Mardi 11 décembre 2018 Oxfam et son partenaire le Réseau des Organisations sur la Sécurité Alimentaire (ROSA) ont procédé au lancement de son projet visant le « renforcement du pouvoir citoyen d’organisations communautaires de base ». Celui-ci concerne 3 communes au Brakna, au Gorgol et au Hodh El Gharbi.
Il vise à favoriser la cohésion sociale et l’éducation à la citoyenneté d’hommes, femmes, jeunes et enfants. Il est soutenu par des organisations institutionnelles et privées : l’Etat mauritanien à travers plusieurs Départements ministériels (Affaires sociales, de l’Enfance et de la Famille, Culture et de l’Artisanat, Intérieur et de la Décentralisation et Jeunesse et Sport), l’Union Européenne, le Réseau des organisations sur la sécurité alimentaire et le Réseau des femmes parlementaires.
Ce projet vise à contribuer à l’émergence des organisations communautaires de base, avec un axe très soutenu envers les associations féminines afin d’influencer efficacement sur la mise en œuvre des politiques publiques au niveau local.
En y œuvrant, on contribuera bien entendu à renforcer les capacités institutionnelles, organisationnelles, techniques, d’accès et de gestion financière des organisations, en particulier les associations féminines dans 3 communes. Ces dernières connaîtront ainsi un renforcement dans leur pouvoir citoyen et une gouvernance locale plus participative, plus transparente et plus redevable.
Soixante dix (70) Organisations Communautaires de Base (OCB) comprenant des coopératives féminines, des associations de jeunes à caractère culturel, des associations villageoises à caractère social intervenant dans les communes de Boghé, de Kaédi et de Tintane ont été éligibles à cette opération d’envergure qui touche une population de 59 945 personnes (dont 31 960 femmes et 27 985 hommes) à Boghé, 49 700 personnes (dont 25 347 femmes et 24 353 hommes) à Kaédi et 21 688 personnes (dont 11 440 femmes et 10 248 hommes) à Tintane.
Soit un total de 131 333 personnes /21 889 ménages. Ces entités bénéficieront de formations et renforcements de capacités, grâce à des subventions et des accompagnements financiers sur des ateliers d’orientations stratégiques se fondant sur les bases de l’égalité et de l’équité de genre par la mise en réseaux, séances d’informations et de sensibilisations.
Le procédé sera aussi celui de rencontres inter communales, et la mise en place d’espaces de citoyenneté, activités d’accompagnement et de suivi- évaluation participatif. Voilà pourquoi on ne lésinera pas sur la formation et l’accompagnement des 70 organisations ciblées dans les 3 communes. Et pour un meilleur suivi, les réseaux accompagnent leurs membres et gardent un regard vigilant auprès des détenteurs d’obligations.
Si des « espaces de citoyenneté » multi acteurs et fonctionnels sont créés, c’est pour stimuler et favoriser l’esprit de cohésion sociale et de citoyenneté responsable. D’où la mise en place d’un dispositif efficace et opérationnel de coordination entre les différentes parties.
Tout ceci ne fait que consolider les actions menées depuis 2005 par Oxfam Intermon en faveur d’un programme sur la citoyenneté et la bonne gouvernance ayant conduit au renforcement des capacités de la société civile mauritanienne.
Cet engagement s’est concrétisé par la mise en œuvre de projets ayant permis de structurer des OSC, aussi bien au niveau national que local, en réseaux thématiques sur la Citoyenneté, sur la Sécurité alimentaire et sur la Transparence des revenus tirés des industries extractives.
Il est donc tout à fait compréhensible que la nouvelle Stratégie d’Oxfam en Mauritanie, 2015-2019, porte sur l’Impulsion d’une citoyenneté active, participative, incluant un leadership féminin transformateur pour défendre les droits des populations.
Ce qui offre un mouvement citoyen au niveau national avec une forte participation des femmes pour influencer les politiques publiques en matière de gestions équitables des ressources. La présente action s’inscrit dans le plan stratégique d’Oxfam en ligne avec les priorités du pays et la PESCC.
Il faut noter que tout découle d’une consolidation passée par 4 étapes essentielles : l’organisation de deux séances d’évaluation avec des OCB ciblées ; l’organisation d’un mini atelier de formulation de la proposition avec le partenaire ; la mise en place d’un comité de rédaction de la proposition composé de personnes ressources du ROSA et de l’équipe programme Citoyenneté et Bonne gouvernance d’OXFAM Intermon et enfin l’organisation d’un atelier de validation.
Toutes enrichissantes pour les communautés à faibles capacités dans les moughata’as de Boghé, de Bababé, de Kaédi et d’Aioun. Autrement dit leur accorder l’opportunité de participer et influencer efficacement à la mise en œuvre des politiques publiques au niveau local. Et plus spécifiquement de renforcer les capacités institutionnelles, organisationnelles, techniques, des femmes d’accéder à des gestions financières transparentes et redevables.
C’est le lieu de souligner les principales parties prenantes de l’action que sont le Réseau des Organisations sur la Sécurité Alimentaire (ROSA), à travers ses coordinations locales, les autorités administratives et communales, la Direction de la Société civile au niveau national, sans oublier la présence d’acteurs nationaux et internationaux. Dans ce dispositif, OXFAM a comme rôle principal de poser et surveiller l’orientation stratégique de l’action, afin de renseigner efficacement sur les mesures correctives au besoin. Le tout soutenu par une mise en place d’outils de communication et médias adaptés.
