Que ce soit sur les réseaux sociaux,ou à travers le microcosme politico-médiatique, les discussions de salons, mieux, dans l’inconscient collectif de beaucoup de citoyens…
il est rare de ne pas entendre souvent ou lire de temps à autre des propos voulant mettre en exergue un antagonisme ambiant entre civils et militaires mauritaniens. Surtout dans les domaines du droit ou de la gouvernance. Pire, pour certains compatriotes,la propension à s’ériger en pourfendeurs du képi étoilé,prend par moment une allure de credo.
Cette abstraction,certes issue de deux réalités, a priori antinomiques, va en se dégonflant pour finir cette fois en la concession d’une seule entité indissociable (Etat) au service… hélas de la même collectivité.
La force du droit ne s’est jamais nourrie du cursus universitaire,encore moins d’une éducation spartiate voire martiale. Elle est plutôt destinée pour la droite conduite des hommes, qu’ils eussent été primitifs ou modernes. Qu’on soit civil ou militaire les règles du droit se doivent de réguler les rapports sociaux entre nous, afin de nous soustraire surtout de l’arbitraire.
Si le droit doit être conforme aux normes de l’éthique dominante de la collectivité,cependant, aucune force de droit ne peut empêcher un militaire de gouverner…
Alors si civils et militaires ont le même dessein,pourquoi certains prétentieux agissant en « intellectuels » pro domo, voudraient bannir les « corps habillés » (une expression bien ivoirienne)de la cité? Y a-t-il une nation grande ou petite,antique ou contemporaine qui pourrait se passer des services de son Armée? Pourquoi les militaires en Afrique se sont-ils, le plus souvent « invités » dans le jeu politique?
Ex nihilo nihil (Aucune chose ne peut venir de rien)
Il n’est pas exagéré de dire que même le hasard, principe déclencheur d’événements non liés à une cause, soit une nécessité. A plus forte raison quand les principes de cette nécessité (qu’on ne peut éviter) sont vérifiables, connus de tous.Concrètement si les militaires mauritaniens ont pris le pouvoir le lundi 10 juillet 1978, c’est que les conditions pour ce coup d’Etat étaient réunies.
La guerre de 1975-78 à laquelle on ne s’attendait pas,a faussé toutes les aspirations du père de notre nation, maître Moktar Ould Daddah. Le maillon faible dans cet « accord tripartite » madrilène, partageant le Sahara Occidental entre la Mauritanie et le Maroc, fût le pouvoir central de Nouakchott qui ne pût que tomber. Les tombeurs ne pouvaient être que des militaires, rabougris, pris au dépourvu par une guerre subite.
En effet avant la guerre du Sahara, l’Armée n’existait qu’à l’état d’embryon et ne pouvait prétendre à quoi que ce soit.Cependant notre Armée a toujours été du côté de son peuple, elle ne l’a jamais malmené, jamais humilié. En dehors de la période d’exception où certains soldats ou gradés,poussés à la faute, torturèrent,tuèrent leurs compagnons d’armes par excès de zèle et surtout par manque de lucidité (1990-1991), l’Armée mauritanienne a toujours été exemplaire.
D’ailleurs elle est condamnée désormais à la vigilance car les soubresauts émaillent depuis un certain temps le ciel de la zone géographique à laquelle nous appartenons tous, civils et militaires. Si au Nord le Maroc et l’Algérie rivalisent pour nous charmer, chaque protagoniste voulant nous tirer dans son giron, à l’Ouest par contre nous avons le Sénégal dont la presse ne cesse de nous vilipender, nous calomnier pour attiser la haine entre les composantes de notre société.
Le danger peut venir aussi du Mali en proie à une rébellion. Incapables de la contenir, les maliens se pressent à désigner un bouc-émissaire, à savoir l’Armée mauritanienne, qui selon certains journaux édités à Bamako, nos « soldats sont déjà à Kidal pour prêter main forte aux rebelles de l’Azawad..
Quant à la France, sa position n’est plus ambiguë. Elle a besoin d’alliés forts en vue d’endiguer les attaques de plus en plus osées des terroristes et autres djihadistes qui écument la bande sahélo-saharienne.
A Dieu la bonne gouvernance (IBK a été réélu au Mali), la limitation de mandats, (le cas du Tchad illustre cette assertion ) les droits de l’homme; Paris, pour des raisons économiques (gaz et pétrole) joue désormais le jeu des multinationales (Total, Areva etc…).
Les Etats n’ont pas d’amis, que des intérêts disait le général De Gaulle. Comme on peut le constater la situation est préoccupante pour ne pas dire explosive et un civil à la tête de la Mauritanie en ces moments d’insécurité, pourrait ne pas faire mieux qu’un militaire. En Mauritanie, la France a longtemps choisi son candidat pour la présidentielle de 2019, à mon humble avis.
