La liberté d’expression : la Mauritanie marche à reculons [Vidéo]

La liberté d’expression : la Mauritanie marche à reculons [Vidéo]

DuneVoices – L’arrestation d’activistes du mouvement anti-esclavagiste qui s’est accompagnée successivement de la répression de journalistes, de musiciens et de syndicalistes symbolise un recul récent de la liberté d’expression enMauritanie.

Biram Ould Abeid, le président de l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), et son co-président Brahim Abbeye, ont été arrêtés avecDjiby Sow le président de l’ONG des droits humains Kawtal en décembre 2014 et tous trois ont été condamnés à la mi-janvier 2015.

Un patron de presse sous contrôle judiciaire, un journaliste agressé, un chanteur emprisonné, trois autres activistes anti esclavagistes condamnés, des syndicalistes du secteur minier interdits de manifester… Leur point commun : la contestation de la politique du pouvoir mauritanien.

« La garantie de jouissance des libertés fondamentales … »

Malgré l’article 10 de la constitution mauritanienne garantissant la liberté d’expression, d’opinion et de pensée, plusieurs ONGS nationales et internationales pensent que la Mauritanie renoue depuis un certain temps avec ses vieux démons autoritaires :

« La garantie de jouissance des libertés fondamentales et l’exercice des droits humains en toute quiétude par les défenseurs de droits de l’Homme sont plus que jamais menacés par les pouvoirs publics et les collectivités locales qui jouissent d’une marge d’abus de pouvoir sans précèdent dans ce pays 
» déclare Karim Lahidji, président de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme enMauritanie.

Plusieurs cas illustrent cette crispation du régime. 

Lauréat du prix des Nations Unies pour les Droits de l’Homme en 2013, Biram Dah Ould Abeid a terminé deuxième aux élections présidentielles de 2014. Le 15 janvier, le tribunal de Rosso – 200km au sud de Nouakchott – l’a condamné à deux ans de prison ferme pour avoir participé à une marche non autorisée et pour son appartenance à une organisation – IRA – non reconnue.

« Poursuivre, condamner quelqu’un pour le fait qu’il s’active contre l’esclavage est aussi un crime. Un recul de la liberté d’expression et d’association est notable à travers la condamnation de Biram et de ses compagnons » déplore Me Brahim Ould Ebetty, membre du collectif des Avocats de Biram et ses codétenus.

Le 24 décembre 2014, Mohamed Cheikh Ould Mkheitir (29 ans), auteur d’un article jugé «attentatoire à l’Islam et à la personne du prophète Mohamed » a été condamné à mort pour apostasie par la Cour criminelle de Nouadhibou (capitale économique de la Mauritanie). Moustapha Ould Abeidrrahamane, député à l’Assemblée nationale et président du parti le Renouveau démocratique (RD), a déclaré, le 30 mars récent, que «Si Ould Mkheïtir n’était pas forgeron, il ne se serait pas condamné pour apostasie».

Le crime pour lequel Ould M’kheitir est reconnu coupable, entre dans le champ d’application de l’article 306 code pénal mauritanien. Article, invoqué par M.Ahmed Ould Isselmou procureur de la République au près du tribunal deNouadhibou qui représentait le parquet dans son réquisitoire dont la demande d’exécution de l’accusé a été suivi par la cour. Cet article stipule « toute personne coupable du crime d’apostasie sera, à moins qu’elle ne se repente au préalable, punie de la peine de mort ».

« L’appel au meurtre est un crime »….. 

Jeudi 5 juin 2014, Yehdhih Ould Dahi, leader du mouvement islamiste radical mauritanien Ahbab Errassoul (les amis du prophète), a lancé une fatwa condamnant à mort la militante des droits de l’homme Aminetou Mint El Moctar.Dans un texte publié intégralement sur le site mauritanien « 28 novembre », le leader radical lui reproche notamment d’avoir défendu la cause du jeune Cheikh Ould Mkheitir début 2014. Aminetou Mint El Moctar s’est dite déterminée à « combattre les idées proférées par le chef des Amis du prophète. L’appel au meurtre est un crime », a-t-elle rappelé.

La presse a largement commenté l’affaire, tel le Nouvel Observateur : «Dans cette affaire, la partialité du juge est flagrante. Le repentir de Mkheitir n’a pas eu d’incidence ni sur la qualification juridique de son acte ni sur l’issue du procès. Ainsi, le principe du procès équitable dont doit jouir tout justiciable a été bafoué par la justice mauritanienne.

