses proches, il y a un immense fossé. Abdoul Ciré fut honnête et digne homme avec sa communauté alors que Oumar Fall a profité de la confiance et de l’ignorance des Oulad Aïd pour se faire indûment du pognon et pour nourrir sa  famille.

Certains utilisent leur intelligence et savoir pour améliorer le sort des êtres humains alors que d’autres se servent de leur savoir et esprit pour duper et couper tout espoir à des personnes.

Par ses faits et gestes, Oumar Fall porte une grande responsabilité dans le retard économique, social et politique de la communauté des Ouald Aïd du Trarza. Si la Féodalite maure et négro-mauritanienne fait du tort aux Haratine, certains haratine, par leur comportement, sont à l’origine de beaucoup de malheurs de leur communauté.

Mohamed Yahya Ould Ciré