Reste que, le soutien financier est apporté à travers des subventions en cascade. Plus de détail sera fourni dans la Demande Complete qui renseigne sur les objectifs et résultats à atteindre sur la base d’activités et personnes éligibles au soutien financier, les critères de sélection et le montant exact du support financier pour chaque tiers et le montant maximum pouvant être redistribué.
Ces différentes étapes franchies, l’action de réalisation quant à elle s’étendra sur 36 mois. A ce niveau deux étapes sont essentielles : un focus sur le renforcement des organisations avec une ouverture et maîtrise d’outils de communication digitale, puis une seconde phase sur le soutien financier proprement dit aux organisations pour la mise en œuvre de petits projets, l’accompagnement et le suivi.
Dans son mot d’ouverture, le Directeur pays d’Oxfam, M Dedeou Yahiya, a loué le soutien indéfectible de l’Etat, et en particulier le Président de la république, Mohamed Ould Abdel Aziz qui, en marge des festivités commémoratives du 58ème anniversaire de l’indépendance à Néma, n’a pas hésité à signer la pétition lancée par OXFAM et ses partenaires sur la Promotion et la Protection du lait local. Cet acte patriotique lors de la foire sur l’Elevage est hautement symbolique et réconfortant pour tous ceux qui luttent et défendent les productions animalières nationales.
Par la suite, M Dedeou Yahiya explique le choix des régions pour cette enveloppe financière de 1 066 666, 66 euros financée à hauteur de 75% par l’Union Européenne. Il souligne que « le renforcement de la citoyenneté des populations, en particulier rurales, a toujours été une priorité pour Oxfam ».
Actes qui se retrouvent dans l’Objectif Stratégie de Changement N°1 de la Stratégie pays, dit-il avec précision. Car il s’agit « d’impulser une citoyenneté active, participative incluant un leadership féminin transformateur pour défendre les droits des populations ».
Le projet qui s’étend sur trois (3) ans, autrement dit jusqu’en 2021, touchera 70 organisations de faibles capacités et qui trouveront des cadres expressifs à travers notamment la célébration de journées internationales, l’animation, la sensibilisation et la mobilisation des populations sur des sujets aussi porteurs que la diversité culturelle, la jeunesse et le changement climatique, le rôle de la société civile dans la lutte contre les violences faites aux femmes, le renforcement de la démocratie et de l’état de droit, ou encore la jeunesse et la prévention de l’extrémisme violent. A ces indicateurs, il faudra ajouter un axe qui vise particulièrement à financer des microprojets qui seront portés par les organisations cibles.
Prenant la parole, Madame Els Mortier, chargée de la Gouvernance au sein de la Délégation de l’Union Européenne en Mauritanie, insistera sur les actes de solidarité pour construire un mouvement d’ensemble sur la base des principes des droits humains et de leurs protections. « Travailler unis, car ensemble, nous sommes plus forts », dit-elle.
Ce qui corrobore la synergie avec Oxfam, Rosa, le Réseau des femmes parlementaires et des associations féminines basées à Boghé, Kaédi, Aïoun, et autres. Autrement dit, prendre appui sur le réseautage et toutes autres formes de coordinations à même de mutualiser les efforts. Par ces gestes, les couches nécessiteuses trouveront les appuis les meilleurs.
Els Mortier ne manquera pas de prendre en exemple la coopération de plus de 50 ans entre l’institution qu’elle représente, l’Union Européenne, et la Mauritanie. Et ce sur plusieurs axes qui vont de « la nutrition à la décentralisation, en passant par les infrastructures routières, les forages de puits et les soins de santé, la pêche et les industries extractives ».
Le Coordinateur de ROSA, M Mamadou Sarr, dira sa satisfaction de voir les communes de Boghé au Brakna, de Kaédi au Gorgol et de Tintane au Hodh El Gharbi bénéficier de tels appuis. Surtout que, non seulement celles-ci vont efficacement contribuer à l’émergence des organisations communautaires de base, particulièrement les associations féminines, mais aussi renforcer les capacités institutionnelles, organisationnelles et techniques sur les mécanismes de gestion financière.
Sans oublier un fait, et non des moindres, qui est celui du pouvoir citoyen pour la gouvernance locale plus participative, transparente et redevable.
C’est là un objectif poursuivi par ROSA depuis sa création en 2012 avec l’appui de son partenaire stratégique qu’est OXFAM en Mauritanie. Autrement dit un renforcement du « plaidoyer pour l’amélioration des stratégies et politiques et le respect des engagements du gouvernement en rapport avec la sécurité alimentaire.» Il dit espérer donc que le projet influencera efficacement la mise en œuvre des politiques publiques au niveau local.
Pour sa part, le Conseiller Chargé des Affaires Economiques au Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation, Cissé Seyidi Abdel Kader Jeilani venu présider l’ouverture, se félicitera de la coopération exemplaire entre l’Union Européenne et le gouvernement mauritanien, mais aussi avec les organisations de la société civile qui reste en veille sur la préservation de la cohésion sociale et l’éducation à la citoyenneté dans des contextes apaisés. Car le développement impose et appelle avant tout la paix.
Reste à présent aux organisations élues de trouver les voies les meilleures pour faire exécuter les projets mis à leurs dispositions. Et, à la lumière de toutes ces contributions, il est attendu que le projet soit dans un avenir proche lancé dans les communes ciblées de Boghé, Kaédi et de Tintane.
Cheikh Aïdara
Source : Traversees-Mauritanides