Dans sa proclamation, le 29 juin dernier, des résultats définitifs des résultats de l’élection présidentielle, maître Sghair Ould M’Bareck, président duConseil constitutionnel, nous a confirmé ce que le monde entier savait déjà, depuis belle lurette, hélas : le niveau d’études requis, en Mauritanie, pour diriger une haute institution de l’Etat ne dépasse pas l’école primaire.
On bataillait sur l’année : cinquième ou sixième ? La saillie d’Ould M’Barecknous oblige à revoir la question à la baisse. Ce serait, plutôt, entre troisième et quatrième année du Fondamental…
Preuve par neuf. Pour calculer le nombre de votants à une élection, on doit faire deux additions. Tout d’abord, celle des bulletins valides pour chaque candidat, qui donne le nombre des suffrages exprimés. Soit, en l’occurrence de l’élection du 21 juin, 580 062 + 61 757 + 31 381 + 31 245 + 3 453 = 707 898.
Là, rien à dire, Ould M’Bareck s’en est tiré avec un 10/10 sans bavures et le maître pouvait s’éponger le front, en soupirant d’aise, après ce premier et brillant succès. La seconde addition consistait à ajouter, à ce nombre de suffrages exprimés, les bulletins nuls et les blancs : 707 898 + 32 442 + 10 853 ; afin d’obtenir le nombre de votants D’après Ould M’Bareck (1), cela ferait 751 163. Aïe ! Mouchkil ! Il en a oublié 30 en chemin !
Evidemment, deux additions successives, c’est beaucoup. Les neurones, à cet âge, ça fatigue vite ; il lui en manque aussi quelques-uns, c’est dans l’ordre des choses. Et puis, tout de même, il a réussi au moins une des deux opérations, notre expert national ! On lui mettra donc 10/20, il a la moyenne. C’est médiocre, bien sûr, mais tout-à-fait dans la norme de nos hauts cadres nationaux.
Certes, ce résultat « définitif » – qu’on pourrait même qualifier d’historique, une vraie révolution arithmétique, à placarder dans toutes nos écoles, en illustration exemplaire du « Mouvement de la Rectification » – ce résultat, dis-je, vole, un chouïa, un taux de participation déjà fort chagrin. Les stratèges de la majorité s’interrogent : faut-il invalider le scrutin ? Sans compter les petites bizarreries des différences entre les chiffres de la CENI et ceux du Conseil Constitutionnel.
La CENI a compté 10 877 bulletins blancs. Par quelle magie 24 d’entre eux se retrouvent-ils comptabilisés dans les suffrages exprimés, par le CC qui ne décompte, lui, que 10 853 bulletins blancs ? La même question pour 758 bulletins réputés nuls, par la CENI, qui se retrouvent validés, par le CC… Rectification sainte, peut-être. Mais pas très saine, sûrement. On mangera donc du merle…
En attendant que les processus de vérification, entre les résultats provisoires et définitifs, soient, enfin, élucidés, aux yeux du moindre citoyen. La transparence, c’est aussi cela…
Ahmed Ould Cheikh