L’instruction, dans cette affaire ne s’est faite qu’à charge et ce à l’encontre du prévenu, sous la pression politico-religieuse. Une violation manifeste des droits de la défense, l’absence de procès équitable, l’instruction à charge et le défaut de qualification légale de l’incrimination, ont été constatés ».

« ….les libertés sont torpillées dans ce pays »

Le 28 janvier 2015, le Hakem de Dar Naïm a empêché la Confédération libre des Travailleurs de Mauritanie d’organiser une activité syndicale en collaboration avec l’Agence espagnole de Coopération internationale pour le Développement. Il s’agissait, selon la CLTM, d’une campagne de sensibilisation sur l’arsenal juridique mauritanien sur l’esclavage. Le Hakem se justifie par l’incompatibilité du travail syndical avec la politique, au moment où cette activité a, selon lui, une vocation politique.

« Il y a une nouvelle vision du gouvernement qui est d’écraser toutes les sensibilités, les opinions des acteurs qui agissent pour dénoncer les pratiques esclavagistes qui sévissent encore en Mauritanie » estime Samory Ould Bèye, Secrétaire Général de la Confédération Libre des Travailleurs de Mauritanie. « Si on ne permet pas à la population de s’exprimer, de dire ses idées, ses pensées, ça démontre que les libertés sont torpillées dans ce pays ».

« Les Association des défenseurs des droits de femmes ont été interdites de manifester, les syndicalistes qui protestent sur les conditions des travailleurs de laSNIM ont eu droit à cette interdiction, ainsi que des défenseurs des droits des harratines (les descendants d’esclaves) » déclare un militant des droits de l’homme sous couvert d’anonymat. « Depuis quelques semaines, les autorités sécuritaires refusent tout genre de manifestation ou sit-in.» 

Depuis peu, Hamada, un membre de Ewlad Lebled, le groupe du rap mauritanien, est emprisonné. Le parquet l’accuse de viol et usage de drogues. Cette accusation vient à la suite de la provocation du groupe au festival des villes anciennes de Chinguitti : invité à chanter l’éloge du président, le groupe a scandé sa dernière chanson intitulée: «dégage !». 

Ewlad Lebled avait produit plusieurs chansons contre le président Mohamed Ould Abdelaziz. Le Porte-parole de la Commission des jeunes du parti au pouvoir, l’UPR, accuse le groupe d’être financé par Mohamed Bouamatou, homme d’affaires mauritanien exilé pour ses différends avec son cousin le président de la République.

« L’emprisonnement de mon client est un exemple frappant du manque du respect de la liberté d’expression en Mauritanie » affirme Me Mohamed Mbarek Ould Mohamed Vall, avocat du rappeur, Hamad Ould Sidi, membre du groupeEwlad Lebled avant sa libération provisoire.

«Hamada est en liberté provisoire. Il est en pleine instruction. La cour suprême a confirmé la décision du juge. Il est sous contrôle judiciaire. Il signe deux fois par semaine à la police. Nous attendons qu’il notifie la fin de l’instruction pour pouvoir demander un non-lieu» ajoute Me Vall après la liberté provisoire accordée à son client.

« Ould Abdel Aziz est directement impliqué »…..

Pour le journaliste du site Taqadoumy, Hanevy Ould Dehah, l’agression qu’il a subie résulte dit-il de la ligne éditoriale de son site qui dénonce la mal gouvernance, la corruption, le détournement des deniers publics dans lesquels «Ould Abdel Aziz est directement impliqué ». 

« La liberté d’expression et de presse a sensiblement marqué le pas enMauritanie par rapport à l’ère de Ould Taya » ajoute-t-il : « malgré quelques retouches de façade initiées sous le régime de Ould Abdel Aziz ». 

Mauritanie? attaque contre la liberté (VIDEO) :  https://www.youtube.com/watch?t=103&v=aDkbWTJvpwM
Source : DuneVoices (Mauritanie)

Comité de soutien aux détenus d’Aleg – Appel au sit-in

Comité de soutien aux détenus d’Aleg – Appel au sit-in

Le comité de soutien aux détenus d’Aleg enFrance informe la diaspora et tous les amis de la Mauritanie juste et égalitaire, qu’il organise un sit-in le Mercredi 08 Avril 2015 à partir de 13H en face de l’ambassade de Mauritanie à Paris.

