Lors de cette mission, il était notamment accompagné de l’Ambassadeur de la République islamique de Mauritanie à Bruxelles, Mr Abdellahi Bah Nagi Kebd. L’IRA Mauritanie en Belgique dénonce avec vigueur cet accord qui vise, à terme, à expulser tous les demandeurs d’asile mauritaniens déboutés. Signer cet accord témoigne, de la part du Secrétaire d’Etat, d’un défaut flagrant de connaissances sur la Mauritanie ou d’un mépris total de celles-ci.
C’est ignorer que la majorité des demandeurs d’asile mauritaniens cherchent protection en Belgique pour fuir une situation unique en ce XXIème siècle : l’esclavage par ascendance. En Mauritanie, où un système de castes spécifiques perdure, on naît esclave ou maître.
Les demandeurs d’asile veulent échapper à la condition de leurs familles : être l’esclave d’un maître. Car bien que cette pratique ait été abolie dans la loi et rangée au titre de crime contre l’humanité, dans les faits elle existe encore. Et lorsqu’une plainte arrive en justice (seuls 3 procès pour esclavage depuis 1981), le système judiciaire relativise les faits et prononce à l’égard des contrevenants des peines légères qui ne sont pas appliquées.
C’est ignorer qu’un Etat de non droit existe en République islamique de Mauritanie où la majorité des Noirs est discriminée par une minorité d’Arabo-Berbères ce qui rappelle évidemment le système d’apartheid qui a sévi en Afrique du sud.
C’est ignorer les rapports des ONGs internationales de défense des droits de l’homme, les publications spécifiques des rapporteurs spéciaux des Nations unies, la condamnation en mai 2017 de la Mauritanie au CERD (Comité pour l’éradication du racisme et de la discrimination) à Genève, qui tous pointent le non respect flagrant des Conventions internationales signées par l’Etat mauritanien.
C’est ignorer que le pouvoir du Président Mohamed ould Abdel Aziz ne tolère aucune opposition et maintient en détention préventive sous un faux prétexte Biram Dah Abeid, le Président du mouvement abolitionniste de l’IRA, pourtant élu député par le peuple le 1er septembre dernier.
C’est ignorer que cet accord est assorti d’un volet de coopération mutuelle avec à la clé des contributions financières qui finiront dans les poches des proches du pouvoir et surement pas pour sensibiliser la population sur le trafic d’êtres humains.
C’est ignorer que début du mois, les Etats Unis ont suspendu les avantages commerciaux de la Mauritanie dans le cadre de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act) vu le manque de progrès du pays dans la lutte contre l’esclavage par ascendance.
Ce sont donc les émigrés de ce pays anti-démocratique, avec une justice inféodée au pouvoir, qui sont les premiers concernés par cet accord de réadmission. Une honte pour la Belgique.
De nombreux demandeurs d’asile mauritaniens ne reçoivent pas la protection à laquelle ils ont droit en Belgique parce que les instances en charge de leur procédure minimisent le sort réservé aux expulsés ou considèrent que les problèmes sociaux allégués ne les concernent pas personnellement.
Le protocole d’accord signé ce 13 novembre à Nouakchott entre la Belgique et la République islamique de Mauritanie facilitera désormais leur travail, d’autant plus que les employés de l’Ambassade de Mauritanie à Bruxelles ne se cachent pas pour filmer les militants de l’IRA qui osent encore manifester devant sa porte.
Mr Théo Francken a beau prétendre le contraire, ces accords de réadmission ne mettront pas fin à l’émigration. Mais il est scandaleux que, soutenu par le gouvernement, le Secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, poursuive une politique qui ignore ou méprise les problèmes spécifiques d’une population, à savoir, pour la Mauritanie, l’esclavage par ascendance, le racisme et la discrimination.
Sans nullement minimiser les problèmes des émigrés tunisiens et marocains, concernés par des accords similaires, il est clair que l’accord belgo-mauritanien de ce 13 novembre, de concert avec l’Ambassade, vise à saper l’action non violente des militants de l’IRA pour une Mauritanie juste. A Bruxelles comme à Nouakchott. Sans aucune considération du respect fondamental de la dignité humaine.
Les militants de l’IRA Belgique vous remercient pour votre attention, espèrent votre réaction à notre interpellation et sont disposés à vous rencontrer si vous le souhaitez.
Maryvonne Maes
Présidente de l’IRA Mauritanie en Belgique ASBL
Bruxelles, 15 novembre 2018
Monsieur le Premier Ministre, Charles Michel
charles.michel@premier.fed.be
Monsieur le Ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders
contact.reynders@diplobel.fed.be
Monsieur le Président de la Chambre des Représentants, Siegfried Bracke
siegfried.bracke@dekamer.be
Madame la Présidente du Sénat, Christine Defraigne
contact@christinedefraigne.be
Source : IRA Belgique