Cinquante-cinq ans après son indépendance, la République Islamique de Mauritanie poursuit son petit bout de chemin, avec, sur les bras, quasiment les mêmes problématiques auxquelles ses fondateurs faisaient face. L’une d’elles, l’esclavage, constitue, depuis quelque temps, une question centrale autour de laquelle toutes les polémiques, parfois les plus assourdissantes, sont entretenues. Autour de laquelle gravitent des individus, des groupes, des organisations, afin d’en faire, pour certains d’entre eux, « un gourdin du cou » au gouvernement, histoire de lui soutirer diverses faveurs. Les souffrances, les discriminations et les misères d’importantes franges nationales sont, ainsi, sacrifiés à l’autel des calculs, égoïstes et mesquins, d’une poignée d’opportunistes qui ne ratent aucune occasion de verser des larmes de crocodile sur la présumée infortune de « cousins » dont ils se démarquent, souvent, dès que leurs conditions matérielles leur permettent de s’inventer un nouveau statut ou que leurs complexes grégaires les tirent vers une autre composante nationale. Face à eux, une autre bande de manipulateurs zélés, instrumentalisés, par l’Etat, contre promotions, argent et voyages à l’étranger, donne de la voix, pour nier les afflictions des Haratines dont les manifestations sont pourtant si visibles, à travers les adwabas, les quartiers populaires des grandes villes, les prisons, les rues de Nouakchott ou de Nouadhibou… Entre ces deux groupes, le gouvernement, acculé, d’une part, par un contexte international qui ne favorise plus des pratiques aussi rétrogrades que l’esclavage, et, d’autre part, la lutte d’une certaine élite haratine, inaugurée avec la première déclaration, le 5 mars 1978, du mouvement d’émancipation de leur communauté. Depuis, la question creuse son chemin, avec des hauts et des bas.
DÉCLARATION ORALE Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies, 25ème session (3 au 28 Mars 2014)
Débat général, section 2/3 : Rapport du Haut Commissaire Elizabeth O’Casey, chef de la délégation de l’IHEU auprès de l’UNHRC
ESCLAVAGE EN MAURITANIE ET LA PROTECTION DES DEFENDEURS DES DROITS DE L’HOMME
Nous remercions le Haut Commissaire pour son rapport dans lequel nous constatons qu’il est fait mention de la formulation par son bureau d’un avis pour l’éradication des discriminations raciales et pour la promotion de l’égalité en Mauritanie.
Malheureusement, l’une des formes de discrimination et d’inégalité qui persiste dans ce pays est l’esclavage. Malgré le fait que la constitution mauritanienne définisse l’esclavage comme un crime contre l’humanité, et en dépit d’efforts récents pour répondre à ce problème, la Mauritanie a le plus grand taux d’esclave au monde.
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A.H.M.E. et Channel Africa Radio (République Sud Africaine)
Il s’agit d’une interview relative à l’esclavage en Mauritanie accordée par Mohamed Yahya Ould Ciré, président de A.H.M.E. à la journaliste Coumba Pamela de la Radio Channel Africa le 11/03/2014.
Voici le lien :
Mohamed Yahya Ould Ciré
Président de A.H.M.E.
Journal le « Cri du hartani »
Site : www.haratine.com
Qui a désinformé Aziz jusqu’à lui faire dire en direct un gros mensonge hier ?
L’AFP : « La Mauritanie est sortie du groupe des cinquante pays les pluspauvres du monde pour devenir un pays à revenu moyen, a affirmé le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz au cours d’un débat jeudi soir à Nouakchott avec des jeunes de son pays.
« Nous sommes sortis de notre situation de pays parmi les cinquante plus pauvres du monde et nous sommes aujourd’hui classés parmi les pays à revenu moyen », a déclaré le chef de l’Etat qui recevait quelque 400 jeunes pour un débat consacré aux difficultés de la jeunesse mauritanienne et sa place dans l’économie et la vie politique.
Selon lui, la Mauritanie a réussi à acquérir cette place depuis 2013 grâce aux efforts de son gouvernement dans la « lutte contre la pauvreté, la gabegie et la corruption » ainsi qu’à ses choix économiques et à une politique de « bonne gouvernance ». »
Vidéo où Aïchetou et sa sœur Moyna raconte leur calvaire d’esclave
Pourquoi cette absence de démocratie dans le monde arabe ?
David Cornut – Esclavage au Soudan et en Mauritanie
Inventeurs et savants noirs occultés
Esclavage islamique sur les populations noires
L’esclavage du souvenir à la mémoire, de Christine Chevallon
Cet ouvrage propose une étude de grande envergure, première du genre, sur la mémoire et le souvenir de l’esclavage. En analysant les débats politiques et académiques des vingt dernières années, l’auteur dégage deux approches : celle du soupçon politique (victimisation, instrumentalisation, surenchère) et celle du doute anthropologique (fragilité, absence, vide). Ayant établi ce constat, Christine Chivallon part alors à la recherche des traces du souvenir de l’esclavage, ainsi que des témoins qui les transmettent, pour comprendre la teneur des expressions mémorielles issues de l’expérience esclavagiste.
L’étude de l’Insurrection du sud, qui a opposé, à la Martinique, anciens maîtres et anciens esclaves, en 1870, au moment de l’instauration de la Troisième République, forme le pivot de ce parcours. Elle permet de reconstituer une scène primordiale de violence et d’en trouver les expressions transmises au sein des descendants des insurgés, témoins d’aujourd’hui. L’approche de cet évènement fondateur fournit l’occasion d’aller bien au-delà de la découverte de récits de mémoire minorés pour explorer les différentes manières de transmettre, de s’emparer ou « d’incorporer » le passé, dans un contexte (post)colonial, formé dans la double matrice de l’esclavage et de la République.
Pourtant, cette recherche dépasse largement le cadre empirique de la Martinique, en établissant des connaissances sur la Caraïbe et en construisant des interprétations théoriques, autant sur les faits de mémoire que sur les expériences historiques liées aux conditions coloniales esclavagistes et à leurs devenirs.
Christine Chivallon est directrice de recherche au LAM-CNRS (Sciences Po Bordeaux, Université de Bordeaux), anthropologue et géographe, auteur d’ouvrages et de nombreux articles portant sur les sociétés de la Caraïbe et les questions de la construction identitaire.
KARTHALA – CIRESC
ISBN : 978-2-8111-0689-8 (16 x 24 cm) – 624 p. – 36 €