Pour rappel, trois leaders des associations de droits humains, notamment Biram Dah Abeid, Brahim Bilal Ramdhanerespectivement président et vice-président de IRA, et Djiby Sow, président deKAWTAL croupissent à la prison d’Aleg dans un flou judiciaire sans précédent.

Arrêtés le 11 Novembre 2014 à l’entrée de la ville de Rosso, à la suite d’une caravane contre les expropriations foncières et l’esclavage foncier, les trois leaders ont été condamnés finalement à 2 ans d’emprisonnement le 15 janvier dernier à Rosso.

Par ailleurs, transférés en-dehors de leur circonscription judiciaire d’origine, leur appel tarde à être traité par une institution judiciaire sous les ordres d’un pouvoir politique totalitaire, dont le président Mohamed Ould Abdel Aziz est le porte-drapeau.

Face à ces détentions arbitraires, nous réaffirmons notre engagement ferme et sans condition à soutenir par tous les moyens légaux, ces détenus de droits humains et d’opinion, mis derrière les barreaux.

Le comité de soutien aux détenus d’Aleg/ France
Source : Jeunesse Mauritanienne

Visite de Mohamed Abdel Aziz au Hodh Gharbi : Les cadres haratines ruminent encore leur colère

Visite de Mohamed Abdel Aziz au Hodh Gharbi : Les cadres haratines ruminent encore leur colère

Selon des déclarations faites sous couvert de l’anonymat par des cadres haratines membres de la mouvance présidentielle, et ressortissants de la Wilaya du Hodh Gharbi, la visite récente que vient d’effectuer le présidentMohamed Abdel Azizdans leur région, a été marquée par leur mise à l’écart et leur marginalisation.  Lire la suite

Le mépris, jusqu’où et jusqu’à quand ? : Par Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine

 Le mépris, jusqu’où et jusqu’à quand ? : Par Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine

Dans un article publié en début d’ année 2011, en réponse à une question posée par l’un de ses amis, l’intellectuel et philosophe égyptien, le Dr. Youssouf Zidaneaffirmait sur un ton péremptoire, que le problème le plus important et le plus grave auquel est confrontée l’Egypte était la suprématie de la culture du mépris, érigée en système de gouvernance.  Lire la suite

A.H.M.E et le site : www.lectures.revues.org

Mohamed Yahya Ould Ciré, La Mauritanie. Entre l’esclavage et le racisme

À la lecture du livre de Mohamed Yahya Ould Ciré, on reste partagé. D’un côté, on ne peut être insensible au thème développé par l’auteur : les esclaves dans la Mauritanie contemporaine.
Car contrairement à ce que l’on peut entendre, l’esclavage en Afrique ne s’est pas arrêté avec les abolitions des traites négrières du XIX
e, pas plus qu’avec la colonisation qui a suivi (la fin de l’esclavage étant pourtant l’un des moteurs idéologiques des conquêtes européennes). Lire la suite

Privation des fils de Ould Bilal de rendre visite à leur père à la prison d’Aleg

Privation des fils de Ould Bilal de rendre visite à leur père à la prison d’Aleg Vaiza Mint Brahim Ould Bilal, fille du Vice-président de l’IRA, détenu à Aleg avec le Président de l’organisation Biram Oukld Dah Ould Abeid et le leader de Kawtal Ngam Yelitaare, a évoqué lundi 30 mars courant l’interdiction faite à ses frères, par les autorités carcérales d’accès à la prison d’Aleg, de rendre visite à leur père. Lire la suite

IRA-Mauritanie : Comme pour l’esclavage, Aziz nie l’existence de prisonniers d’opinion en Mauritanie

IRA-Mauritanie : Comme pour l’esclavage, Aziz nie l’existence de prisonniers d’opinion en Mauritanie Dans une conférence de presse tenue ce jeudi 26 mars 2015 qu’il démarra par une agression verbale contre les journalistes, suivie d’un ordre d’interrompre la télédiffusion dans la pure tradition des plus petits dictateurs du tiers monde, le général Aziz a nié l’existence de prisonniers d’opinion dans ses geôles. Lire la suite