Suivez mon regard avec la parole lapidaire mais légendaire du géorgien Joseph Djougachvili dit Staline: « Vous avez dit le Vatican, combien de divisions? » La France veut désormais des partenaires capables de relever le défi sécuritaire, et empêcher que les Etats ne sombrent dans la violence.
Comparaison n’est pas raison
Les militaires et les civils mauritaniens ne sont pas en compétition ni en émulation. Ils servent la même nation. Des considérations exogènes, issues surtout du passé, sans doute héritées de l’histoire latine de la France, voudraient qu’un militaire restât dans sa caserne et le civil, en honorable patricien habitant la cité.. puisse s’occuper de politique.
Ces codes sont biaisés et se tropicalisent dès lors qu’on aura quitté l’aire occidentale. La réalité africaine est toute autre, et ne saurait être prisonnière d’une vision occidentale, produit d’une civilisation qui a connu la démocratie 25 siècles auparavant.
Donc en Afrique, civils et militaires sont les bienvenus pour diriger, pourvu qu’ils ne ressemblent pas au capitaine guinéen Dadis Camara ou au caporal libérien Samuel Doé!!! Certes des officiers véritables produits de la coloniale tels Eyadéma du Togo, Oufkir du Maroc, Bokassa de Centrafrique sont des exemples à déplorer, à rebuter.. Mais en revanche que peut-on reprocher au capitaine Sankara du Burkina, au capitaine d’aviation Jerry Rawlings du Ghana, au Raïs Jemal Abdel Nasser d’Egypte ?
En Mauritanie deux officiers ont réellement marqué le cours de notre Histoire récente: les présidents Maawiya (de part sa longévité surtout) et Mohamed Abdel Aziz. Les 21 années que Maawiya a passées au pouvoir n’ont pas été bénéfiques aux institutions, ni aux services de l’Etat, mais plutôt à quelques individus qui en faisaient profiter la parentèle et sa clientèle.
Du temps d’Ould Abdel Aziz, tout a changé. Nous avons une Armée respectable de par son aviation, sa marine, son infanterie, ses commandos; une police qui se remet du « long sommeil hivernal », une Garde Nationale restructurée, une Gendarmerie à point, un Groupement pour la sécurité routière en pleine innovation, une Douane répondant aux normes, une protection civile (forestiers, pompiers) opérationnelle. Certes tout n’est pas parfait mais on sent une volonté à vouloir parfaire les institutions militaire et paramilitaire.
Un soldat est un civil qui a fait une formation militaire; à ce titre il a une double casquette. Son instruction civique et morale, l’enseignement du patriotisme, de la méthode du raisonnement générale face à telle ou telle situation, lui confèrent un boulevard d’opportunités. Il n’est pas étonnant de voir des ministères dirigés par des civils qui n’avancent même pas d’un iota.
Depuis 1978, les budgets sont alloués à plusieurs ministères et quand vous les inspectez vous trouverez le même mobilier d’il y a 40 ans, autrement dit il n y a aucun changement. On peut citer plusieurs ministères mais le plus criant et qui dépasse l’entendement est celui de l’orientation islamique. Il a été donné de constater que les pèlerins nigériens, maliens ivoiriens etc… jouissent de meilleures prestations que nos pèlerins à la Mecque.
Depuis des années le même spectacle se produit, pour une république islamique, s’en est de trop. En effet nos pèlerins, une fois à la Mecque sont laissés à leur sort, habitent des taudis très éloignés des lieux saints, contrairement aux ouest-africains qui logent dans des hôtels proches de la ka’aba et qui ne ratent aucune prière.
Pourquoi doit -on subir et rester à la traîne? Je propose au président de la république de désigner un officier supérieur comme ministre de l’orientation islamique juste pour une année afin de juguler ou faire disparaître tous les circuits mafieux.
Un militaire quel que soit son degré de cupidité, n’utiliserait jamais 90% de son budget à des fins personnelles. Chaque année je constate une rénovation, un chantier au niveau de toutes les formations militaires : dans les différents Etats-majors, le BCS, l’usine d’Habillement, le lycée militaire, l’hôpital militaire et surtout l’Ecole Polytechnique sur la route de la plage.., une fierté.
Alors que l’on soit civil ou militaire, c’est la conscience professionnelle qui guide. J’ai rencontré dans ma vie des civils patriotes, probes mais qui n’ont malheureusement pas eu la possibilité d’exercer leur talent. J’en ai vu d’autres aux cursus universitaires garnis….mais que de paillettes, car intellectuellement malhonnêtes et corrompus.
Ce qui est un danger pour la société. Personnellement je préfère un caporal honnête et patriote qu’un universitaire jouant les rôles tantôt de Vautrin, tantôt d’ Eugène de Rastignac dans la « Comédie Humaine ».:.
Ely Ould Krombelé, France