Pendant plusieurs heures, les députés ont écouté presque majestueusement un premier ministre qui n’a rien oublié de ses leçons de lecture à l’école primaire. Des chiffres et des lettres, titre d’une célèbre émission de France 3. Que d’énergie déployée par Ould Béchir pour passer en revue, sans rien omettre des «réalisations» de son chef, lesquelles réalisations seront brandies lors de la prochaine présidentielle par le dauphin qu’Ould Abdel Aziz se sera choisi, sous peu. A moins que…
Ecoutant Ould Béchir, on ne peut ne pas se demander à qui il s’adresse parce que ces réalisations et ces chiffres alignés n’ont pas impacté, comme il se devait, sur la vie des mauritaniens dont les conditions de vie ne cessent de se dégrader.
En tout cas les mauritaniens d’en bas. Entre ce que le premier ministre a clamé et ce que vivent les nombreux mauritaniens, il y a un gap. C’est normal parce que et le président, les ministres et les autres PDG, DG, hauts fonctionnaires ne se soignent presque pas dans nos structures de santé, et leurs enfants ne fréquentent les mêmes écoles des gazra de Nouakchott.
C’est la raison pour laquelle, il a échappé au PM que depuis plus d’un mois, l’appareil permettant de réaliser l’IRM (imagerie par résonance médicale) à l’hôpital national est en panne. Un appareil que tenait, à coup de millions une marocaine. Selon nos sources, une équipe envoyée à Nouakchott pour réparation serait repartie sans y parvenir. L’appareil serait complètement amorti et épuisé. Désormais, pour faire l’IRM, il faut s’adresser à des cliniques privées. Aucun autre établissement public n’en dispose.
Et comme le malheur ne vient jamais seul, le scanner du service des urgences du CHN est lui aussi en panne, comme celui de Cheikh Zayed. Le PM a omis de dire qu’après dix petites années de fonctionnement, l’hôpital de l’amitié inauguré en 2010 est en réhabilitation déjà. On se rappelle qu’à l’époque, le gouvernement avait forcé la main aux chinois pour son inauguration.
Voilà la réalité de nous autres mauritaniens, pas celle du PM, des membres du gouvernement, la kyrielle de chargés de mission partout et des députés. Il ne pouvait pas la connaître ; les ministres et certains députés parce qu’ils ne la vivent pas.