«L’ensemble des institutions politiques et administratives centrales du pays est dirigé par des citoyens choisis non seulement dans une seule communauté mais aussi dans un sous-ensemble de cette communauté», dixit Lô Gourmo Abdoul, vice-président de l’UFP.
De la part d’un Kadihine pur jus comme le Professeur Lô, habitué à parler de lutte des classes pour le cas mauritanien, c’est dire qu’il y a péril en la demeure, surtout que cette sortie est intervenue quelques jours après celle d’un des chefs spirituels du baath mauritanien, Ould Breideleil.
Il faut dire que pour beaucoup de négro-africains, y compris des soutiens du parti au pouvoir, l’exclusion devient une règle. Le choix des maires au niveau de la capitale Nouakchott avait donné un avant-goût à celui du nouveau gouvernement du Premier ministre Ahmed Salem ould Béchir, qui a fait sortir le député Gourmo Lô de ses gonds.
Dans cet entretien, en marge de la conférence de l’opposition du mercredi dernier, il explique que l’équipe est «nouvelle dans sa forme, même si, dans le fond, on reste dans la même dynamique. Un gouvernement très représentatif de l’option d’un régime dont la volonté délibérée est de rendre invisible les communautés négro-africaines. Une option insupportable pour la communauté arabe, et pour les négro-africains c’est encore pire». Pire, il compare le système politique à celui de l’apartheid d’Afrique du Sud lorsque le racisme était érigé en système institutionnalisé.
Parallèlement, Gourmo donne aussi sa lecture sur la nomination du général de division Mohamed ould Mohamed Ahmed El Ghazouani, chef d’état-major général des armées, aux commandes du ministère de la Défense nationale.
Il explique que «Ghazouani est désormais un homme politique. Il l’était déjà en cachette, mais maintenant c’est clair. On peut décrypter la nouvelle donne comme une mise sur orbite, donc (il est, ndlr) dans la posture d’un possible dauphin du président Mohamed ould Abdel Aziz à quelques mois de l’élection présidentielle de 2019. Mais il devient également exposé, car dans nos pays, quand vous êtes un homme politique sans avoir l’exercice du pouvoir suprême, cela vous place à la merci du chef. Ainsi, toutes les options restent ouvertes, (aussi bien, ndlr) la mise sur orbite pour l’élection présidentielle de 2019, (que) le début d’une possible disgrâce».
Par notre correspondant à Nouakchott
Cheikh Sidya
Source : Le360 (Maroc)