Une force de l’Union africaine de 3000 hommes pour le Sahel

Une force de l’Union africaine de 3000 hommes pour le Sahel Smaïl Chergui, commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’Union Africaine, a publié mercredi dans le quotidien suisse Le Temps une tribune appelant à l’unification des stratégies de stabilisation du Sahel s’émancipant des puissances occidentales et du millefeuille des dispositifs en faveur de la région.

Estimant que la Minusma et ses 15 200 personnels n’ont pas produit d’avancées décisives, Smaïl Chergui écrit, à raison, que « le Sahel étouffe de programmes à répétition et de plus de 17 stratégies, alors que le G5 Sahel a formulé son propre plan d’investissement prioritaire en 2014 ». Il rappelle que les annonces de soutien au G5 ne se sont concrétisées qu’à hauteur de 20% seulement.

Assumant une erreur de l’Union africaine, qui a transféré « prématurément » selon lui, l’autorité de l’intervention militaire de la Mission africaine (Afisma) à la Minusma, en 2014, il affirme que « le moment est venu de revisiter et d’adapter les stratégies de stabilisation de la région du Sahel pour les unifier. De s’attaquer au miel qui attire les abeilles. »

« L’Union africaine a décidé le déploiement d’une force de 3000 soldats pour soutenir les pays du G5 Sahel en complément des efforts en cours. Le concept d’opération est en phase de finalisation, en tenant compte du Covid », annonce-t-il.

Mais au-delà des interventions militaire et sécuritaire, le diplomate pense qu’il faut agir sur le « développement, primat de la justice et inclusion des communautés locales, des femmes et des jeunes dans la définition et la mise en œuvre des politiques. » Et l’appropriation nationale et régionale qu’il appelle de ses vœux doit se faire « loin de toute imposition de modèle ou projets de développement, basée sur la reconstruction du tissu social et la consolidation de l’unité nationale. »

« Notre continent a changé et les Africains doivent s’approprier le processus et le cheminement vers un changement transformateur, induisant stabilité et prospérité avec le concours de nos partenaires, et non plus sous leur dictée », poursuit Smaïl Chergui.

« Face au statu quo, les citoyens sont las et aspirent à la dignité. Les peuples africains exigent des gouvernements qu’ils les servent plutôt qu’ils ne se servent », affirme-t-il, explorant les causes politiques de la crise.

Enfin, il s’avance dans une direction qui ne manquera pas de faire polémique : la négociation avec les groupes armés terroristes, engagée d’ailleurs par le gouvernement d’Ibrahim Boubacar Keita au Mali avant son renversement par un coup d’Etat le 18 août dernier.

« L’accord signé avec les talibans, le 29 février 2020, peut inspirer nos Etats membres pour explorer le dialogue avec les extrémistes et les encourager à déposer les armes, en particulier ceux qui ont été enrôlés de force », estime le diplomate.

Par La rédaction de Mondafrique

Source : Mondafrique